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«Je m'intéresse aux artistes marginaux»
GUILLAUME FORTIN, REALISATEUR, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 13 - 08 - 2005

Algérie 2004: culture, état des lieux? est un documentaire réalisé l'été dernier par un jeune français.
Il est jeune réalisateur, membre actif de l'association Deux rives et responsable-rédacteur du journal mensuel Marseille, la cité. Il s'agit de Guillaume Fortin, 30 ans. Algérie 2004: culture état des lieux? est le titre du film-documentaire qu'il a présenté mercredi dernier à la cinémathèque algérienne. Sans prétendre bien sûr donner un aperçu exhaustif de la situation culturelle en Algérie, ce documentaire s'est voulu être plutôt un point d'interrogation sur l'évolution de la situation des artistes en Algérie, a fortiori marginalisés et donc non médiatisés, activant dans l'ombre. Quelques témoignages illustrent cette problématique sous forme de ramifications d'idées qui, finalement, se perdent dans le «flot» du film pour mieux se retrouver.
Ainsi, le film tend à démontrer cette relance de la dynamique culturelle qui s'accompagne et touche souvent le social. «Les gens que j'ai rencontrés veulent aider les jeunes et leur donner les moyens de faire quelque chose ici en Algérie», confie le réalisateur. C'est en effet le cas avec Hassen Metref, militant actif au sein de la communauté kabyle de Tizi Ouzou, initiateur de la Maison de jeunes de Tizi ou encore de Djillali Boudjemaâ de la troupe de théâtre Moudja qui se plaît à transmettre sa passion du théâtre aux jeunes de Mostaganem. Il y a aussi Abdenour Zahzah qui a essayé de relancer la cinématographique de Blida et a peiné l'année dernière pour ramasser tout le financement pour réaliser son second documentaire Sous le soleil, le plomb. Il regrettera, par ailleurs, que les autorités de sa ville, Blida, n'aient pas pris part à cette aventure cinématographique en ne subventionnant pas le film pas même avec une aide symbolique.
Il y a aussi Charlotte Lefèvre qui continue, malgré tous les obstacles, à promouvoir l'édition littéraire en Algérie, notamment en collaboration avec les éditions Barzakh qui soutiennent les jeunes écrivains. Réalisé en 2004, le documentaire de 52 min mérite d'être vu par le plus grand nombre et projeté un peu plus que dans le cadre associatif, aussi notamment pour les vérités assénées par le journaliste Mustapha Benfodil sur la presse algérienne... Dans cet entretien, Guillaume Fortin nous parle ici de ses intentions, sa démarche en tant que réalisateur, de son parcours, révélant ainsi l'intérêt qu'il accorde aux «marginaux», autrement dit des créateurs qui se «battent» dans l'ombre pour s'affirmer. Un peu son cas... Enfin, en dépit des bonnes intentions du réalisateur, le film Algérie 2004: culture état des lieux? pèche, cependant par un manque de profondeur et surtout de cohérence au niveau de la construction de son sujet qui développe de façon décalée, ceci dit, une démarche voulue par le réalisateur, une thématique fort intéressante...
L'Expression: Faire l'état des lieux de la culture en Algérie, est-ce le propos du film ou s'agit-il d'autre chose?
Guillaume Fortin: Ce n'est pas un état des lieux qui se veut exhaustif sur la situation culturelle en Algérie, évidemment parce que cela demanderait plus de travail. Je ne suis même pas sûr qu'on puisse le faire effectivement. Ma démarche était plutôt de montrer des gens qui travaillent avec leurs propres moyens, et un peu en marge et qui travaillent malgré tout. Ce qui ressort d'après ce que j'ai filmé, c'est plutôt une idée générale. Les gens parlent de leur problématique, des difficultés qu'ils ont. Ils sont quand même assez peu aidés. Je n'ai pas la prétention d'avoir fait un état des lieux exhaustif de l'Algérie au niveau culturel en 2004 d'autant plus que c'est une période où il y a énormément de choses qui se développent. C'est une période de «renaissance» comme dit une personne dans le film. C'est une continuation après la période du terrorisme. Il y a en ce moment une renaissance de beaucoup de choses. En revenant en Algérie un an après, je vois beaucoup de changement, même dans les lieux où j'ai été l'année dernière. Cet état des lieux ne peut pas être précis et arrêté. Il y a une évolution tout le temps...
Une amélioration?
Je dirais une évolution. Une amélioration plus ou moins. En tout cas, pour ceux que j'ai rencontrés, pour certains, oui, notamment aux rencontres culturelles de Béni Yenni. Ils ont eu un peu plus de moyens lors de la seconde édition, au théâtre El Moudja aussi, parce qu'il a bénéficié d'une subvention qui a permis la refonte de ses locaux et d'avancer dans les projets. Ce que j'ai pu constater est une dynamique qui pousse les choses vers l'avant.
Concrètement, on n'arrive pas à situer vers quelle perspective vous voulez embarquer le spectateur...
Ma volonté n'est pas justement de chercher à emmener les gens dans une démarche au niveau du film lui-même, du montage, en forçant les gens à avoir une interprétation que j'aurai voulu donner à ce que j'ai vu. J'ai rencontré des gens et je les ai laissés parler de façon très ouverte. Dans ces différentes séquences, je pense qu'il y a des choses que l'on peut puiser. C'est épars, certes, mais c'est une démarche volontaire de ma part. J'aurai pu vouloir essayer de démontrer quelque chose mais quelle aurait été la légitimité de cette démonstration ?
Quel message vouliez-vous transmettre?
C'est de montrer des gens qui font des choses et qui, finalement, ne sont pas médiatisés ni en Algérie ni finalement ailleurs, la plupart du temps parce que des gens qui travaillent de manière militante, volontaire, chacun dans son domaine, ce sont des gens dont on ne parle pas suffisamment. Ils font des choses justement avec conviction. C'est cet aspect-là que je voulais souligner aussi. J'aurai pu prendre des images de tel ou tel festival officiel en Algérie. Ce n'est pas ce type de chose que j'ai montré. C'est un choix. Au niveau de la cohérence du film, si on voit les différents lieux qui ont été choisis, les personnes interrogées sont des gens qui ont ce côté marginal parce que militants et non médiatisés et aussi parce que peu aidés. La question du manque de moyens, ce n'est pas à moi de la poser directement aux responsables politiques ou autres en Algérie. Il est vrai que par rapport à ce que j'ai déjà fait en France au niveau documentaire ou autre, je m'intéresse beaucoup à ce genre de travaux qui se font en marge...
Qu'avez-vous réalisé auparavant?
J'ai réalisé un autre documentaire en France, un long métrage sur un lieu culturel qui était encore plus en marge, pourrait-on dire, dans le sens où c'était un squat, c'est-à-dire un lieu désaffecté qui a été récupéré par un collectif d'artistes au départ et dans lequel il s'est passé beaucoup de choses sur le plan culturel puisque de nombreuses oeuvres ont pu être réalisées en arts plastiques et autres et puis sur le plan social, puisque ce lieu a permis à beaucoup de gens d'être hébergés à Marseille. J'ai filmé pendant 2 ans ces moments de vie, de travail... Ce documentaire s'appelait : Portraits de l'artiste en héros. C'est le portrait de ces gens qui étaient là, des artistes que moi, je trouve être des héros mais pas dans le sens habituel du terme. Ce sont plutôt des gens qui sont en marge mais qui s'engagent dans une activité particulière. C'était une ancienne menuiserie qui appartient aujourd'hui à la ville de Marseille. C'était donc des locaux très vastes. Il y a eu d'ailleurs, une bataille juridique avec la mairie de Marseille pour essayer de légaliser la situation. Finalement, on a fini par perdre la procédure après deux ans. Moi je faisais partie de ce collectif. Celui-là était mon premier documentaire.
Peut-on dire que vous êtes spécialisé dans le documentaire?
Ce sont là deux occasions qui m'ont permis de faire des films-dcoumentaire. Maintenant, je ne pourrai pas dire que je suis un réalisateur qui travaille toute l'année sur des projets-documentaire. Ce n'est pas du tout mon cas. Réalisateur occasionnel, c'est le meilleur terme que je trouve. C'est-à-dire que cela dépend des occasions. J'ai une formation dans l'audiovisuel. Je sais me servir d'une caméra. Après, j'ai des partis-pris. J'ai fait aussi des courts métrages de fiction dans le cadre de mes études. Mais je ne vis pas de ça. Je n'enchaîne pas un film après l'autre. Pour l'instant, je n'ai pas d'autre projet. Le fait de revenir en Algérie, cette année, et de rencontrer de nouvelles personnes, cela me donne envie quand même de faire une espèce de suite. C'est sûr que ma démarche restera la même. J'ai rencontré des artistes ici d'un certain âge et qui sont complètement oubliés, même au niveau de leurs conditions de vie et des jeunes qui cherchent à percer dans leurs domaines, notamment des musiciens de raï et des chanteurs de rap...
En tout cas, vous avez bien fait de mettre le point d'interrogation à la fin du titre de votre film. Il est évident que la fête de Beni Yenni et le théâtre de Mostaganem ne résument pas à eux seuls la culture en Algérie...
Effectivement, vous avez compris le sens du titre. Le rôle du point d'interrogation est indispensable. Je pense que l'état des lieux se fait à un moment donné par des questionnements. C'est marrant de voir cette personne parler des petites îles et des ramifications. Dans le film, c'est comme ça aussi où, à un moment donné, certaines personnes disent des choses qui se retrouvent ailleurs et c'est comme ça que le spectateur lui-même peut se donner une idée réelle et concrète des difficultés ou des engagements de ces personnes-là. Ce titre prête peut- être à confusion mais pour moi, non, car c'est par cette manière-là de faire qu'on atteint un état des lieux plus concret et réel, à mon avis. Si j'avais montré l'autre versant officiel par exemple, du festival de Mosta, aurais-je montré concrètement les problèmes que connaissent les artistes ici, à créer, je ne crois pas.
O. H.


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