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Du bon grain à l'ivraie
THEATRE EGYPTIEN
Publié dans L'Expression le 01 - 12 - 2005

Au début du XXe siècle, le théâtre égyptien a vécu une authentique épopée.
Le 1er mai 2003, la police égyptienne a saisi chez un paysan d'Isna (Haute Egypte), trafiquant d'objets antiques, la pipe, sans nul doute préférée, du sultan Sélim 1er (1466-1520). Nul ne sait comment le précieux calumet du monarque qui régna à Istanbul de 1512 à sa mort, tomba dans les griffes de Matta Fakhouri. Mais l'anecdote est de nature à inspirer maints dramaturges pour une pièce en or massif!
Contrairement au trafic d'objets anciens qui est toujours florissant dans le pays des pyramides, le théâtre égyptien n'en finit pas de mourir d'ennui, mortifié par une indigence de l'imagination et de l'écriture qui pousse les auteurs à verser dans le vaudeville. Qu'elle est loin l'époque des Tewfik al Hakim, Mahmoud Timour ou Fethi Redouane!
Né en 1869 avec une opérette de Verdi, Aïda, qui scella l'avènement de l'opéra égyptien, le théâtre des bords du Nil doit une fière chandelle à Ismaïl Al Khedioui qui réussit avec sa création à tenir l'affiche quatre mois durant, soit quelque 70 spectacles auxquels ont accouru toutes les notabilités princières et autres de la région.
Al Khedioui offrit alors leur chance à maintes compagnies et troupes artistiques naissantes afin de nourrir la variété des genres et surtout de découvrir les talents dont son opéra allait avoir grand besoin. A quelques pas de là, le Molière d'Egypte travaillait patiemment à l'émergence d'une comédie populaire qui se forgeait sur les espaces des «maqaha» devenues peu à peu des cafés-théâtres aussi connus et fréquentés que les scènes de Louxor et de l'opéra du Caire.
Yakoub Sanou fut, de ce fait, l'authentique précurseur de l'art dramatique égyptien, organisant sa propre troupe et s'inspirant de la vie quotidienne au Caire pour écrire ses comédies, avec une verve et un sens de l'observation acéré. C'est lui qui n'hésita pas à donner pour la première fois un rôle féminin... à une femme, car à l'époque, il était de tradition que des acteurs déguisés assument la chose ! Au début du XXe siècle, le théâtre égyptien a vécu une authentique épopée, avec une floraison d'auteurs et de compositeurs comme Al Kessar, Youcef Wahbi, Georges Abyadh, Al Rayhani suivis un peu plus tard par Ahmed Chawki, Aziz Abada et l'incontournable Tewfik Al Hakim, pour ne citer que les plus brillants. L'essor de la dramaturgie a permis à l'Egypte de construire une multitude de théâtres dans la majorité des villes et quelquefois même dans des bourgades isolées. Plusieurs instituts ont vu le jour, assurant aux élèves une formation de qualité moins onéreuse et plus enracinée que celle acquise par leurs aînés qui devaient se rendre en Grande-Bretagne, en France et en Italie. L'influence des théâtres européens s'est donc estompée de plus en plus vite, permettant aux trois générations de créateurs qui se sont succédé depuis, de conférer à l'art dramatique égyptien une aura incontestable dans tout le monde arabe. Surtout, les textes les plus militants, consacrés à la condition humaine, ont drainé la grande foule et éveillé les consciences politiques, suscitant un enthousiasme de mauvais aloi pour le pouvoir en place. A cet égard, on se souvient des écrits empreints du réalisme le plus vif de Saâdedine Wahba, Michel Rouhane etc... Au début des années cinquante, l'Etat a encouragé fortement cette tendance, balayant les cafés-théâtres à caractère commercial au profit des scènes galvanisées par les chants patriotiques et l'affirmation péremptoire d'un avenir radieux pour le peuple égyptien. Des chantres surgirent comme Hamdi Gheit, Karim Moutaweh, Jallal Al Cherkaoui, Saâd Ardach qui ont tous la particularité d'avoir été formés à l'étranger!
Au lendemain de la défaite de juin 1967, le théâtre vécut, comme nombre d'autres activités, un marasme profond, la mutation devenant indispensable au gré de la douleur qui poussait les Egyptiens à ne plus rechercher qu'un théâtre de distraction. Les soubresauts politiques, économiques et culturels de la société, une nouvelle fois traumatisée par le choc de la guerre du Ramadhan 1973, furent tels que l'art dramatique amorça un déclin vertigineux. Adieu l'opéra, malgré les efforts substantiels de l'Etat pour bâtir de nouvelles salles. Finies les oeuvres lyriques pour lesquelles des milliers de fidèles se bousculent et se congratulent.
Depuis, il n'y a plus eu que des pièces sans âme ni ressort, attirant un public volontiers jouisseur et volontiers canaille, des textes préfabriqués pour tel ou tel acteur et telle ou telle actrice célèbre dont les caprices déterminent les actes et les soliloques. Souvent, on a carrément sacrifié aux spectacles de cabaret (danse du ventre et mélodies sirupeuses), confinant les auteurs qui tentent de défier la logique commerciale actuelle à la plus froide des solitudes.
Combien de plumes de renom, combien de noms affichés ont cédé à la loi du show-business,
Vendant leur talent aux grossistes de la télévision et du cinéma pour n'importe quelle série dallasienne mais aussi combien d'auteurs-compositeurs ont-ils choisi, pour ultime forme de résistance, le silence et l'oubli!
A l'orée du troisième millénaire, le théâtre égyptien paraît peut-être riche mais là, plus qu'ailleurs, les apparences sont vraiment trompeuses.


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