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«Messaâdia, l'Homme que j'ai connu»
KAMEL BOUCHAMA À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 30 - 05 - 2005

«Ce fut un grand plaisir pour moi de me remémorer ces belles années de labeur, d'engagement, de dévouement et de sacrifice, aux côtés de Messaâdia, cet homme qu'on ne peut oublier de sitôt.»
M.le ministre, une première question, tout à fait classique : que ressentez-vous en ce jour anniversaire de la mort de Messaâdia et dites-nous pourquoi avoir écrit ce livre?
C'est un jour triste et heureux pour moi. Triste, parce que l'Algérie, les militants, les parents, les proches et les amis ont perdu un des leurs qui a tout donné pour le pays, un de ces nationalistes impénitents qui, comme la bougie, se consumait pour éclairer les autres. Heureux, parce que Messaâdia, l'homme de conviction, est parti sans remord. Il est parti avec la bénédiction du travail accompli. Et comment ne suis-je pas heureux quand je fais le bilan de celui qui a oeuvré et lutté toute sa vie pour la dignité et la liberté, d'abord, et l'édification de son pays, ensuite?
Quant à ce livre, je voulais l'écrire absolument, pour différentes raisons. D'abord, parce qu'il s'agit d'un haut dirigeant du pays qu'il faudrait célébrer pour le rôle éminemment positif qu'il a joué au niveau des structures de l'Etat et du parti du FLN pendant la période de développement national, et, dans une certaine mesure, le présenter sous son véritable visage à cette jeunesse qui ne l'a jamais connu, mais qui n'a entendu que des propos malveillants le concernant. Ensuite, je voulais expliquer clairement que toutes les campagnes qui l'ont ciblé et les accusations, savamment orchestrées et structurées par une faune mafieuse, pour égarer le regard du citoyen, loin de ses méfaits, n'ont pas réussi à occulter l'intégrité, l'engagement, le dévouement et l'oeuvre combien bénéfique de Messaâdia, cet homme qui a tout donné à son pays. D'ailleurs, je ne pense pas que quelqu'un puisse m'en vouloir d'avoir osé écrire ce livre, puisque tout le monde sait que j'ai fait un long parcours avec lui, au parti du FLN. Par contre, le contraire aurait étonné les gens sensés, ces authentiques militants, que je n'écrive rien pour défendre sa mémoire, parce que ces gens sensés savent pratiquement beaucoup de choses le concernant et connaissent ses qualités d'honnête responsable, de sincère militant et d'affable citoyen. Je suis, en quelque sorte, leur porte-parole, celui qui va constamment au charbon, pour dire le mot juste quand il faut et là où il faut, avec courage et détermination.
Vous remarquerez que j'ai attendu trois ans après sa disparition pour le publier et j'ai expliqué pourquoi, dans mon introduction. Le livre, je l'ai écrit à Damas, où j'étais en charge de l'ambassade d'Algérie. Je l'ai commencé une année après sa mort, car c'est là où j'ai eu le déclic...c'est là où j'ai senti qu'il fallait l'honorer, le commémorer et le raconter sous cet aspect humain, cet aspect que beaucoup de personnes, trompées par des campagnes tendancieuses à son encontre, ne lui connaissaient pas.
L'on sent à travers la lecture que vous avez écrit ce livre avec passion. N'est-elle pas juste cette remarque?
Peut-être? En tout cas, j'ai essayé, autant que possible, d'être objectif dans mes déclarations et mes analyses concernant Si Mohamed-Chérif et, par voie de conséquence, concernant la situation d'alors et du système politique. Et personne ne peut m'accuser, en lisant correctement ou entre les lignes les trois cent pages que je réserve à ce brillant personnage, d'avoir été le farfadet ou le frotte-manche de quiconque. Je tenais à dire cela pour me situer quant à la publication de cet ouvrage et expliquer, encore une fois -je l'ai déjà dit par ailleurs dans d'autres rencontres avec la presse- que le style du véritable militant, que je suis, n'a jamais épousé les contours de la flagornerie et emprunté les chemins escarpés de la langue de bois. Je disais les choses crûment, ouvertement, quelquefois brutalement, quand je répondais à certaines attaques qui ont été lancées pour porter préjudice au FLN et à ses responsables. Certains, parmi les dirigeants et les directeurs de médias, soutenaient que je réagissais avec passion pour défendre l'indéfendable. J'acceptais cette sentence dès lors que j'étais le seul à prendre ma plume pour défendre ce qu'ils appelaient dans leur jargon de la bonne gouvernance «l'indéfendable». Oui, j'acceptais ces critiques acerbes et je me disais qu'il vaut mieux être fidèle à ses principes et honnête avec ses convictions que d'être un «sinistre flatteur» d'une situation qu'on voyait se dégrader de jour en jour et pour laquelle on ne cessait de composer des panégyriques. Oui, j'acceptais cette levée de boucliers et je me disais qu'il fallait mieux être seul dans mon combat que mal accompagné. C'est-à-dire, qu'il valait que je réponde à tout le monde même si les autres militants et responsables du FLN, ceux qui plastronnaient et se pavanaient dans les locaux de ce glorieux parti, n'osaient élever la voix pour clamer la vérité. Quant à moi, il ne fallait pas que je me taise, que je désempare devant l'adversité, que je cède au chantage. Il fallait avoir constamment ce courage pour faire face à toute critique qui ne répondait à aucune logique. Aujourd'hui, je garde le même punch, et je suis d'autant plus à l'aise pour l'exhiber lorsqu'il s'agit de condamner le mal et témoigner, devant l'Histoire, de la valeur intrinsèque d'un des enfants prodiges de l'Algérie. Enfin, je vous le demande : est-ce de la passion quand je m'exprime avec mon coeur, spontanément et sincèrement? Est-ce de la passion quand je dis, avec cette chaleur militante, ce que d'autres, hélas, n'ont jamais pu dire pour empêcher les «malveillants censeurs inquisiteurs» de proliférer, tout en défendant la vérité, cette vérité que célébrait Galilée dans sa devise juste et intelligente: «Qui ne connaît la vérité est un imbécile. Mais qui la connaissant la nomme mensonge, celui-là est un criminel.»
Quel est le but que vous voulez atteindre avec la publication d'un livre pareil ?
Là, avec cette question, vous touchez le fond du problème. Ma réponse serait claire et précise. Je serai catégorique parce qu'il y va de notre intérêt de comprendre une fois pour toutes ces histoires de campagnes ordonnancées pour des raisons indéniablement occultes.
Tout d'abord, ce fut un grand plaisir pour moi -en écrivant cet ouvrage- de me remémorer ces belles années de labeur, d'engagement, de dévouement et de sacrifice, aux côtés de Messaâdia, cet homme qu'on ne peut oublier de sitôt. Ensuite, ce fut un devoir que de faire face à mes engagements, avec loyauté, pour raconter ce dirigeant et m'acquitter devant l'histoire, en le réhabilitant au sein d'une jeunesse avide de connaître son passé, ses moments forts, ses héros. Voyez-vous, je parle aux jeunes et pas aux autres, car les autres, les gens de ma génération, se connaissent parfaitement, tout en n'ignorant pas la réalité amère de notre environnement difficile ainsi que les motivations qui ont poussé les uns et les autres à se faire la guerre, à se jalouser, à se haïr, à s'abhorrer et, enfin, à s'entredéchirer et à se démolir. Ceci dit, je reviens à votre question.
Ecrire un livre de cette propension c'est revenir sur cette atmosphère libidineuse de surenchère, de vindicte, de jugements fallacieux et de pressions dans laquelle nous avons péniblement vécu, dans un passé très récent. C'est bien simple, à un moment donné, il était difficile au responsable honnête de pouvoir travailler dans le calme en appliquant ce que lui commandaient sa conscience et son programme dûment réfléchi, par une équipe de techniciens avertis. Il passait son temps à surveiller autour de lui, à s'entourer du maximum de précautions et de garanties, pour sortir du champ d'action de ces «tireurs d'élite» qui passaient leur temps à dépecer leurs proies, cyniquement et, souvent, impunément. Ces tireurs d'élite étaient et (sont) partout, dans l'administration, dans la rue, parmi ces impénitents oisifs qui font et défont l'actualité sur le dos des organes officiels, qui s'attaquent à tous ceux qui ont un tant soit peu de pouvoir -leur cible préférée- et qui arrivent jusqu'à tirer de solides ficelles. Leur culture : la haine du responsable, ce responsable qui devient synonyme de voleur, de corrompu, dont les enfants sont automatiquement des drogués, des déments, des délinquants ou carrément des déséquilibrés...Il reste bien entendu que je ne défends pas tous les responsables, qui sont ce que sont tous les humains, et dont certains peuvent avoir une progéniture répondant à ce profil, mais je m'élève contre ce «principe» qui généralise, qui désigne gratuitement tous les responsables par ces maux et qui les parque dans cette réserve de marginaux. Non et non ! Et jusqu'à quand devons-nous entretenir cette haine contre les responsables? Il faut revenir à de justes mesures!
Ainsi, vous l'avez bien compris. J'ai voulu montrer, à travers cet ouvrage, l'Homme, avec un grand H, ou plus exactement le côté humain de Messaâdia, sans aller vers les grandes affaires d'Etat, comme font certains qui s'ingénient à faire des révélations sensationnelles. Celles-ci ne m'ont jamais intéressé, parce que je juge que les gens, et notamment les jeunes, ont le droit de savoir que leurs responsables sont des hommes affables, sérieux, avenants, tout aussi sympathiques que leurs parents et que leur coeur bat de la même manière que celui de ces derniers, ces êtres qui leur sont très chers. J'ai raconté certaines histoires, étonnantes mais vraies, des histoires qui témoignent de la notoriété et de la grandeur du dirigeant, qui témoignent aussi de sa clairvoyance face à des situations malaisées, de sa lucidité devant le danger, de sa commisération et de sa tendresse devant les choses les plus cruelles, de son pardon devant l'adversité. Cela d'une part et, d'autre part, j'ai tenu à dire, en dévoilant certaines vérités sur Messaâdia, un homme de valeur -je ne cesse de le rappeler- qui a été mal ou peu connu, qu'il est temps d'arrêter ces virulentes campagnes sur les responsables et de revenir à l'essentiel, c'est-à-dire de revenir à ce qui peut nous unir davantage et nous permettre d'avancer vers plus de réalisations concrètes et bénéfiques pour notre pays.
Comment le livre a-t-il été accueilli par le public et notamment par les militants du FLN?
C'est une bonne question. Pertinente même, qui m'oblige de sortir un peu de ma réserve et dire certaines vérités sur le comportement des uns et des autres. Je vais m'allonger un peu dans ma réponse, mais je vous demanderais de me supporter, pour avoir le maximum d'informations. Je vais commencer par le public puisque les militants sont en principe acquis. Ici, je parle des vrais militants, les authentiques, ou si vous voulez bien les anciens, ceux qui vivent encore l'ambiance d'antan, avec cette discipline qui nous a toujours réunis, solidarisés et fait aimer les uns les autres. Parce que les vrais, il n'y en a pas tellement. C'est la triste réalité.
Ainsi, côté cour, c'est-à-dire vis-à-vis du public, je peux dire que le livre a reçu un accueil inespéré et cela pour deux raisons fondamentales. La première étant que les gens sont allés vers la découverte de ce dirigeant «ombrageux» qui a fait couler beaucoup d'encre de son vivant. Certains voulaient, en acquérant le livre, confirmer ou infirmer les rumeurs qui se propageaient autour de lui. D'autres, et c'est la deuxième raison, espéraient trouver des informations qui le feraient connaître mieux. Ceux-là, et ils sont nombreux, comptent parmi ces gens sensés qui respectent Messaâdia, pour ce qu'il a donné pour la lutte d'indépendance, pour l'organisation du parti du FLN et pour les différentes phases de développement national. Enfin, la plupart avaient cette envie -ou cette curiosité- de savoir plus sur le contenu d'un livre inattendu, écrit par un «conservateur attardé» ou un «passionné de reliques» et qui vient, inopinément, brutalement, jeter des pavés dans la mare et réveiller les démons d'un «système en voie de disparition».
Pour moi, l'enjeu était important. Et là, j'ai pris mon courage à deux mains et me suis attaqué à un sujet délicat, brûlant, dans un environnement aussi hostile que la rumeur qui faisait (et fait jusqu'à maintenant) des siennes dans les rangs de responsables. Ainsi, j'ai osé écrire, en contrecarrant les médisances, les accusations et les diffamations, consciemment menées par une faune mafieuse pour égarer le regard du citoyen, loin de ses méfaits...J'ai osé dire la vérité pour la rétablir envers cet Homme auquel un seul qualificatif sied mieux que tout autre: ce fut un Grand!
En réalité, ce livre sur Messaâdia concerne tous ceux qui, de son rang, de son passé, de ses principes, de son dévouement, de son intégrité et de son militantisme, ont subi lamentablement la vindicte et ont été voués aux gémonies. Pour être plus clair, tous les responsables qui ont été violemment critiqués, invectivés, vitupérés, fulminés, maudits et ensuite jetés, comme des malpropres, pour vivre les affres de la destitution et de l'exclusion. Je ne peux donner des noms. Les gens les connaissent, et certains connaissent même les détails des complots qui leur ont été soigneusement tissés, c'est-à-dire de quelle manière ils ont été évincés et marginalisés. Ainsi, ils sont tous passés par cette «centrifugeuse» qui a écarté les bons pour récupérer la lie avec laquelle les «Gens d'en haut» allaient accommoder leurs différentes «formations» et leurs nombreux groupes de pression. Ils ont tous connu ce «tribunal de l'inquisition» qui est là, comme une épée de Damoclès, qui guette et anticipe la moindre des défaillances pour bondir sur la proie et la déchirer à belles dents.
Quant à moi, ayant à l'esprit toutes ces leçons d'histoire et d'infortune, je ne serai pas offusqué par les réactions et les jugements des lecteurs et de certains spécialistes, en mal d'inspiration, s'il leur arriverait de m'attaquer, encore une fois, dans de sévères campagnes médiatiques. Je m'attends à cela et je l'ai dit en préambule de ce livre. Ceux-là ont le droit d'avoir des opinions autres que les miennes à l'endroit des responsables et de la politique du pays...Je respecte énormément leurs points de vue et leur conception vis-à-vis des événements et des hommes. Mais je suis toujours prêt -peut-être l'un des rares- à dire ce que la conscience me commande de dire, clairement, hautement et courageusement. Je juge que c'est la mission du militant, du vrai, celui dont j'ai arboré, au début de cette même réponse, la détermination à aller dans le sens de la vérité.
Côté jardin, par contre, si je suis satisfait à cause des militants qui sont venus nombreux -je l'ai dit- pour acquérir le livre, au cours des deux ventes dédicaces qui m'ont été organisées, je suis déçu pour ce qui est des cadres et principalement ceux du FLN -mes amis malheureusement- chez qui l'ouvrage n'a pas soulevé une grande curiosité. Je suis d'autant plus déçu car cette solidarité partisane, qui nous tenait, autrefois, n'est plus de mise, aujourd'hui, pour nous faire vibrer au rythme de l'entente, de la concorde et de la symbiose militante. Oui, je le suis, parce que trop d'événements, douloureux quelquefois, vécus ces derniers temps, ne nous ont pas permis de nous rassembler comme avant, pour nous unifier et être encore plus forts...En effet, je dis avec beaucoup d'amertume que rares sont ces cadres, ceux qui ont été aidés et propulsés par Messaâdia et mangé pratiquement dans le creux de sa main, qui sont venus acquérir le livre qui célèbre et réhabilite leur ancien chef. Oui, je suis profondément déçu car, aujourd'hui, Messaâdia n'est plus de ce monde et ne sert plus à rien, selon la vérité de monsieur de La Palisse. Est-ce ainsi que je dois comprendre leur manque d'intérêt à l'égard de cette publication qui, par ailleurs, a soulevé énormément de bonnes réactions, à commencer par celle du président qui m'a fait l'insigne honneur de préfacer l'ouvrage? Oui, c'est ainsi que je dois comprendre ce comportement bizarre et dénué de bon sens à l'égard de celui qui, de son vivant, leur inspirait le respect et forçait leur admiration.
Un grand merci, cependant, à Si Abderrahmane Bouraoui et Rachid Kahlouche, deux militants et anciens responsables qui, les premiers, étaient à la Bibliothèque nationale pour prendre leur livre que je leur ai délicatement et fraternellement dédicacé. Un autre grand merci à Saïd Saâdouni, un autre militant qui a fait un bon parcours avec moi, du temps où j'étais commissaire national du parti du FLN à Bouira, et qui était là, un certain jeudi, devant la librairie du Tiers-monde, en train de m'attendre pour lui dédicacer son livre. «Je viens remplir mon devoir de militant», m'a-t-il dit, avec l'assurance de cet ancien moudjahid du Djurdjura.
Si je tiens à révéler l'identité de ces trois militants -il y en a eu des centaines d'autres, bien entendu- c'est pour les citer en exemple et dire que la déception peut s'atténuer au contact de gens pareils, qui sont toujours égaux à eux-mêmes, qui n'oublient pas de démontrer leur fidélité quand il le faut, qui ne lésinent sur aucun effort pour affirmer leur loyauté aux principes pour lesquels ils ont toujours milité.
Quand on lit votre livre, on a l'impression que vous avez délibérément occulté le combattant de l'ALN que fut Messaâdia, les déconvenues qu'il a eues au maquis et certaines grandes affaires qui se sont déroulées après l'indépendance et dont il a été acteur ou victime...Pouvez-vous nous expliquer davantage pourquoi vous avez abordé ce style plutôt qu'un autre pour raconter l'Homme et le responsable que fut Messaâdia ?
En effet, je n'ai pas voulu aborder la période de la lutte pour l'indépendance à laquelle a loyalement et efficacement participé Messaâdia ainsi que les déconvenues qu'il a eues pendant celle-ci. D'abord, parce que la période de la révolution, même remplie de hauts faits, n'était pas dans le schéma du sujet sur lequel je devais plancher. Ensuite, les déconvenues ne m'intéressaient pas autant que l'Homme que je devais présenter à ceux qui ne le connaissaient pas. Et ensuite, les déconvenues, qui n'en avait pas, pendant cette période difficile où, à côté d'une mobilisation incontestable et historique pour chasser l'occupant, l'épreuve de force avec le colonialisme faisait apparaître quelques contingences qui étaient tout à fait normales dans le combat opiniâtre comme celui que nous avons mené? En réalité ces deux questions, et cette autre concernant les grands dossiers, ne pouvaient retenir mon attention du fait que je me suis branché beaucoup plus sur l'Homme (avec une majuscule), un Homme pétri de qualités et dont il fallait montrer l'oeuvre tellement importante et bénéfique qui était la sienne, au cours de sa participation au «dhihad el akbar», une mission ô! combien pénible de ce combat essentiel et déterminant.
Les grandes affaires dont vous auriez souhaité trouver quelques-unes racontées dans ces pages, ne lui appartenaient pas, même s'il avait joué le rôle de l'acteur principal dans la plupart d'entre elles quelquefois. Elles sont la propriété de l'Etat. Du reste, pourquoi en parler puisqu'il s'agit, dans ce livre, de célébrer le dirigeant aux grandes qualités, celui qui n'a jamais été ce que le profane se l'imaginait. De toute façon, le sujet traité ne devait pas s'articuler sur ces aspects, essentiels sans aucun doute, mais qui devenaient moins importants par rapport au but que je devais atteindre. Il fallait montrer Messaâdia sous son aspect humain, non pas en le travestissant dans un style alambiqué qui sent la fausseté ou dans de belles phrases qui rendraient jaloux, les meilleurs poètes de France et de Navarre, mais en convainquant, les jeunes surtout, que ce fut un dirigeant clairvoyant, intelligent, compétent, attaché aux valeurs du pays, et un citoyen honnête, affable, avenant, très abordable... Pour cela, j'ai raconté des histoires, des vraies, qui se sont déroulées pendant les différentes périodes où j'ai travaillé avec Messaâdia. J'ai insisté, bien sûr, sur cette période de la jeunesse qui reste, pour moi et mes semblables, la meilleure période pendant laquelle il a été très concret dans ses aspirations, dans ses programmes, dans ses applications. Il savait qu'il y avait de la matière, du répondant, et par voie de conséquence, des satisfactions. C'était le temps où il mettait toute sa confiance en nous, en cette génération qui le comprenait et le soutenait.
D'autres histoires affriolantes, simples mais profondes sur le plan moral, démontrent on ne peut mieux, les vertus militantes de ce responsable qui a toujours mené une lutte implacable contre les mauvais génies qui ont fait de la dégénérescence leur principal credo. Tout au long du livre je dénonce ceux-là, en revenant toujours aux questions principales. Etait-il régionaliste? Non! Je le démontre par des exemples vécus et par ses pratiques de tous les jours. Etait-il le sacré profiteur, le véreux corrompu? Non! Je le cite en exemple pour ce qui est de la probité, de l'honnêteté et de la droiture. Il se comportait comme un impénitent ascète. Je l'ai écrit, je le confirme dans cette interview... Ceci étant, je n'ai pas manqué de réserver de longs chapitres à ces années difficiles, avant d'être courageusement réhabilité par le président Bouteflika, à ces années où il a été bousculé, marginalisé, rendu responsable de tous les maux de notre pays. A ces années où, comme un Sphinx, il suivait lamentablement le déroulement d'une pièce qui se jouait entre deux acteurs principaux : l'un, le peuple qui exécutait, sans le savoir, le complot qui lui a été fomenté, et l'autre, toujours le peuple, victime de son incompréhension et qui subissait les retombées d'une politique au rabais, menée au pas de charge par des dirigeants inconscients. C'était la période où il a trop souffert, parce qu'il ne pouvait réagir. Je raconte, dans les détails, ces moments tristes et pénibles où l'Homme se lamentait pour ce pays qu'il aimait tant. «Je ne m'imaginais pas un seul instant me trouver prisonnier chez moi et ne pouvoir rien faire devant la tragédie qui se joue sous mes yeux. Parler ? C'est ouvrir des brèches qui ne seront fermées que difficilement. Se taire ? C'est accepter le fait accompli, c'est admettre, en souffrant, une situation catastrophique aux mains de gens qui nous démontrent, chaque jour, combien nous sommes fragiles au contact de dures épreuves. Un dilemme, franchement, un dilemme !», me disait-il. Voici le style avec lequel j'ai raconté Messaâdia. Je le voulais ainsi où le côté humain du personnage devait transcender le côté responsable. Voilà donc ce que je voulais exprimer. Je pense avoir dit ce qu'il fallait en allant souvent au détail, parce que soucieux de donner au lecteur une illustration, la plus fidèle possible, de notre Homme dans toute sa dimension. J'espère de tout coeur y avoir réussi.
M.le Ministre, pouvez-vous dire un dernier mot, à nos lecteurs, pour terminer cette rencontre avec vous?
Comme de coutume, je vais dire un dernier mot. Je souhaite que tous les responsables aient la résolution de s'exprimer clairement, courageusement, et disent, en termes clairs, sur du papier
-il n'y a pas mieux, puisque les écrits restent- ce qu'ils savent sur d'autres responsables qui ont fait ou qui font l'objet de diffamations, de sales campagnes et dont l'honneur est quelquefois ou souvent bafoué. Se taire, c'est faire le jeu de cette faune mafieuse qui jouit de toutes les complicités, en toute impunité, parce qu'elle est fortement structurée. Se taire, encore une fois, c'est accepter le fait accompli et admettre toute situation catastrophique, comme le disait Messaâdia. De toute façon, chaque responsable a ou aura son lot de critiques, car nous subissons la «pédagogie» qui nous a été imposée par des roturiers, hélas, ceux-là mêmes qui bousculent indélicatement et grossièrement tous les responsables et les présentent, sous leur aspect hideux, à une jeunesse qui achète au comptant, malheureusement, une marchandise qui n'a aucune valeur. Nous sommes ainsi faits, après avoir perdu notre éducation, notre sérénité et notre douceur. Et c'est fort dommage, par les temps qui étaient et sont les nôtres, ces temps de crispation entre les responsables et de peur de l'autre. La vérité dans le propos et la sincérité dans l'action auraient été les bienvenues. Donc, il faut parler, il faut écrire, il faut défendre nos valeurs, il faut aller jusqu'au sacrifice quand il s'agit de se mettre du côté de la vérité et de la justice. C'est le meilleur moyen de combattre ce fléau et le meilleur moyen de réussir dans toutes nos entreprises. Enfin, je termine par un paragraphe du chef de l'Etat qui écrivait, en préfaçant mon livre: «Je souhaite, pour ma part, que l'évocation du parcours édifiant et exceptionnel de Mohamed-Chérif Messaâdia puisse contribuer à éclairer des moments cruciaux de notre histoire et à renforcer chez nos concitoyens le goût de la recherche de la vérité qui, trop souvent, hélas, a été malmenée et travestie par des porte-voix commandités pour susurrer des rumeurs malveillantes et forger de fausses opinions».


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