Sur les Champs le 24 novembre dernier Pour la quatrième fois, aujourd'hui, les manifestations prévues, partout en France, vont être observées avec une grande attention, les forces de l'ordre ayant été mobilisées dans leur quasi-totalité et avec des moyens renforcés, surtout dans la capitale. «Je ne lâcherai rien». Depuis son élection en mai 2017, le président Emmanuel Macron s'est fait fort de mettre au pas la société française en bousculant ses certitudes et ses résistances au changement. L'homme qui se dit jupitérien et prône un «nouveau monde» s'est drapé dans un style de monarque enfariné sans se douter que sa politique pouvait le conduire droit dans le mur! Et c'est ce qui arriva, une majorité de Françaises et de Français, las de ses jugements à l'emporte-pièce et surtout de ses réformes au pas de charge, a riposté à une mesure de hausse des taxes sur les carburants puis s'est prononcée, en quelques jours, pour une violence sociale qui répond à la violence fiscale du gouvernement. A la suite de quoi, Macron a dû «lâcher», la mort dans l'âme, une annulation de la mesure sur les taxes et des concessions sur le pouvoir d'achat, dans le seul but d'amadouer la fronde des Gilets jaunes, soutenus par plus de 80% de la population! Pour la quatrième fois, aujourd'hui, les manifestations prévues partout en France vont être observées avec une grande attention, les forces de l'ordre ayant été mobilisées dans leur quasi totalité et avec des moyens renforcés, puisque des blindés seront sur les Champs Elysées et au niveau de la place de l'Etoile, à Paris. Les boutiques et la tour Eiffel ont reçu l'ordre de garder portes closes, les autorités ayant mis fortement l'accent sur les «risques d'une très grande violence» dans la capitale. Relayé par plusieurs ministres, la Rem et même des personnalités de droite comme de gauche, Emmanuel Macron a appelé les partis de l'opposition et les syndicats à lancer un appel au calme à l'adresse des manifestants, dans un contexte marqué par la menace d'une extension de la colère à d'autres pans de la société. Il faut dire que les images de 153 lycéens de Mantes la Jolie, sur les 700 interpelés partout en France, filmés à genoux, mains sur la tête, par les forces de l'ordre, nombre d'entre eux étant menottés, a provoqué un vent de révolte dans le mouvement estudiantin, déjà mobilisé pour rejoindre les rangs des Gilets jaunes dans la contestation radicale. Etudiants, lycéens et agriculteurs vont rejoindre la marée jaune qui gronde partout en France et attise les braises de la rébellion contre l'injustice fiscale et sociale dont le président Macron est devenu désormais un symbole haï, de sorte que le gouvernement a beau multiplier les gages de bonne volonté sans parvenir à apaiser la tempête. La grande peur est de revoir aujourd'hui les images chocs du samedi précédent: voitures brûlées, magasins saccagés, grilles arrachées, barricades et affrontements violents dans chaque grande avenue parisienne et dans les principales villes comme Marseille et d'autres. Chiffres présentés comme autant de boucliers avant l'heure fatidique par le Premier ministre Edouard Philippe, 89.000 agents des forces de l'ordre (police et gendarmerie) au lieu des 65.000 la semaine dernière seront sur pied de guerre tout au long de la journée dont 8000 rien qu'à Paris. Une douzaine de blindés doivent permettre d'enfoncer les lignes des manifestants en cas de violences, mais c'est la toute première fois que ces moyens sont mobilisés, depuis les émeutes dans les banlieues en 2005. Ce qui témoigne de la grande peur qui anime les autorités, conscientes de l'importance de l'enjeu après les débordements constatés samedi dernier lorsque des images de guérilla urbaine ont été diffusées partout dans le monde. Des alertes ont été relevées sur les réseaux sociaux, poussant lesdites autorités à mettre en oeuvre un dispositif «exceptionnel» contre les «menaces de l'ultradroite et de l'ultragauche». Malgré le couac entre le moratoire sur les taxes annoncé par le Premier ministre et l'annulation, décidée quelques heures plus tard, par le président Macron, les tergiversations de l'Exécutif illustrent bien le désarroi d'un gouvernement allant de concession en concession, sans savoir comment répondre aux exigences des Gilets jaunes qui les jugent «insuffisantes» et réclament un véritable changement de cap. Ni le gel des tarifs de l'énergie ni l'annulation des hausses de taxes sur les carburants n'ont suffi à contenter les contestataires, de sorte que le gouvernement qui juge «la colère insaisissable et incontrôlable» se dit aujourd'hui prêt à des mesures de revalorisation des salaires tandis que le président Macron demeure arcbouté à son refus du débat sur l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Il est vrai qu'il s'agit là de la première mesure de son mandat à l'adresse des milieux financiers qui ont contribué à son ascension. Toujours est-il qu'à la fébrilité extrême des dirigeants tant à l'Elysée qu'à Matignon et dans les ministères directement impliqués correspond une détermination rare des Gilets jaunes, rejoints petit à petit par d'autres franges non moins en colère de la société, à tel point que le fleuve risque fort de tout emporter sur son passage!