Les produits laitiers sont depuis des années source d'inquiétude pour les familles de la région ouest. Alors qu'un cas de botulisme vient d'être signalé dans la wilaya de Saïda, les services de la DCP d'Oran viennent de procéder à la saisie de près de 6 tonnes de fromage déclaré impropre à la consommation. Cette saisie, qui intervient dans la cadre du plan de surveillance des produits laitiers durant la saison estivale, a une valeur estimée à près de 90.000 DA. L'analyse de cette marchandise pourrait aboutir à la destruction de ce lot qui fait l'objet d'une mesure conservatoire en attendant les résultats de l'analyse bactériologique, nous dit-on. Les produits laitiers sont depuis des années source d'inquiétude pour les familles de la région ouest du pays qui ont vu des fromageries pousser comme des champignons. Certaines activent même clandestinement dans des caves ou dans des hangars loin des regards des contrôleurs de la DCP. Cette situation est pénalisante pour certains labels installés depuis des années dans la région et qui sont contraints de faire face à une concurrence jugée déloyale par certains fromagers. «Nous payons de nombreuses charges d'exploitation et nous payons les taxes mais en face, notre produit n'est pas protégé contre la contrefaçon et contre une concurrence déloyale pratiquée par certains trafiquants», dira un fromager de Bir El-Djir. Le consommateur oranais est «agressé» par une profusion de marques de fromages proposées à la vente. Parfois, l'emballage ne mentionne ni le nom ni l'adresse du fabricant. Les dates de fabrication et de péremption ne sont parfois mentionnées qu'au stylo. Cette situation a poussé bon nombre de consommateurs à se rabattre sur les labels connus, même s'ils sont plus chers. Toutefois, certains fromagers n'hésitent pas à impliquer le détaillant en lui imputant des manquements dans les normes d'hygiène du produit. Ils mettent en cause la chaîne du froid et les conditions de stockage qui ne répondent pas aux normes. «Un produit quand il sort de l'usine est conforme aux normes d'hygiène mais après son transport, parfois dans des camions non réfrigérés, il peut développer des bactéries qui peuvent nuire à sa qualité. La responsabilité du détaillant est largement engagée dans ce cas», dira le même interlocuteur. Pour le moment, les équipes de la DCP veillent mais leur vigilance peut être déjouée par une faune de trafiquants qui n'hésitent pas à mettre sur le marché des produits douteux dans des emballages contrefaits de labels connus. Le spectre de l'affaire du botulisme qui avait fait 6 morts à Ghazaouet en 2001 peut ressurgir n'importe où et n'importe quand. C'est pourquoi, il semble opportun de dire que la responsabilité du consommateur est aussi engagée dans cette guerre contre tout ce qui est impropre à la consommation.
