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Le désastre humanitaire aux Etats-Unis
CYCLONE KATRINA
Publié dans L'Expression le 10 - 09 - 2005

L'ampleur de la catastrophe qui s'est abattue sur la Louisiane et La Nouvelle-Orléans a pris sa réelle dimension. Le terme «ouragan» est couramment utilisé aux Etats-Unis pour désigner une forte tempête accompagnée de pluies et d'orages.
Il est synonyme du terme «cyclone», si bien que l'on évoque régulièrement le «vent cyclonal» de l'ouragan, caractérisé par un mouvement giratoire convergeant et ascendant. Le terme «typhon» tire son origine du chinois «tai-fung» et de l'arabe «tuphân» (le déluge). Il désigne le cyclone des mers de Chine et de l'océan Indien
Située en grande partie sous le niveau de la mer, entourée de deux lacs au nord et à l'est et du fleuve Mississippi au sud, la ville est particulièrement vulnérable. Dans les Etats touchés, les autorités doivent faire face à une multitude de problèmes : les cadavres qui flottent dans les rues, les pillages et l'évacuation de milliers de patients dans des hôpitaux privés d'électricité. «C'est comme si nous étions dans un pays du tiers-monde», c'est ainsi que la situation est décrite. Au minimum des centaines, et plus probablement des milliers de victimes. De plus devant la pénurie de vivres et de médicaments, il y eut des pillages qui ne sont pas sans nous rappeler ce qui se passe naturellement dans les pays sous-développés. C'est dire si les démocraties sont vulnérables et que le civisme n'est pas un gène définitif dans le génome des citoyens des pays dits civilisés. En situation de détresse, l'absence de l'Etat amène les pires déviations et rien ne distingue les hommes sous toutes les latitudes même celle de «l'homme blanc» dont le premier fardeau qu'il a est de se civiliser lui-même
Pour donner une idée des dégâts matériels et humains infligés à la Louisiane, au Mississippi et à l'Alabama, l'Agence fédérale de gestion des situations d'urgence (Federal emergency management agency, Fema) a décidé d'installer 40 hôpitaux de campagne non loin des zones les plus touchées. Dans la ville de La Nouvelle-Orléans (ville constituée de noirs pauvres et représentant 2/3 de la population, inondée à 80%, le corps du génie de l'armée américaine s'active toujours pour consolider les deux digues qui ont cédé sur le passage de Katrina en larguant des sacs de sable par hélicoptère. 20.000 personnes réfugiées dans des conditions précaires dans le stade Superdome sont évacués dès le jeudi 1er septembre.
Les secours ne sont parvenus, réellement que 48 heures après. Les autorités civiles et militaires ont été plus efficaces mercredi. La marine américaine a mené l'une de ses plus importantes opérations de sauvetage en envoyant le long du golfe du Mexique quatre navires dont deux porte-hélicoptères chargés d'équipement de première nécessité. Près d'un million de personnes ont déjà été évacuées dans l'ensemble de la région, selon le maire de la Nouvelle-Orléans, Ray Nagin. Des centaines de milliers d'habitants de la Louisiane étaient toujours bloqués sur les lieux du drame. les milliers de cars qui emmènent les habitants vers les aéroports sont insuffisants.
Le rétablissement prendra du temps, prendra des années. Après avoir refusé l'aide internationale le président Bush se ravise et accepte l'aide extérieure qui tarde elle aussi à arriver. Plusieurs dizaines de milliers d'habitants de la Louisiane ont été évacués depuis dimanche 28 août vers la ville de Houston, au Texas. 866.000 foyers ont été affectés par l'ouragan Katrina en Louisiane, où 52 paroisses - l'équivalent des comtés - sont en état d'urgence. Le corps du Génie de l'armée américaine tente de combler les brèches dans les digues qui isolaient La Nouvelle-Orléans des lacs qui l'entourent. Utilisant des hélicoptères lourds, il a largué des sacs de sable et de graviers géants de 1500 kg et des barrières de béton pour tenter de ralentir la montée des eaux.
Il resterait environ 80.000 personnes dans la ville, évacuée dimanche et lundi 5 par un million de ses habitants. Ceux qui sont restés n'ont pas obéi aux ordres d'évacuation ou en étaient matériellement incapables. Privés d'eau potable depuis deux jours, certains commencent à tomber malades et à avoir des fièvres après avoir bu de l'eau polluée.
En termes de sécurité, la situation est encore plus préoccupante. Mme Blanco s'est déclarée «furieuse» des scènes de pillage. «Nous allons débarrasser les rues» de ces délinquants «quel qu'en soit le prix», a-t-elle affirmé.
Dans l'hypothèse la plus favorable, selon Ray Nagin, les habitants de La Nouvelle-Orléans pourront revenir chez eux dans trois ou quatre mois. C'est le temps estimé par les spécialistes pour pomper et évacuer l'eau, ce qui ne veut pas dire que la ville sera alors redevenue habitable et que l'électricité et l'eau potable seront rétablies
«Une des images, écrit Dominique Dhombres, les plus fortes venues de Louisiane est celle d'un garde national mettant en joue, avec son fusil, deux pillards venant de dévaliser un magasin de vêtements à La Nouvelle-Orléans. L'un d'entre eux lève un moment les bras, puis les rabaisse avec une sorte de nonchalance. Les deux hommes laissent tomber leur butin par terre puis s'en vont tranquillement. Le garde n'insiste pas. Il n'a pas trop l'air d'y croire. A la même période sous une autre latitude Un millier de sandales abandonnées sur un pont de Bagdad, par» Dominique Dhombres Le Monde 2 septembre 2005.
Les conséquences énergétiques de Katrina pour les Etats-Unis
Les répercussions sur les cours du pétrole, Washington va puiser dans les réserves stratégiques de pétrole. 10% du pétrole américain n'est plus pompé ; les plateformes pétrolières (20) dans le golfe du Mexique ont été très endommagées, de plus la capacité de raffinage des trois Etats est à l'arrêt pour de longs mois. Les Etats-Unis vont puiser dans leurs réserves stratégiques pétrolières pour aider à surmonter la crise énergétique qui menace après le passage du cyclone Katrina dans le golfe du Mexique.
Les réserves pétrolières stratégiques des Etats-Unis comptent actuellement quelque 700 millions de barils répartis dans quatre centres, dont deux sont en Louisiane. Elles sont utilisées en cas d'urgence et pour faire face à une interruption momentanée de l'approvisionnement du pays en brut. Les cours du pétrole brut avaient atteint mardi 30 août un nouveau record en clôture, à 69,81 dollars le baril, dopés par les interrogations sur l'ampleur des dégâts occasionnés aux installations pétrolières dans le golfe du Mexique. En atteignant 70,57 dollars, le 31 août, en Asie (70,85 mardi soir à New York), le cours du pétrole flirtait avec de nouveaux records qui n'ont apparemment pas fini d'être battus. «Les cours ont progressé de plus de 60% depuis un an, même si on est encore loin de l'équivalent des 90 dollars atteints dans les années 1980 en tenant compte de l'inflation.»
Les pays européens et d'autres (en tout 60 pays) ont déclaré leur intention d'envoyer des dons en nature ou argent. Le Koweït et le Qatar sont les seuls à se détacher du lot avec respectivement 500 millions de dollars en pétrole et 100 millions de dollars. Même Fidel Castro, touché par l'ampleur du désastre, a proposé d'envoyer une centaine de médecins, les USA n'ont pas répondu à sa proposition. Les compagnies pétrolières qui ont fait des profits très importants n'ont pas annoncé d'aide et pourtant, elles auraient reçu autant d'argent que les pays de l'Opep (Exxon gagne actuellement autour de 65.000 dollars à la minute). Il peut en un quart d'heure gagner ce qu'a proposé, comme aide, le Bangladesh: 1 million de dollars.
Une polémique enfle, il est reproché à G. Bush d'avoir survolé à 10.000 mètres d'altitude la zone. Il a été pris à partie par les démocrates notamment par Hilary Clinton, sénatrice, qui a demandé l'ouverture d'une enquête. Le sénat ouvrira effectivement une enquête. Les Noirs, les plus nombreux, ont le plus souffert et pensent que le gouvernement américain a laissé faire, c'est en tout cas l'avis de plusieurs personnalités, notamment le révérend Jackson qui, devant la lenteur des secours a comparé les Noirs dans le Dôme «à un gigantesque bateau de négriers». Même le chanteur de rap a pris à partie le président Bush. George Bush s'est adressé, une première fois le 31 août aux Américains, depuis la Maison-Blanche, après avoir survolé en avion les Etats frappés par Katrina. «Nous sommes confrontés à l'un des pires désastres naturels dans l'histoire américaine».
Pour rattraper son retard, le président est revenu le 5 septembre à Baton-Rouge, «George W.Bush s'en fiche des Noirs», a accusé le 3 septembre le rappeur noir américain Kanye West, en direct sur NBC, lors d'un concert de solidarité avec les victimes du cyclone Katrina, en majorité noires., Kanye West s'en est d'abord pris aux médias avant de s'attaquer au président, «Je hais la manière dont ils nous décrivent dans les médias. Vous voyez une famille noire et (la légende dit) -ce sont des pillards- et vous voyez une famille
blanche et ça dit -ils cherchent de la nourriture.» «Si ces gens n'avaient pas été noirs et pauvres, ils n'auraient pas été laissés à La Nouvelle-Orléans, pour commencer», s'est emporté vendredi le député de Louisiane, William Jefferson. Michael Moore, opposant farouche à la guerre en Irak, demande des comptes au président Bush: «Cher monsieur Bush, auriez-vous une idée de l'endroit où se trouvent tous nos hélicoptères? Des milliers de gens restent en rade à La Nouvelle-Orléans et auraient besoin d'être secourus par les airs. Où diable avez-vous pu égarer tous nos hélicoptères militaires? Avez-vous besoin d'aide pour les retrouver?». «Et les soldats de la Garde nationale, vous sauriez où ils se trouvent?», «Ils pourraient vraiment nous être utiles dans le cadre du type de catastrophes nationales pour lesquelles ils ont précisément été formés», ajoute-t-il. «Accrochez-vous M.Bush. Essayez de nous trouver quelques-uns de nos hélicos militaires et de les envoyer sur place. Et faites comme si ces gens, à La Nouvelle-Orléans et sur la côte (du sud des Etats-Unis), se trouvaient près de Tikrit» en , conclut-il.
Il s'indigne aussi, à l'instar de plusieurs responsables noirs américains, de la lenteur du gouvernement pour secourir des victimes principalement noires et pauvres. «Bon, c'est vrai qu'ils sont noirs! Vous imaginez, laisser des blancs sur leurs toits pendant cinq jours (en attendant des secours)? Ne me faîtes pas rire, les histoires de couleur de peau n'ont rien, mais alors vraiment rien, à voir dans tout ça». Il conseille à M.Bush d'ignorer ceux qui le critiqueraient pour avoir coupé les budgets d'entretien des digues autour de La Nouvelle-Orléans - dont l'effondrement est largement responsable de la destruction de la ville - pour pouvoir «construire la démocratie en Irak».
Que faut-il en conclure?
Une mort est toujours tragique, quelle que soit la latitude, ce qui s'est passé aux Etats-Unis nous interpelle. Nous avons de la compassion pour les familles touchées. Un fait: la détresse existe, elle est d'abord celle des classes pauvres aux Etats-Unis, et parmi celles-ci les Noirs sont les plus nombreux. Le racisme ordinaire, malgré les textes, malgré le fameux I have Dream de Martin Luther King, la réalité est impitoyable, les Noirs sont ceux qui paieront le plus lourd tribut. C'est dans ces genres de situations d'électrochoc que les nations réétalonnent leurs ambitions et redeviennent humbles, en tout cas pour un temps. La détresse des habitants de La Nouvelle-Orléans rappelle à s'y méprendre la détresse irakienne au quotidien. Ironie du sort, deux catastrophes, l'une naturelle et l'autre provoquée par l'homme, occupaient les écrans mercredi 31 août.
Autant les images des dévastations causées par le cyclone Katrina dans le sud des Etats-Unis étaient nombreuses et diverses, autant celles de la panique qui a saisi une foule de pèlerins à Bagdad sur un pont enjambant le Tigre étaient presque toujours les mêmes. Des centaines de caméras dans un cas, une poignée dans l'autre. Sur les chaînes d'information continue, de nouveaux témoignages apparaissaient toutes les heures sur la situation en Louisiane, dans le Mississippi et en Alabama, alors que la même scène filmée sur le pont Al Aimma et dans un hôpital de Bagdad passait en boucle.
En Irak, l'image qui revient sans cesse est celle d'un amoncellement d'humbles sandales en plastique sur le tablier du pont Al Aimah. Elles ont été abandonnées par les pèlerins chiites fuyant précipitamment lorsque la rumeur de la présence de kamikazes a circulé dans la foule.. Il y eut près de 900 morts qui ont été enterrés dans la douleur et l'anonymat des puissants de ce monde.
C'est dire que même le traitement de l'information est différent. Et pourtant il s'agit de la même espèce humaine. On parle de plusieurs dizaines de milliers et on nous donne à la télévision, le 5 au soir, un «acompte de 200», soit cinq fois moins, sans vouloir être comptable de la mort.


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