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Recettes du bonheur en Algérie
SOCIETE
Publié dans L'Expression le 05 - 09 - 2017

l'Algérie «m'offre la sécurité, des loisirs pour ma famille et un bon climat»
Depuis des mois déjà, l'Algérie est une fête permanente. Les réjouissances se succèdent et semblent donner raison à l'étude qui a classé notre pays parmi les plus heureux au monde. Il existe cependant d'autres avis sur la question.
Le bonheur, c'est quoi au juste? Djamal, cadre dans une entreprise répond: «J'ai un bon travail, un bon salaire, mon épouse également. Nous avons un appartement, une voiture. Nos enfants sont scolarisés et épanouis. Que demander de plus?»
Le quinquagénaire ajoute que l'Algérie «m'offre la sécurité, des loisirs pour ma famille et un bon climat. Je ne comprends pas les gens qui quittent tout ça pour s'exiler dans des pays où il fait - 30°». Djamal qui se définit comme membre de la classe moyenne affirme qu'en Algérie, tous les ingrédients pour être heureux existent. Il suffit seulement de voir les choses du bon côté. Un étranger lui donnera certainement raison s'il débarque au pays le jour de l'Aïd El Adha. Il verra des adultes s'embrasser et se congratuler, des enfants bien habillés et sentira l'odeur de la viande grillée embaumer l'air. Si ce visiteur était venu trois mois plus tôt, il aurait assisté aux mêmes scènes de liesse lors d'El Aïd El Fitr qui récompense les fidèles d'avoir jeûné durant les trente jours du Ramadhan.
La société idéale n'existe pas
Il assistera ensuite à la ruée sur les plages et à la joie qui s'empare de tous les habitants de vivre dans un pays qui offre 1200 kilomètres de littoral pour se baigner. Ses oreilles seront en outre toute la journée sollicitées par les klaxons, les trompettes, les cornemuses, la zorna, les youyous et les feux d'artifice qui accompagnent les cortèges de mariages. Dans certains quartiers, il pourra danser aux rythmes des concerts populaires de rue ou dans l'une des nombreuses salles des fêtes du pays.Visiblement, ce peuple est heureux pensera-t-il. Pourtant, Karim, trente ans, look moderne, verbe soigné, diplômé de Bab Ezzouar, n'est pas de cet avis. «Les gens se forcent pour monter qu'ils sont heureux. Ce n'est qu'une apparence, car s'ils en avaient la possibilité la majorité quitterait le pays.» «Pourquoi? parce qu'ils sont déçus de voir les richesses de leur pays mal utilisées et qu'elles ne profitent qu'à une minorité. Manger et s'accoupler, même les animaux savent le faire. Le bonheur, c'est plus grand que ça. C'est l'accomplissement d'une vie réussie.»
Samira, étudiante en sociologie, parle déjà comme une experte. «L'Algérien est idéaliste. Il veut vivre dans une société parfaite or celle-ci n'existe nulle part sauf dans la tête de philosophes comme Platon et El Farabi. La société algérienne est en train de se scinder en classes et l'écart ne cesse de grandir. Alors les gens l'acceptent mal puisqu'au lendemain de l'indépendance on leur avait promis que tous les citoyens allaient être égaux. Cela crée de la frustration.»
Au lendemain d'El Aïd El Adha, les rues étaient jonchées de détritus et les caniveaux ruisselant de sang de mouton. «Je ne peux plus supporter cela, s'insurge Kamélia, une jeune algéroise écologiste et végétarienne. Je suis musulmane, mais je crois qu'on devrait accomplir le rite dans des conditions plus organisées. La ville devient un grand abattoir et ça me révolte.» L'Aïd pour Rachid «est une fête qui doit se passer comme ça sinon elle perdra son charme». Selon lui, des enfants aux grands-parents, tout le monde doit y participer pour qu'il y ait une transmission des valeurs telles que la solidarité et l'entraide entre les générations. «Le bonheur, dit-il, c'est de savoir d'où l'on vient et vers où on va. Ceux qui refusent les coutumes veulent faire de nous des étrangers.» Hakim, justement, a longtemps vécu à l'étranger. «Quand j'étais là-bas, avoue-t-il, j'avais souvent la nostalgie des traditions, mais aujourd'hui beaucoup d'entre elles m'étouffent. Je trouve que l'individu n'est pas libre chez nous. Il doit tout le temps se soumettre au groupe sinon il est rejeté.» Se soumettre au groupe, voilà un effort qu'Aïssa ne fera jamais. Musicien et peintre, il s'habille, se coiffe à la manière des rockers gothiques et s'attire ainsi souvent des ennuis. «On me prend parfois pour un dégénéré, parfois pour un adorateur de Satan. Je ne cherche à convaincre personne d'être comme moi. J'aime faire la fête, j'aime l'Algérie à ma manière, mais je trouve que chez nous la diversité est souvent considérée comme un danger pour la société.» Et le bonheur alors? «Pour moi, c'est de temps en temps. Quand je peins, quand je joue de la guitare, quand j'écris un poème et quand j'aime une fille.
Un temps de repos
Le reste je m'y adapte.» Aïssa qui avait quitté son village dans la wilaya de Djelfa pour suivre le bonheur dans la capitale est aux antipodes de Chafik, un jeune natif d'Alger. Ce dernier affirme qu'être heureux, «c'est ce conformer strictement à la parole de Dieu.
Agir comme les Occidentaux peut conduire à la dépravation et au péché.» Réda, lui, brûle d'une autre soif: une vie de rêve qu'il veut croquer à pleines dents. Multimillionnaire à l'âge de 35 ans, il recherche frénétiquement de nouveaux plaisirs et de nouvelles conquêtes, c'est pourquoi il projette de s'installer à Las Vegas ou à Miami. «Je le ferai un jour mais pour l'instant c'est en Algérie que je gagne ma vie.
L'argent se trouve ici. Je pars souvent à Ibiza, à Nice et à Paris puis je reviens travailler quelques semaines.» Est-il heureux? «Ah oui! Je me sens bien. J'ai plus qu'il n'en faut. Pour moi, l'argent c'est important plus j'en gagne et j'en dépense plus je suis heureux. C'est ma seule philosophie.» Akram souhaiterait posséder une BMW comme celle de Réda, mais pour l'instant il ne peut même pas s'acheter un vélo.
Il rêve lui aussi du grand large, de villes qui fonctionnent à l'euro et au dollar comme on en voit au cinéma. «J'aime l'Algérie, mais j'ai envie de vivre la grande classe.» Même si aujourd'hui, il revend des fruits et légumes sur un étal de marché, il ne se voit pas finir sa vie ainsi.
«Les anciens étaient patients et acceptaient de vivre avec peu, mais notre génération aime l'argent. Car si tu n'as rien, tu n'es rien.» Sid-Ahmed, un vieux pêcheur à la ligne, qui a vu «des vertes et des pas mûres» ici et à l'étranger confirme la sentence. Vêtu d'un Shanghai Filou, un couffin posé à côté de lui, il répond à la question du bonheur par, d'abord, une long silence. D'une voix grave et posée, il dit ensuite «vous voyez un homme heureux devant vous». Il regarde un instant la mer avant d'ajouter: «J'ai 74 ans, j'ai couru derrière la vie pendant longtemps et aujourd'hui elle m'offre ce moment de repos que j'apprécie.»


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