Qui a pu contenir son émotion à la lecture d'une contribution du professeur Chems Eddine Chitour sur le journal Le Soir d'Algérie du 11/10/2017, au titre évocateur «Si le Che revenait parmi nous»? Le contexte historique de celle-ci est un de mes épisodes d'existence partagé avec un ami d'enfance qui vient de m'informer avec une exaltation nostalgique de cette publication en une heureuse coïncidence de l'éternel Novembre de la mémoire et des souvenirs. Pour ceux de la prime jeunesse, de l'époque à l'aurore de ses 20 ans, plus exactement 19 années exactement, cette lumineuse étape est indélébilement ancrée dans la mémoire collective d'une génération qui est aujourd'hui septuagénaire, la mienne dont l'aubaine est d'avoir vécu dans l'intensité des moments historiques marquants de la civilisationnelle Alger la Blanche et sa matrice patrimoniale la Casbah antique qui est son âme. La mémoire de l'Histoire s'est fixée ce jour-là, en ce mois de juillet 1963, à la casbah d'Alger, plus précisément au marché Amar-Ali, l'héroïque Ali la Pointe où une heureuse surprise est apparue, un homme en treillis militaire vêtu, accompagné de deux personnes qui étaient ses guides pour une visite consacrée à la Médina, à laquelle, selon ses accompagnateurs, il tenait prioritairement avec insistance. Impressionnante et éclatante d'euphorie fut cette scène indescriptible de profonde réjouissance dont le souvenir est imprimé dans les reliques d'images mémorielles d'un évènement inédit en cet été de l'année 1963, qui fut celui de la première année de l'Indépendance naissante d'un peuple enfin libéré d'un long naufrage de 132 années d'une colonisation de peuplement et d'asservissement barbare de l'âge de pierre. A une heure habituelle de grande affluence du marché, tous les regards interrogateurs étaient rivés vers une seule direction, celle où apparaissaient l'uniforme et le béret noir orné d'une scintillante étoile rouge pour scruter et s'imprégner de la physionomie du célèbre visiteur du jour. Spontanément reconnu par la nombreuse assistance dont le visage du Che était médiatiquement familier à travers une effigie iconique en vogue et répandue dans le monde, une procession s'est instantanément formée pour aller à sa rencontre, l'approcher, lui serrer la main et lui souhaiter la bienvenue à la Casbah, citadelle de la résistance, de la stratégie révolutionnaire et de la guérilla urbaine pendant le combat libérateur. Ce fut un véritable bain de foule, chaleureusement exceptionnel et émouvant auquel j'ai, par bonheur, participé dans l'ovation d'un tonnerre d'applaudissements et de stridents youyous expertement poussés par des femmes en haïk à l'adresse de l'illustre hôte d'«El Mahroussa» Souriant, très ému, saluant affectivement des deux mains tendues la foule compacte, c'était bel et bien Che Guevara la légende, qui, ravi et comblé a entamé un dialogue passionné avec les nombreux citoyens qui, aidés de son traducteur lui contaient les différentes phases de la résistance et de la bataille d'Alger à la Casbah lors de la guerre de Libération nationale. Ceci devant l'étalage d'un des anciens marchands de légumes du marché, enfant de la Casbah, le regretté Rachid Doukanef, le populaire «aâmi Rachid», un ancien militant de la première heure de la Zone autonome d'Alger, présent à l'évènement pour aussi remémorer à Che Guevara les hauts faits d'une lutte glorieuse d'un peuple qui a arraché sa victoire et sa souveraineté après une longue nuit coloniale. Très attentif et avec admiration, celui-ci ne cessait de marteler à haute voix «Viva Algeria! Viva Casbah! Viva Révolutione! Vencéremos!» («Vive l'Algérie! Vive la Casbah!, Vive la Révolution! Nous Vaincrons!»). C'est ce lien commun de solidarité révolutionnaire et d'humanisme universel qui a été en ce jour mémorable, célébré dans une liesse d'une intensité populaire émotionnelle inédite, à la casbah d'Alger, fière d'accueillir solennellement en son sein Ernesto Che Guevara, un repère d'immensité, de combat et de lutte perpétuelle pour la liberté et l'émancipation des opprimés de la planète entière. Ceux qui ont eu le privilège de l'approcher en la circonstance se souviendront à jamais d'avoir découvert en la personnalité hors du commun de Che Guevara un mythe impressionnant à travers un regard expressif d'une profondeur phénoménale soutenu par de grands yeux limpides, éclairés de sérénité et de grandeur d'âme, de l'humaniste visionnaire qu'il incarnait en modèle d'abnégation et de courage dans le monde. Cette poignante remémoration de jeunesse s'est durablement incrustée en notre mémoire pour évoquer la glorieuse épopée de Che Guevara,une légende mythique du siècle et un symbole d'avenir qui s'est, par la Providence, sublimement éternisé avec la pathétique voix d'or de Nathalie Cardone qui a fait vibrer la jeunesse du monde entier à ce refrain de tendresse très émouvant Asta victoriat siempre commandante Che Guevara «La Victoire pour toujours commandant (Che Guevara) qu'elle fredonne toujours avec amour et émotion en hymne planétaire pour la liberté. Figure emblématique mondiale, c'est dans l'enceinte d'une des principales artères d'Alger surplombée par l'antique «El Mahroussa» que l'empreinte du souvenir de Che Guevara est plus vivace que jamais au superbe et prestigieux boulevard qui porte son nom dans un décor féerique de la fabuleuse baie d'Alger qui est aussi un miroir de méditerranéité idéal pour la projection perpétuelle de l'image d'une icône historique d'universalité. Cette rétrospective mémorielle et expressive de l'évènement se veut être une symbolique marquante de l'Indépendance de l'Algérie renaissante à la casbah d'Alger ainsi ressuscitée en une mémoire fertile, à dessein de la perpétuer en direction de la jeunesse, des générations actuelles et futures de l'Histoire et de la postérité.