Que cherche le roi du Maroc? «L'Algérie a un devoir de solidarité à l'égard du peuple sahraoui pour l'exercice de ses droits légitimes...» a déclaré une source autorisée du ministère des Affaires étrangères. Le Sahara occidental donne des sueurs froides au souverain marocain à tel point qu'il pète les plombs. Les cuisants revers diplomatiques qu'il a subis concernant la question sahraouie ne sont pas étrangères aux réactions, à l'état d'esprit de Mohammed VI. La Cour européenne de justice a souligné dans son arrêt rendu le 27 février 2018 dans l'affaire de l'accord de pêche qui lie le Maroc à l'Union européenne que le Sahara occidental est un territoire distinct du royaume. Aigri, désappointé, provocateur, paranoïaque... le monarque alaouite y voit la main algérienne derrière ces succès. Un rempart contre sa volonté de mettre sous sa coupe le Sahara occidental. Cela le rend «fou»! «L'Algérie a une responsabilité flagrante. L'Algérie finance, l'Algérie abrite, l'Algérie arme, l'Algérie soutient diplomatiquement le Polisario», a-t-il écrit au secrétaire général de l'ONU, António Guterres, dans un message qui lui a été remis le 4 avril par le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita. «Si le Conseil de sécurité n'assume pas ses responsabilités, le Maroc assumera les siennes», a indiqué le ministre, le messager du roi à l'issue de son entretien avec le successeur de Ban ki-moon. Ce nouveau message guerrier de l'héritier de Hassan II a été provoqué par une prétendue incursion de militaires sahraouis dans la zone tampon de Guergarat. «Ces agissements constituent une menace au cessez-le-feu» au Sahara et «compromettent sérieusement le processus politique», avait prévenu le chef de la diplomatie marocaine lors d'une conférence de presse. Une accusation démentie par le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, qui a déclaré que la Mission de l'ONU au Sahara occidental (Minurso) «n'avait observé aucun mouvement d'éléments militaires dans le territoire nord-est». Une nouvelle manoeuvre désamorcée, mais qui n'a pas empêché le monarque alaouite de redoubler de férocité pour cibler l'Algérie. L'accuser de soutenir financièrement et militairement le Front Polisario. L'Algérie l'a invité à bien se regarder dans la glace. A reconnaître le triste statut qu'occupe son royaume: dernier pays colonisateur d'Afrique qui piétine le droit international, qui prive le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination. La réponse est tombée. Cinglante! «La question du Sahara occidental est une question de décolonisation, comme ce fut le cas pour l'Algérie durant la lutte pour son indépendance», a déclaré jeudi une source autorisée du ministère des Affaires étrangères, soulignant que «la question sahraouie est reconnue comme telle par les Nations unies, depuis l'inscription de ce territoire dans la liste des territoires non-autonomes en 1963». Ce que le Maroc ne veut pas reconnaître depuis qu'il a annexé le Sahara occidental en 1975. L'affaire est pliée pour le roi. C'est donc «un pas en avant deux pas en arrière» qu'il lorgne des négociations directes et sans conditions, avec le Front Polisario, auxquelles a appelé Horst Kohler, l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental. Mohammed VI se focalise encore une fois sur l'Algérie. «Le Maroc demande et a toujours demandé que l'Algérie puisse participer au processus politique, que l'Algérie puisse assumer une responsabilité pleine dans la recherche de la solution et que l'Algérie puisse jouer un rôle à la hauteur de sa responsabilité dans la genèse et l'évolution de ce différend régional» aurait signifié le souverain marocain dans sa missive au SG de l'ONU. Ridicule! Comme si l'Algérie avait une quelconque responsabilité dans la colonisation du Sahara occidental. La réplique est cuisante. Elle remet le souverain marocain à sa place. «Le soutien de l'Algérie au peuple sahraoui et à son représentant légitime, le Front Polisario, ne signifie aucunement qu'elle devrait être impliquée dans ces négociations...il est impensable que dans le cas de l'Algérie combattante, on aurait demandé au Maroc, ou à la Tunisie, de négocier l'indépendance de l'Algérie avec la France» lui souligne le MAE. L'Algérie fidèle à ses principes reste droite dans ses bottes.