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La spontanéité est un plat qui ne se mange plus froid
COMMEMORATION DU 11 DECEMBRE 1960
Publié dans L'Expression le 13 - 12 - 2001

C'est le moins que l'on puisse écrire, à l'issue de la commémoration organisée, au Cercle culturel Frantz-Fanon à Riadh El Feth, par la fondation Slimane Amirat. S'il a été intéressant, l'exposé du professeur Mahfoud Kaddache a donné lieu à un débat passionnant en présence d'acteurs encore vivants d'une date qui joua un rôle décisif dans l'Indépendance nationale.
Il ne pouvait en être autrement. Surtout à la suite du discours inaugural de Mme Slimane Amirat, présidente de la Fondation, qui avait commencé par battre en brèche l'idée de spontanéité avancée par des esprits chagrins. Des revanchards, actionnés par les contradictions secondaires au sein du pouvoir, qui n'ont jamais pardonné au FLN le fait d'avoir été à l'origine du déclenchement de la Révolution nationale du 1er Novembre 1954. En soulignant que c'était en réponse à l'appel de la branche armée du FLN que le peuple était sorti dans la rue pour confirmer à la face du monde son ardent désir d'accéder à l'Indépendance nationale, l'oratrice ne faisait qu'être en adéquation avec sa fondation. Surtout lorsque celle-ci considère que sa contribution à l'écriture de l'Histoire en vue d'en restituer des pans importants à une jeunesse avide de savoir, est un devoir sacro-saint. Un devoir, insiste la première responsable de la fondation, qui nécessite impérativement une étroite collaboration entre militants-témoins et historiens. Elle ne pouvait pas mieux dire, à plus forte raison lorsque les écrits sur le 11 décembre 1960 se fondent sempiternellement sur des sources essentiellement coloniales.
Dans son exposé, caractérisé le plus souvent par une singulière linéarité, le professeur Mahfoud Kaddache met expressément l'accent sur le caractère spontané de l'événement qui aurait surpris et le FLN, et les partisans de «l'Algérie française». Ces derniers, outrés d'avoir, en pleine capitale été «nargués par les drapeaux de fellagas» autant que sidérés, ayant cru, en effet, à la «fraternisation» d'un certain 13 mai.
Dans une déclaration au journal Le Monde, un officier français, rapporte la même source, a comparé l'événement à un «véritable Dien Bien Phu psychologique» qui sera suivi par «une nouvelle Saint-Barthélemy» avant de livrer son sentiment: «Tous les Musulmans sont nationalistes et regardent avec sympathie le FLN. Nous assistons à la gestation d'une Algérie nouvelle, elle va naître, elle est en pleine évolution psychologique et politique.»
Plusieurs intervenants, parmi lesquels Louisa Oudarène, Yaha Abdelhafid, Abdelmadjid Amirat, El Hadi Aït Hocine et Khaled Abbas de l'Association du 11 décembre 1960, réfuteront le caractère spontané des manifestations pour rendre justice au FLN, à travers son bras armé l'ALN, représentée en la circonstance par les Wilaya III et IV qui ont été chargées de dynamiser le mouvement insurrectionnel en pleine capitale.
Des moments de grande émotion, convient-il de souligner ici, rehaussés par l'intervention de Ali Lounici de la Wilaya IV et judicieusement amplifiés par Abdelhafid Benikous, secrétaire général de la fondation Amirat.
Autant de certitudes qui n'ont pas manqué d'ébranler la thèse soutenue par le professeur Kaddache, comme par de nombreux écrits à la gloire des partis légalistes et réformistes de l'époque. Une thèse que le conférencier défendra crânement au nom de l'historicité et de l'absence de sources écrites à même de confirmer les témoignages présentés au Cercle culturel Frantz Fanon. Il avait beau jeu de le signifier, mais les faits sont là, rendus plus que jamais têtus par les acteurs encore vivants des manifestations qui ébranlèrent l'empire colonial, des militants qui veulent en découdre, une fois pour toute, avec la mémoire ankylosées.
Pour mémoire, il serait particulièrement édifiant de rappeler au bon souvenir des amnésiques les propos du général Jacquin rapportés par la revue spécialisée Historia dans son n°89 du 25 juin 1973: «Depuis les premiers jours de décembre, la police signale une vive agitation dans la jeunesse musulmane ; conciliabules, injures et jets de pierres sur les Israélites et les Européens, achats de tissu vert et blanc...En juillet 1961, lorsque le commandant de la Wilaya IV sera tué à Blida, on trouvera dans les archives de son PC des documents apportant la preuve de cette manifestation...» Mieux encore, le témoignage de ce général apportera la preuve irréfutable du caractère non spontané du 11 décembre 1960: «De ces quartiers réputés bien tranquilles, les manifestants sont partis, encadrés par des responsables du FLN, décidés à faire tourner à leur avantage la manifestation en faveur de De Gaulle.»
D'autres écrits attestent de l'authenticité des témoignages faits au Cercle culturel Frantz Fanon, à l'occasion de la commémoration du 41e de la journée du 11 décembre 1960. Et ils ne sont pas des moindres puisque contenus dans La Guerre d'Algérie, le magnifique ouvrage réalisé sous la direction de Henri Alleg: «Ce qui peut se faire avec quelques dizaines de fellahs, amenés d'autorité et le plus souvent sous la menace, pour applaudir le Général s'avère plus difficile lorsqu'il s'agit de milliers d'hommes et de femmes politisés, décidés à se faire entendre et qui suivent avec discipline les consignes données par les responsables du FLN à nouveau implanté dans Alger.» Il ne pouvait en être autrement, puisqu'à l'automne 1960, l'organisation de la Zone VI d'Alger était remise sur pied, les cadres prêts, les masses attentives à chaque discours, à chaque déclaration du GPRA.
Comme pour acculer les zélateurs des raccourcis de l'Histoire et autres adeptes de la mémoire ankylosée, les militants présents à la conférence organisée par la fondation Slimane Amirat, invoqueront aussi le fait avéré que le 11 décembre 1960 est intervenu à la veille de la tenue de la quinzième session de l'ONU, étape décisive s'il en est pour l'inscription de La Question algérienne en vue de l'organisation d'un référendum sous le contrôle des instances onusiennes. A ce propos, confiera M'hamed Yazid, membre de la délégation algérienne présente à New York, les manifestations du 11 décembre ont joué un rôle de premier plan dans les débats. Elles ont permis le vote d'une résolution qui fut la plus importante victoire diplomatique et la plus décisive dans notre lutte de libération nationale. Loin d'être le fait d'une spontanéité, encore moins d'une réductrice improvisation, la manifestation du 11 décembre 1960 a été bel et bien portée par le FLN et l'occasion rêvée pour interpeller la communauté internationale aux Nations Unies qui le lui rendit bien en exprimant, pour la première fois, son appui au peuple algérien.


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