Les lycéens vont retrouver les bancs... L'inquiétude des élèves et de leurs parents est d'autant plus grande du fait qu'ils ne sont pas tous sur le même piédestal. Ceux qui ont la chance de s'offrir des cours privés ont bien avancé dans le programme durant ces vacances... C'est ce matin qu'écoliers, collégiens et lycéens retrouvent les bancs de l'école. Après 15 jours de vacances, l'heure donc est à la reprise! Néanmoins, l'excitation de la rentrée est loin d'être de mise. Les élèves et leurs parents sont des plus inquiets. Le spectre de la grève plane toujours! Dimanche dernier, le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) avait annoncé la reprise de la grève dès le 9 avril prochain, soit à peine une semaine après la reprise du troisième trimestre. Ce ne sera pas une grève illimitée, mais cyclique de deux jours. Néanmoins, après le «massacre» du deuxième trimestre qui a été pratiquement complètement amputé, ces deux jours risquent de compromettre fortement l'année scolaire. Si les vacances d'été sont officiellement fixées pour le 4 juillet 2018, tout le monde sait qu'il est de «tradition» que les classes soient désertées au plus tard au début du mois de juin. On y ajoute le mois de Ramadhan qui doit débuter à la mi-mai et où le pays tout entier est en mode veille, on peut dire qu'il ne reste qu'à peine un mois de vrais cours. Avec le retard accumulé durant la première grève, ces deux jours seraient un véritable désastre. La crainte de l'année blanche est de retour. L'Association nationale des parents d'élèves est montée au créneau pour dénoncer ce qu'elle qualifie de prise d'otages. «Nous sommes très inquiets par ce préavis de grève, surtout pour les classes d'examens. On a d'ailleurs difficilement trouvé du temps pour le rattrapage. S'ils observent encore deux jours de grève par semaine, il va y avoir de graves conséquences», s'est alarmé son président, Khaled Ahmed. Les élèves ne savent plus à quel saint se vouer, notamment ceux des classes d'examens. «On est vraiment perturbé. On est dans l'expectative. Si on était sûr qu'il y aurait grève, on saurait au moins quoi faire. Mais là, on est dans l'attente...», affirme très soucieux, Amine, élève en terminale. Son inquiétude est d'autant plus grande du fait que les élèves ne sont pas tous sur le même piédestal. D'abord, les élèves des wilayas de Béjaïa, Tizi Ouzou et Blida ont été privés de cours pendant plus de trois mois, contre un mois pour les autres lycées. Une différence de plus de deux mois difficilement rattrapable, pour ne pas dire impossible. «Mais ce n'est pas la seule injustice», dénonce Rafik un autre élève appelé à passer le bac cette année. «Les cours privés n'ont pas connu d'arrêt durant la grève et encore moins durant les 15 jours de vacances, où ils ont carrément doublé de volume», pestent-ils. «Les élèves qui peuvent se permettre ces cours de soutien ne connaissent aucun retard dans le programme. Certains sont même en avance. C'est encore ́ ́zawali ́ ́ (le pauvre) qui paye les pots cassés. Si tu as de l'argent tu étudies, sinon tu meurs...», poursuit-il avec colère. Entre le courroux des élèves et leurs parents et les menaces des enseignants, cette reprise des cours est donc sous haute tension! Il reste encore neuf jours pour trouver une solution qui éviterait que les élèves soient encore une fois pris en otage. Pour le bien de nos générations futures, les deux parties, à savoir le Cnapeste et le ministère de l'Education nationale, sont appelés à plus de sagesse. Quels que soient les différends qui les opposent, ils ne doivent aucunement hypothéquer l'année scolaire. Nos enfants doivent être préservés de cette «guerre». Il y va de l'avenir du pays...