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La "hidjra" des temps modernes
LES SALAFISTES D'EUROPE DE PLUS EN PLUS NOMBREUX À REVENIR AU PAYS
Publié dans L'Expression le 22 - 03 - 2018

Notre attention est ravie par des «ikhwa» avec leur longue barbe, leur calotte et leur «qamis» (djellaba)
Cette émigration inversée qui touche les Algériens d'Europe aux tendances islamistes avérées est une façon pour eux de vivre leur foi librement. Mais pas seulement! C'est aussi un moyen de se faire beaucoup d'argent, même s'il n'est pas toujours «halal». Suivez-nous à la découverte de cette nouvelle communauté où la mixité n'est pas des plus tolérées... Appréciez-plutôt!
Nous sommes sur les hauteurs d'Alger, dans ce qui est considéré comme la pizzeria «in» du moment. Notre regard est de suite attiré par la décoration atypique, sans faute de goût, en passant par une soigneuse sélection d'objets insolites! On se croirait à Paris dans les nouveaux endroits cosy qui y pullulent, notamment avec le «look» très tendance des jeunes clients, à l'instar des jeunes filles et leurs jolies minijupes. A un moment, notre attention est ravie par des «ikhwa» avec leur longue barbe, leur calotte et leur «qamis» (djellaba) qui s'arrête au-dessus des chevilles. Ils sont un peu en contraste avec le reste de la clientèle, ce qui en soi est une belle image de l'Algérie plurielle. Mais n'empêche qu'on les remarque vite, pas uniquement pour leur français parfait et leur accent hexagonal... On finit par comprendre que ce sont des émigrés algériens rentrés au pays pour, disent-ils, investir au «bled» où ils peuvent pratiquer librement leur foi. Très sympathiques, ils affirment avoir fait «la hidjra» comme de nombreux frères et soeurs». Mais qu'est-ce que cette «hidjra»? L'émigration? «En quelque sorte», répondent-ils. «Effectivement, quand on parle de «hidjra» c'est un aller simple sans retour comme pour l'émigration. Mais dans notre langue la «hidjra» correspond au fait de partir d'un pays de «kufr» (mécréance) vers un pays musulman afin d'accomplir sa religion», explique l'un d'eux, non sans avouer que c'est la «tendance» du moment chez les musulmans religieux qui vivent en Europe. «C'est de plus en plus difficile pour les musulmans de vivre en Europe, notamment en France où les Français deviennent de plus en plus intolérants. Alors quand on est pratiquants comme nous, c'est quasi impossible. Ce qui fait que beaucoup choisissent de tenter l'aventure de la «hidjra»...», assure-t-il avec un large sourire.
Une nouvelle communauté qui se fait discrète
Ces sympathiques «frérots» nous mettent la puce à l'oreille. On décide alors de fouiner un peu dans cette émigration inversée qui semble être passée inaperçue dans la société. Nos nouveaux amis nous mettent en contact avec d'autres «mouhadjirine». En les rencontrant, on se rend vite compte qu'effectivement ils sont nombreux ces Algériens aux tendances islamistes à avoir opté pour un retour au pays. Certains sont agréables comme les gérants de la pizzeria, d'autres moins, mais ils ont tous comme point commun: le commerce. Vous avez dû remarquer ces restaurants, fast-foods ou autres nouveaux magasins à la décoration originale et aux produits innovants, qui ouvrent à travers les quatre coins du pays. «Si c'est un barbu comme moi, soyez presque sûr que c'est un «mouhadjir»», indique Mouloud qui fait partie des «pionniers». Lui, il vivait au Canada, et cela fait plus de 10 ans qu'il a effectué sa «hidjra». «Je ne pouvais plus élever mes enfants dans un environnement de «koufr». J'avais très peur qu'ils perdent les valeurs de l'islam avec ce qu'ils leur mettaient dans le crâne à l'école. Alors, dès que mes petits, qui sont nés au Canada, ont fini l'école primaire, je les ai ramenés au pays», rapporte-t-il. Mouloud est donc rentré au pays, où il a ouvert une boucherie de viandes rouge et blanche. Il a ramené avec lui de nouvelles recettes, telles que les marinades de poulets ou de dindes...C'est vite un succès. «Hamdou Allah, grâce à Dieu, en quelques mois, j'ai rentabilisé mon investissement. Je me fais plus d'argent que je n'aurais jamais pu me faire au Canada. «Hamdou Allah Rezk aâla Allah» (c'est Dieu qui donne l'argent). Et il m'a récompensé pour mon sacrifice», estime ce quinquagénaire à la longue barbe teinte au henné.
«Ma réussite, ainsi que celle d'autres frères comme moi, a fait des émules. Hamdou Allah, ils sont nombreux à avoir sauté le pas...», poursuit-il avec fierté. Il révèle qu'il y a même des couples mixtes qui ont tout quitté pour venir en Algérie. Nous avons rencontré l'un d'eux. Ils habitent dans la banlieue est d'Alger. Ils ont choisi cette commune par rapport à une école coranique très connue dans le milieu des «mouhadjirine». «El Hamdou Allah, dans cette école coranique il y a un espace réservé pour les femmes où elles peuvent étudier le 'tawdjih'' ainsi que des cours de 'tafsir''. Les enfants sont aussi pris en charge avec des cours coraniques», souligne fièrement celui que nous appellerons Mohamed, étant donné qu'il a requis l'anonymat.
Sa femme française de souche, qui n'est trahie que par ses yeux bleus que l'on voit de loin sous son «niqab», demande à son époux de nous donner une précision qu'elle estime de taille. «Ces mosquées «machaa'Allah» gardent même les enfants de moins de 5 ans pendant que nous suivons les cours, ou même si on veut les laisser durant toute la journée. C'est un très bon moyen de substitution pour les crèches que je déconseille du fait qu'elles enseignent aux enfants des cours de musique et autres trucs de «koufar»....», met-elle en exergue par, évidemment, l'intermédiaire de son mari.
Fier d'être salafiste!
Une nouvelle communauté est donc en train de naître de façon des plus discrètes. Se sentant souvent stigmatisés dans leur pays d'accueil, ils franchissent le pas pour vivre au sein de ce qu'ils appellent «la oumma». Les membres de cette communauté à l'accent européen, de plus en plus nombreux, ne cachent pas leur appartenance au salafisme. «Nous sommes du salaf salah (pieux prédécesseurs)»,
affirment avec fierté tous les «mouhadjirine» rencontrés lors de cette enquête. Néanmoins, dès que la question du «salafisme» est évoquée, ils se braquent tous, coupant court à la discussion. Certains sont même passés du stade des personnes les plus agréables au monde à celui des intégristes comme ils aiment tant se faire détester. En fait, ils restent sur des sujets superficiels qui vont dans le sens de la «com» qu'ils font pour la «hidjra» avec un discours qu'ils semblent tous avoir appris par coeur.
Ils refusent d'entrer dans les détails, notamment ceux qui concernent leur vie communautaire. On se croirait dans une secte! Nous avons décidé alors d'approfondir nos recherches afin de tenter «d'infiltrer» cette nouvelle communauté. Malgré les contacts que nous avons pu obtenir, et le fait qu'ils nous aient pris en sympathie, nos tentatives sont restées vaines! On a alors pensé à Internet pour faire quelques recherches sur le sujet. Et là, grande surprise: on y découvre des sites carrément dédiés à la «hidjra». On cite celui qui porte bien son nom à savoir: hijra-en-algerie.com. Selon nos recherches, ce site qui porte bien son nom est une référence en la matière. En cliquant dessus, on comprend de suite le pourquoi de la chose. On y trouve effectivement tout le nécessaire pour pouvoir s'installer en Algérie. Il y va des bons plans de sortie, en passant par les locations d'appartements et de voitures jusqu'à la vente de «djilbeb» et «serwal». Le tout est bien évidemment garanti: «halal»...Ce n'est pas tout, il y a des conseils en cuisine, des conseils pour obtenir son visa ou ses papiers, pour choisir la ville idéale pour la «hidjra». On vous dit également ce que vous devez apporter dans vos valises. Il y a également une rubrique «dourous» et paroles de savants avec les contacts des chefs de file du salafisme en Algérie. Toutefois, il y a deux rubriques qui nous attirent particulièrement. La première est celle des témoignages de «frères et soeurs» qui ont tenté l'aventure de la «hidjra». Rédigés sous forme d'interviews, ces témoignages sont riches en informations et en conseils aux candidats à la «hidjra». Ils sont également révélateurs du nombre important de «mouhadjirine» qui sont répartis à travers les 48 wilayas du pays! La deuxième rubrique qui sort du lot concerne les écoles!
Des écoles non mixtes avec cours de Coran
Oui, on vous conseille même dans quelle école il faut mettre vos enfants, car la mixité des écoles algériennes est un problème pour cette nouvelle communauté! Il faut savoir que le choix de la ville où ils déposeront leur «siwek» dépend en premier lieu de la proximité de la ville avec de «bonnes» mosquées salafistes et surtout d'écoles qui suivent comme ils le disent si bien le «minhadj». Il y a évidemment l'école saoudienne qui répond à ces critères. Mais pas seulement! On a été surpris de découvrir qu'il existait des écoles privées en Algérie qui ne font pas dans la mixité. Le site: hijra-en-algerie.com conseille vivement l'une d'elles qui se trouve à Draria (banlieue ouest d'Alger), qui au passage est une commune appréciée par les «mouhadjirine». On comprend mieux pourquoi... Une maman raconte, sur le site, ce qui a motivé son choix d'opter pour cette école qui «suit le programme algérien, donc reconnu par l'Etat, mais en concordance avec nos principes». Cette mère de famille explique ainsi que la non-mixité a été l'élément clé qui a influencé son choix. Mais pas que! «Les élèves prient en groupe avec leur prof, dont la majorité émane du «minhaj».
Tous les matins, ils ont une demi-heure de Coran avec un suivi rigoureux...(sic)», atteste-t-elle. Un témoignage qui fait froid dans le dos. Même dans les années les plus sombres du terrorisme, la mixité à l'école avait réussi à résister Sommes-nous devant un retour, par les avions et les bateaux, de l'intégrisme qui a tant fait mal au pays? Ce serait un vrai désastre...


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