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L'hommage de la dynamite à la bombe atomique
PRIX NOBEL DE LA PAIX
Publié dans L'Expression le 11 - 10 - 2005

ce qui semble admis pour l'ensemble des pays du monde, ne le semble pas pour Israël qui échappe ainsi, jusqu'à maintenant, au droit de regard de l'Aiea.
Le prix Nobel de la paix 2005 a été décerné vendredi 7 octobre 2005 à l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) et à son directeur, Mohamed El Baradei, pour leur travail contre la prolifération des armes nucléaires, a dit Ole Danbolt Mjoes, le président du comité Nobel, en motivant le choix opéré parmi les 199 candidats en lice cette année.
La distinction de l'Aiea et de M.El Baradei intervient alors que Les Etats-Unis et l'Europe veulent contraindre l'Iran et la Corée du Nord de renoncer à se doter d'armes nucléaires. Fondée en 1957 et basée à Vienne, l'Aiea a joué un rôle majeur dans les mois précédant l'intervention militaire américano-britannique contre l'Irak de Saddam Hussein en 2003. Outre des négociations délicates avec l'Iran et la Corée du Nord, les mois passés ont vu l'échec d'une conférence sur la revitalisation du traité de non-prolifération (TNP) en mai et l'incapacité de la communauté internationale à s'entendre sur ce sujet lors du sommet de l'ONU en septembre 2005.
Le Nobel de la paix coïncide aussi avec un douloureux anniversaire, le 60e anniversaire du largage par l'US Air Force de deux bombes atomiques sur les villes japonaises d'Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 9 août 1945.
«Jusqu'à présent, nous n'avons pas trouvé de pistolet encore fumant», déclarait à la BBC, lundi 6 janvier 2003, M.El Baradei. L'absence de preuves probantes contre l'Irak complique aussi le rôle du «cow-boy » américain, qui voudrait pouvoir dégainer son propre pistolet en arguant la légitime défense. Parmi toutes les entités onusiennes, l'Agence internationale de l'énergie atomique est sans doute celle qui a le plus à perdre dans une querelle avec les Etats-Unis, dont elle reste «immensément dépendante», selon une source interne à l'organisation.(1) Les Etats-Unis n'ont pas seulement créé l'Aiea - dont le premier directeur était américain. Ils alimentent aujourd'hui le quart de son budget, et, eux d'ordinaire si économes s'agissant des Nations unies, n'hésitent pas à accroître celui du département des garanties, chargé de contrôler les installations nucléaires de 70 pays. «Il est certain qu'El Baradei ne serait pas à ce poste s'ils ne l'avaient pas voulu», souligne l'un des dirigeants actuels de l'Agence. Après le départ de Hans Blix, à l'époque, la promotion d'un Egyptien prend une importance symbolique. Les craintes de la communauté internationale se sont déplacées vers le Moyen-Orient, tandis que le refus d'Israël, qui possède l'arme nucléaire, de signer le traité de non -prolifération (TNP), est une source d'irritation permanente pour le monde arabo-musulman. Dans le contexte de la crise actuelle avec Bagdad, la nationalité de M.El Baradei est «un atout pour l'Agence», estime-t-on à Vienne. Lui-même semble convaincu que cela l'aidera à persuader les Irakiens que l'Aiea n'est pas un simple instrument «au service de l'Occident». L'opinion arabe, qui pointe le faible nombre d'inspecteurs non occidentaux - en particulier arabes - dans les missions en Irak, est plus réservée: «Il reste très marqué par les années qu'il a passées à New York, à la mission permanente de l'Egypte au siège des Nations unies comme à la tête du bureau de l'Aiea là-bas», résume le correspondant d'une radio privée du Moyen-Orient. On sait que ses dons de persuasion n'ont pas porté leurs fruits ni envers Saddam Hussein ni plus tard envers Bush, n'était-ce le courage de Hans Blix d'ailleurs diabolisé pour avoir fait son travail à l'Unscom.(1).
Lors du départ de Hans Blix de l'Aiea, peu désireux de rempiler après quatre mandats, Mohamed El Baradei qui ne s'était jamais fait remarquer par des déclarations offensives sur la question israélo-arabe : une qualité de plus aux yeux de Washington, a été intronisé sans discussion par les Etats-Unis . L'actuel «DG» est avant tout un produit de l'Aiea, où il travaille depuis 1984 . M.El Baradei avait averti ses collaborateurs: un échec en Irak serait «catastrophique pour l'Agence». Mais s'il la conduit sans dommage hors de cette épreuve, le «DG» sorti du rang aura vraiment gagné ses galons. Apparemment la catastrophe n'en était pas une, excepté le détail de la guerre atroce et sans fin en Irak, guerre faite au nom de l'existence d'ADM introuvables, l'Aiea et El Baradei se portent comme des charmes. Mieux, l'Agence et son directeur prennent du galon.
Deux poids, deux mesures
On se souvient que la visite en Israël de Mohammed El Baradei le 7 juillet 2004, le patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), vise à encourager Tel-Aviv à participer à la création d'une zone sans armes nucléaires, selon The Independent. Le quotidien britannique note cependant qu' «El Baradei avait annoncé ne pas avoir l'intention de blâmer Israël, si Tel-Aviv s'abstenait de confirmer ou de nier posséder l'arme nucléaire». Ariel Sharon s'en est d'ailleurs tenu en le recevant à cette politique d'ambiguïté.(2). M.El Baradei lui-même a reconnu ne «pas (se faire) d'illusions» sur le fait que sa visite changerait les choses. Cependant, l'Aiea enquête d'une façon autrement plus sérieuse sur le programme nucléaire iranien depuis février 2003. A Washington, les chefs de la diplomatie israélienne et américaine Sylvain Shalom et Colin Powell ont accusé l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de la bombe sous le couvert d'un programme nucléaire civil et engagé depuis plusieurs mois dans un bras de fer avec l'Aiea. «Si nous devons faire quelque chose avec El Baradei, c'est de lui demander de poursuivre son action pour pousser les Iraniens à mettre un terme à leurs efforts pour développer l'arme nucléaire», a dit M.Shalom. Dans une édition d'octobre 2003, l'hebdomadaire Der Spiegel révèle qu'Israël n'exclut pas une frappe préventive des sites nucléaires iraniens, une unité spéciale du Mossad (services secrets israéliens) a reçu la mission de travailler à des plans d'attaque contre une demi-douzaine de cibles . Israël s'est donné, en fait, pour mission prioritaire de surveiller les travaux des pays arabes dans le domaine de la recherche nucléaire.(3).
Toutefois, ce qui semble admis, et surtout obligatoire, pour l'ensemble des pays du monde, exception faite sans doute pour les cinq puissances nucléaires officiellement déclarées, -qui négocient entre elles leur auto-inspection -, ne le semble pas pour Israël qui échappe ainsi, jusqu'à maintenant, au droit de regard de l'Agence internationale de l'énergie atomique. «La politique d'ambiguïté sur le nucléaire qui est la nôtre a fait ses preuves et elle se poursuivra», a déclaré M.Sharon ajoutant qu' «Israël est obligé de détenir entre ses propres mains toutes les composantes de la force nécessaires à sa défense». En fait, dès 1969, Israël a conclu une «entente» avec les Etats-Unis aux termes de laquelle les dirigeants israéliens s'abstiennent de toute déclaration publique sur le potentiel nucléaire de leur pays et ne procèdent à aucun test nucléaire.(4).
En novembre 2001, le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Shimon Peres, actuel chef de l'opposition travailliste et «père» du programme nucléaire israélien, a reconnu que la France avait accepté en 1956 de doter Israël d'une «capacité nucléaire». Selon des historiens militaires, Israël a été tenté d'utiliser des armes nucléaires tactiques pour stopper les blindés syriens sur le Golan durant la guerre d'octobre 1973.
Le programme nucléaire israélien est donc un secret de Polichinelle. Les principales puissances nucléaires, Etats -Unis, France, Grande-Bretagne sont fondatrices du programme nucléaire israélien. L'espion israélien Mordechaï Vanunu a été condamné pour “espionnage” en 1986, en raison de révélations qu'il avait faites au Sunday Times sur l'arsenal nucléaire israélien de plus ou moins 200 bombes! (5).
Le gouvernement hébreu est à la sixième place dans le classement des puissances atomiques mondiales. Le programme israélien a été lancé quelques années après la fondation de l'Etat, en 1948, sous la direction de M. Bergmann, dénommé le «père de la bombe israélienne» qui a aussi fondé, en 1952, la Commission israélienne pour l'énergie atomique. Israël est entré ainsi, incognito dans le club fermé des pays possédant l'arme nucléaire par la porte de service du nucléaire civil. En refusant de signer le traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 1968, il a affirmé son intention de poursuivre son programme nucléaire militaire sans aucun contrôle international.(6).
C'est sur la base d'une stratégie de containment et de surveillance , sûrement en accord avec Washington, que le 7 juin 1981, Israël lance une attaque-surprise contre le réacteur nucléaire Tamouz-1 qui était sur le point d'entrer en fonction à Osirak en Irak. «Se plaçant dès lors en situation de monopole du nucléaire au Moyen-Orient avec le soutien américain, il a mis en joue tous ses voisins les uns après les autres, mais ne pourra maintenir sa position de gendarme nucléaire incontrôlé et belliciste sans risque grave pour la région: il s'agit bien d'une perspective de guerre nucléaire. Israël, considéré par l'opinion européenne comme une menace prioritaire pour la paix, doit être soumis à une inspection internationale de ses installations nucléaires».
Pour sa part, le Réseau «Sortir du nucléaire» a exprimé vendredi 7 octobre sa «plus profonde indignation» après l'attribution du prix Nobel de la paix à l'Agence internationale pour l'énergie atomique (Aiea). «L'Aiea abuse l'opinion publique en prétendant que ses inspections empêchent l'accès à l'arme atomique des pays signataires du Traité de non-prolifération», souligne cette organisation non-gouvernementale dans un communiqué.
«Sortir du nucléaire» observe que «l'Inde, le Pakistan et Israël ont d'ores et déjà rejoint les cinq ‘grands' (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) qui bénéficient d'un injustifiable droit à détenir l'arme atomique et qui ne respectent pas leurs engagements pour désarmement nucléaire». De plus, poursuit l'ONG, «l'actualité récente (Iran, Corée du Nord, etc) confirme l'échec patent de l'Aiea». «Sortir du nucléaire», estime que «l'Aiea devrait être démantelée et ne devrait donc recevoir aucun prix, et encore moins un prix célébrant la paix».
Pourtant, parmi les lauréats possibles figurent d'autres personnalités ou institutions impliquées dans la lutte contre la prolifération nucléaire: Nihon Hidankyo, organisation japonaise représentant les survivants des bombardements atomiques de 1945 et son chef de file, Senji Yamaguchi, grièvement brûlé à 14 ans par la bombe larguée sur Nagasaki. Jusque récemment, le favori des bookmakers anglo-saxons était Martti Ahtisaari. L'ancien président finlandais s'est impliqué dans la résolution de nombreux conflits à travers le monde et il a une nouvelle fois servi de médiateur pour l'accord de paix conclu entre le gouvernement indonésien et les rebelles indépendantistes d'Aceh.
Les méritants du Nobel de la paix
«à une époque où la menace des armes nucléaires s'accroît une fois encore, le comité Nobel norvégien souhaite souligner le fait que cette menace doit être traitée via une coopération internationale la plus large possible.» Cette distinction coïncide aussi avec le 60e anniversaire du largage par l'US Air Force de deux bombes atomiques, Little Boy et Fat Man, sur les villes japonaises d'Hiroshima et de Nagasaki les 6 et 9 août 1945 et qui avaient fait plus de 210.000 morts sur le coup.
Y a-t-il eu une protestation de l'Agence pour non-coopération? El Baradei a-t-il menacé Israël de renvoyer son dossier devant le Conseil de sécurité? Y a-t-il eu la plus petite inspection des sites israéliens? Rien de tout cela. Les Nobel qui sont indexés sur les «fortes recommandations» des puissants, ne seront octroyés que pour services rendus. C'est le cas, on s'en souvient, du prix Nobel remis à l'ONU pour sévices rendus. Cette organisation s'est rendue coupable d'avoir affamé les enfants irakiens en détournant une partie de l'argent pétrole contre nourriture. Dans tout cela, où est la paix que l'on veut récompenser dans un monde plus guerrier que jamais? Celui qui mérite de recevoir le Nobel après avoir résisté à la pression américaine est sans conteste, Hans Blix. Après le départ de Hans Blix, El Baradei aurait dû demander des comptes aux Américains du fait qu'il n'y avait pas d'ADM en Irak. Plus près de nous, l'Iran n'en finit pas d'être diabolisé.
Le dossier iranien va être transmis au Conseil de sécurité par les bons soins de l'Aiea, ce que les Américains réclament pour avoir une résolution du Conseil de sécurité pour envahir l'Iran. Des jours sombres se profilent pour ce pays.
Monsieur El Baradei mérite mille fois le Nobel, c'est à se demander pourquoi l'Agence ne l'a pas eu plus tôt, peut-être parce qu'il y avait, comme directeur un certain Hans Blix qui avait une autre vision des choses. En définitive, nous ne pouvons pas parler de paix, si ce n'est la paix des cimetières, dans un monde plus incertain que jamais. On ne peut que constater, l'hommage de la dynamite, matrice financière de ce prix, à la bombe atomique.
1. Mohamed El Baradei et la traque du «pistolet fumant» Le Monde daté du 1er octobre 2003.
2. M.O. Bherer: El-Baradei pour un Proche-Orient sans armes nucléaires, Courrier international - 7-7-2004.
3.C.E. Chitour: Le nucléaire en question à propos de deux cas.
L'Algérie et Israël: L'Expression 27 et 28 juillet 2004
4. L'autre tabou est l'arsenal nucléaire israélien: http://forum.la-croix.com/view. .
5.Correspondant à Dimona. Nucléaire militaire: le cas Mordechaï Vanunu L'Humanité, 21 novembre 2001.
6. Bernard Ravenel: Israël : une menace nucléaire globale. Le Monde, mardi 27 janvier 2004


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