Une baisse inquiétante Les cours de l'or noir se sont enfoncés sous la barre des 60 dollars à Londres et sous les 50 dollars à New-York. Les pays producteurs Opep-non Opep vont-ils revivre le cauchemar qui s'est dessiné vers la mi-juin 2014? C'est à cette période-là que les cours de l'or noir ont amorcé leur descente aux enfers pour se retrouver sous la barre des 30 dollars vers la mi-janvier 2016, ce qui a terriblement impacté leurs économies. L'Arabie saoudite, gros producteur mondial, et sans aucun doute parmi les pays les mieux armés pour faire face à la dégringolade des prix du pétrole, en a payé le prix fort. Elle a accusé un déficit commercial de près de 100 milliards de dollars en 2015. Le Venezuela membre influent au sein de l'Opep se trouve miné par une crise humanitaire et financière qui a provoqué un exode massif vers ses pays voisins. Quant à l'Algérie, la baisse drastique de ses revenus pétroliers a eu pour conséquence de ravager sa trésorerie. Un phénomène qui a eu raison de son Fonds de régulation des recettes et érodé significativement des réserves de changes qui sont tombées de quelque 193 milliards de dollars en 2013 à 88,61 dollars fin juin 2018. Une conjoncture qu'elle a réussi à redresser grâce au rebond des prix du pétrole, ce qui par contre l'a contraint à recourir au financement non conventionnel pour équilibrer son budget. Une option qui fait courir le risque d'engendrer une inflation galopante pour le moment magistralement maîtrisée, il faut le reconnaître. Une performance qui ne doit pas occulter la menace de plus en plus précise qui pèse sur l'économie nationale avec le niveau actuel des prix du pétrole. Hier vers 15h20 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 59, 01 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 60 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» (WTI) pour janvier perdait 68 cents à 49,52 dollars. Début octobre, il pointait autour des 85 dollars. Rien ne laissait pourtant présager une telle dégringolade, surtout qu'il était attendu que les sanctions américaines, qui devaient entrer en action le 4 novembre dernier contre l'Iran, allaient le propulser vers des sommets inattendus. Et l'on commençait à reparler d'un baril à 100 dollars. C'était sans compter sur le président américain qui a su désamorcer la bombe en assouplissant les mesures de rétorsion contre la République islamique d'Iran. Les Etats-Unis ont autorisé huit pays: la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud, l'Italie, la Turquie, la Grèce et Taïwan à continuer d'acheter temporairement du pétrole iranien. L'Arabie saoudite et la Russie, qui se sont empressées d'augmenter leur production pour pallier les exportations iraniennes, ont finalement contribué à inonder un marché déjà saturé par une production américaine record, plus de 11 millions de barils par jour. Par ailleurs le Royaume wahhabite, qui est ferré par l'affaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, ne semble pas avoir les coudées franches. Les signaux qu'il a émis, pourtant forts, n'ont pas trouvé d'écho auprès d'un marché engorgé, beaucoup plus focalisé sur une demande mondiale plutôt pas folichonne et d'une économie mondiale qui tarde à retrouver son second souffle. Une conjoncture qui a rendu inefficace la réduction de l'offre de 1,2 million de b/j décidée le 8 décembre par l'Opep-non Opep. «La stabilisation du marché du pétrole fait déjà partie de l'histoire et l'effet de la réduction de la production annoncée par l'Opep s'est entièrement évaporé», ont conclu les analystes du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. Décidément le baril ne répond plus.