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Contre qui ?
Les menaces de Mohammed VI
Publié dans Le Temps d'Algérie le 07 - 11 - 2009

Dans son discours à l´occasion du 34e anniversaire de la «Marche verte», du 6 novembre 1975, le roi Mohammed VI a annoncé à son peuple, sur un ton de menace, que le temps était venu d'«affronter avec toute la fermeté nécessaire les adversaires de l'intégrité territoriale» du Maroc.
Le monarque alaouite s'est dit, en outre, plus déterminé que jamais «à ne pas renoncer à un seul grain de sable» du territoire sahraoui que le Maroc occupe militairement, depuis plus de trois décennies.
Qui sont donc ces adversaires de l'«intégrité territoriale» du Maroc que le monarque alaouite menace sur un ton qui est celui des «veilles de guerre» pour être les auteurs d'un «plan de conspiration» contre son pays, en se gardant, toutefois, de les nommer ? Quelle forme prendra l'affrontement promis avec fermeté par le souverain alaouite ?
Débâcle de l'armée marocaine
La première cible, c'est bien sûr le Front Polisario qui lutte contre l'occupation militaire de son territoire par l'armée marocaine depuis 34 ans, et pour l'exercice de sont droit à l'autodétermination, internationalement reconnu. Une lutte armée d'abord qui a obligé les Forces armées royales, inaptes à ce genre d'exercice, à se retrancher derrière le «mur de sable» construit avec l'aide d'Israël et des Etats-Unis.
Une lutte politique ensuite, lorsque voyant son armée dans la débâcle totale – témoignage du commandant des FAR Mahdjoub dans son livre –, le regretté Hassan II, avait accepté le «Plan de règlement de Huston» de 1991, ouvrant la voie au processus référendaire.
Quelques années plus tard, le monde s'apercevra de la seconde manœuvre diabolique du roi Hassan II, après celle de la «Marche verte», pour éviter une reddition certaine de ses soldats, peu motivés face à la détermination de la guerrilla sahraouie.
Brahim Ghali, actuel ambassadeur de la Rasd, à l'époque ministre de la Défense sahraoui, est convaincu que «l'armée marocaine aurait été ébranlée» si les «Accords de Huston n'étaient pas intervenus à temps pour le salut du royaume alaouite.
Depuis cette date, le Front Polisario observe ses engagements internationaux et déplace le combat sur le terrain politique et diplomatique. Résolution après résolution, le Conseil de sécurité proclame le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. En vain.
L'axe Paris-Madrid
En face, ce n'est plus le Maroc, mais des puissances occidentales, à leur tête la France, qui n'a jamais renoncé à son vieux projet datant de l'ère Bugeaud d'un empire francophone allant du Maroc au Rwanda (livre de J.P Tuquoi, Majesté, je vous doit un service).
Pas question donc d'un Etat sahraoui hispanophone qui viendrait casser cette logique géostratégique qui a conduit l'armée française à intervenir militairement au Rwanda.
Par contre, il est difficile à la diplomatie du plus vieil et plus brutal empire colonial du monde de s'opposer à l'application du droit des peuples à l'autodétermination, consacré par la résolution 1514 de l'ONU, en décembre 1969, au plus fort de la guerre d'indépendance de l'Algérie.
Ce principe avait été rappelé d'abord à la France, mais aussi à d'autres puissances coloniales comme l'Espagne qui occupait le Sahara occidental.
En face du Front Polisario, il y a aussi l'Espagne gouvernée par les socialistes, depuis 2004. La diplomatie marocaine garde le profile bas devant les succès remportés par la cause sahraouie à l'ONU, avec l'adoption à l'unanimité du Plan Baker par le Conseil de sécurité, le 16 juillet 2002. Un plan qui suggère une phase transitoire de 5 ans avant l'organisation d'un référendum sur le choix des Sahraouis entre l'annexion de leur territoire au Maroc ou son indépendance.
Indépendance ? Le mot fait peur à la France qui encourage Rabat à camper sur sa position de rejet de toute solution acceptée par la communauté internationale.
Il faut donc torpiller le Plan Baker. Moratinos, le «vrai ministre des Affaires étrangères» du Maroc, selon la presse espagnole, s'en chargera aussitôt installé dans ses fonctions, en 2004. «Le Plan Baker n'est pas un texte sacré», affirmera-t-il.
Rabat comprend le message : il faut un autre plan. C'est Moratinos lui-même qui en sera l'inspirateur. Un «plan d'autonomie» marocain pour le Sahara occidental sur le modèle espagnol des régions. Un modèle qui, faut-il le rappeler, est contesté en Espagne même, à en juger par le nationalisme agissant dans le pays basque et en Catalogne. Ce modèle peut-il fonctionner sous un système monarchique féodal ?
Comme les FAR,la diplomatie marocaine est dans l'impasse
Plus qu'ailleurs dans le monde, la cause sahraouie jouit d'un soutien incontestable et durable. Par centaines, les organisations civiles organisent des campagnes de solidarité avec le peuple sahraoui, comme c'est le cas en ce moment à Cordoue.
Le président Abdelaziz est invité, régulièrement et officiellement, dans toutes les communautés autonomes d'Espagne. Aux Asturies, après l'Extremadura, il avertit que «la patience des Sahraouis a des limites». Le roi du Maroc a-t-il répondu, indirectement, par la menace à la menace des dirigeants sahraouis de reprendre les armes si la situation d'impasse entretenue par la France et l'Espagne persistait ?
C'est vraisemblablement vrai. D'autant que le plan d'autonomie du roi Mohammed VI ne semble pas avoir fait recette, en dehors de la zone d'influence de l'axe Paris-Madrid. Le président Obama a dit – dans un message l'été dernier au roi du Maroc – qu'il faisait confiance au représentant de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, qui a ignoré dès le départ le plan marocain et remis d'actualité celui de son compatriote James Baker.
La diplomatie marocaine est dans l'impasse. Voilà le pourquoi de l'énervement de Mohammed VI. Le Maroc est désavoué, une fois de plus, le mois dernier, par la VIe commission de l'ONU qui a réaffirmé le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et dénoncé les violations des droits de l'homme dans l'ancienne colonie espagnole.
Le comité de décolonisation devant lequel la société espagnole s'est présentée en masse a parlé aussi le langage des organisations humanitaires internationales, entre autres Amnesty International et Humans Rights ou des parlementaires européens qui ont publié, en même temps au début de l'année, des rapports très accablants pour le Maroc. Le roi s'énerve donc et menace. Plus ou moins directement le Front Polisario. Mais indirectement aussi l'Algérie.
Le «droit de suite» du défunt Hassan II
Le langage employé par Mohammed VI rappelle quelque part celui de son défunt père qui avait menacé d'exercer son «droit de suite» contre la guérilla sahraouie... en territoire algérien. Un bluff bien sûr, car on voit mal une armée sur la défensive face à une jeune guérilla, se lancer dans une aventure pareille.
Mais c'est quand même une menace directe qu'un Etat est tenu de prendre au sérieux. Une menace quand même contre un voisin et frère, souverain, dont le seul tort est de rester fidèle à ses principes.
Ni plus ni moins que le reste de la communauté internationale qui ne cède ni aux pressions de Paris ni prend au sérieux les «bons sentiments» de l'Espagne de vouloir du bien pour les réfugiés de Tindouf. Des camps d'où reviennent chaque mois des délégations de parlementaires et de membres de la société civile internationale, espagnols surtout.
Un conflit qui remonte à 1870
L'«Oscar du cinéma», l'Espagnol Javier Bardem, vient de rentrer de Tindouf. Il estime «difficile de rentrer chez soi après avoir séjourné dans les camps de réfugiés».
Son témoignage a ému les milieux intellectuels dont l'historien Felipe Fernandez Armesto, professeur à l'université de Boston, qui avoue dans une tribune publiée vendredi par le journal El Mundo, avoir mauvaise conscience d'avoir été rappelé par d'autres intellectuels à la réalité d'un «colonialisme historiquement injustifiable».
Le professeur espagnol cite certaines conclusions de ses travaux de recherche sur une période qui remonte à 1870. A cette date, écrit-il, le Royaume-Uni qui voulait connaître les limites territoriales du Maroc pour pouvoir ouvrir une route commerciale vers le sud avait interrogé, en 1879, les chefs de tribus du Sahara occidental sur la nature de leurs liens avec le sultan marocain. Voici leur réponse écrite :
«Nous n'avons aucun lien avec lui ni faisons aucun mouvement avec lui, et nous n'appartenons pas à son ensemble régional.» Les «titres historiques» que le Maroc a fait valoir pour justifier l'occupation du territoire du Sahara occidental, à la faveur du complot des Accords de Madrid du 14 novembre 1975 – dont c'est bientôt l'anniversaire – sont donc, historiquement, des faux.
La Cour internationale de justice (CIJ) avait, d'ailleurs, dans son avis rendu à la question de l'Assemblée générale de l'ONU sur la nature des liens entre l'ensemble marocain et les Sahraouis, déclaré que ces liens, s'ils existaient, «n'étaient pas de nature à empêcher l'application de la résolution 1514».
Sur cette base juridique donc, sur celle des vrais arguments historiques des tribus sahraouies, ainsi que sur celle de la légitimité de la lutte du peuple sahraoui, l'avis du professeur Felipe Fernandez Armesto est sans appel : le Sahara occidental n'a jamais appartenu au Maroc.
Un constat qui énerve le roi du Maroc dénoncé, vigoureusement, ces dernières semaines en particulier, pour avoir ordonné l'arrestation, le 8 octobre, des huit indépendantistes sahraouis, par l'ensemble de la société civile espagnole et occidentale. Mohammed VI donne l'impression d'avoir perdu son self-contrôle.
Même s'il excelle dans le bluff comme son père dont il ne semble pas avoir hérité, cependant, d'une certaine intelligence d'homme d'Etat au point de faire dans la menace. Une menace sur fond de panique que l'Algérie peut, à juste raison, considérer qu'elle est dirigée aussi contre elle pour son soutien à la cause sahraouie.


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