Quelle sera l'attitude du FFS à l'approche de la joute de la présidentielle de 2019? La direction actuelle du vieux parti de l'opposition semble vouloir rompre avec le discours classique consistant à mettre en avant le concept de «consensus» et de la reconstruction nationale. Le discours du Front des forces socialistes (FFS) semble prendre une tournure caractérisée par l'alarmisme et la prudence quant à la situation dans laquelle se débat le pays sur le plan politique. Le FFS n'a pas eu recours à cette littérature politique depuis 2014. Le changement du ton politique et de la lecture de la situation qui prévaut sur la scène nationale, renseigne sur les enjeux qui ont trait à la joute de la présidentielle et aussi au regard du scandale en rapport avec la saisie des 701 kilos de cocaïne, un scandale que l'Algérie n'a jamais connu dans son histoire. La direction actuelle du vieux parti de l'opposition semble vouloir rompre avec le discours classique consistant à mettre en avant le concept du «consensus» et de la reconstruction nationale. Même si ce concept est incorporé dans le dernier communiqué de la direction du FFS, il reste tout de même à relever que le gros du discours a porté sur les enjeux et les menaces qui guettent le pays et son unité nationale. C'est pour la première fois que le FFS use d'un discours aussi ferme et teinté de mises en garde et d'appels à la vigilance. Qu'est-ce qui fait changer le FFS de sa position initiale, à savoir celle de réunir les conditions politiques pour asseoir les critères d'un véritable dialogue avec toutes les parties et les acteurs, pouvoir et opposition? S'agit-il d'un nouveau cap qui se dessine après le renouvellement de l'instance présidentielle où le poids des évolutions politiques que traverse le pays sont pour quelque chose dans cette nouvelle grille de lecture politique que prône le FFS? La teneur du dernier communiqué de la direction du FFS rappelle que le pays fait face à un danger orchestré par des chancelleries de grandes puissances qui ont des ramifications à l'intérieur du pays, qui visent à déstabiliser l'Etat et le peuple algériens. Dans ce sillage, la dernière déclaration du FFS est le moins que l'on puisse dire, sibylline et entourée de zones d'ombre dans la mesure où ce dernier, c'est-à-dire le FFS, n'a pas été clair dans sa position, il s'est contenté de faire dans l'alarmisme sans pour autant apporter des clarifications susceptibles de mettre la lumière sur les menaces et les dangers qui guettent le pays et sa cohésion. La direction du FFS a souligné que «le FFS appelle les Algériennes et les Algériens à la vigilance, la responsabilité et la mobilisation pour préserver l'unité de la nation, l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale pour déjouer les manoeuvres d'où qu'elles viennent. Le FFS met en garde contre toute action de diversion ou toute dérive mettant en péril l'avenir et le devenir du peuple algérien». Le conseil national du FFS a révélé en filigrane que la menace est plus étrangère, soutenue par certaines officines qui ont des soutiens dans le pays. Ces officines, selon le FFS, traitent l'Etat algérien comme une source de richesse et un potentiel qui constitue une véritable manne dont il faut soutirer au maximum. D'ailleurs, cet aspect des choses est bien souligné par la direction du parti qui considère la menace d'ordre international en indiquant que «Au niveau international, le conseil national déplore que l'Algérie n'existe que pour ses ressources pétrolières et gazières et sa contribution à la lutte contre l'émigration illégale et le terrorisme», c'est une manière de situer le danger et la menace qui s'abattent sur le pays et le peuple algérien et son unité nationale. La direction du FFS avait tranché la question liée à la prochaine élection présidentielle de 2019, en affirmant que le FFS ne s'inscrit pas dans cette optique. Cette déclaration a été illustrée par le chef de file de l'instance présidentielle, Ali Laskri, après avoir été reconduit à la tête de cette structure récemment. Mais la joute de la prochaine élection présidentielle semble intéresser la direction du FFS qui appréhende la question sous forme d'une bataille qui ne dit pas son nom et qui se dissimule à travers des pratiques et des luttes de clans qui s'expriment de façon peu manifeste. Le FFS fait allusion à cette lutte féroce qui se dessine en soulignant que «au niveau national, le conseil national met en garde contre le statu quo politique qui perdure et la volonté du régime actuel de se pérenniser au-delà de la prochaine élection présidentielle en visant à neutraliser toute organisation qui lutte pour le changement et à casser les forces sociales autonomes pouvant le déstabiliser», assène-t-il. Quelle sera l'attitude du FFS à l'approche de la joute de la présidentielle de 2019? Ira-t-il jusqu'à revoir sa position précédente qui consistait à ne pas faire de cette joute une priorité pour son parti et ses militants? Difficile de le dire, la scène politique vit sur le rythme d'une évolution où toute possibilité de recentrage politique est possible. Mais est-ce que l'appel à la vigilance formulé par la direction du FFS sera suivi par des propositions et une espèce de «feuille de route» en mesure d'apporter des réponses à la situation politique du pays? Le FFS appelle le peuple à se mobiliser contre toutes les menaces et les dangers. Mais ce qui est constaté c'est que la classe politique, à travers ses partis, affiche aussi une incapacité sidérale en matière de mobilisation et de sensibilisation autour des enjeux et les menaces auxquels fait face le pays. L'expectative est devenue monnaie courante chez notre classe politique en général et nos partis en particulier.