C'est une première dans les annales de l'histoire de l'Algérie que les magistrats manifestent. La mobilisation ne faiblit pas. De nouvelles manifestations, menées notamment par des étudiants et des avocats et les enseignants des lycées, collèges et du primaire ont été organisées hier, à travers tout le territoire national. Les magistrats, qui veulent apporter leur soutien au mouvement populaire ont observé hier des rassemblements à travers plusieurs cours de justice du pays. Juges, avocats, notaires et huissiers ont manifesté, hier, devant la cour de justice de Boumerdès. À Tizi Ouzou, à Bouira, des magistrats se sont joints au mouvement de contestation. Hier, mercredi, à deux jours des désormais traditionnelles grandes marches du vendredi, des appels à manifester sont également lancés. Des rassemblements de magistrats sont prévus pour ce jeudi devant toutes les cours de justice à travers le territoire national pour afficher leur volonté de rejoindre le mouvement populaire. Des magistrats ont à leur tour brisé le mur de la peur et ont affiché publiquement leur soutien au mouvement populaire pour le départ du système et l'ouverture d'une transition démocratique. Malgré les menaces de la tutelle, magistrats, avocats, notaires, greffiers et huissiers de justice de Boumerdès, ont tenu un rassemblement devant le siège de la cour de la ville éponyme. Ils protestaient contre les annonces anticonstitutionnelles du chef de l'Etat: le report sine die de l'élection présidentielle, la rallonge de son quatrième mandat et la création d'un poste de vice-Premier ministre, non prévu par aucune disposition de la Constitution. D'autres voix, catégories sociales et corporations sont de plus en plus nombreuses à rejoindre les manifestations populaires. A titre de rappel, la première manifestation des magistrats a été signalée pour la première fois à Béjaïa où ils ont rejoint les avocats dans la protestation contre le cinquième mandat devant le tribunal de la ville. En cette occasion, des magistrats ont arboré des banderoles sur lesquelles il etait inscrit: «Les juges sont les enfants du peuple, ils jugent en son nom et ils demandent le respect de sa volonté», «non à la violation de la Constitution et à l'utilisation de la justice pour des visées de pouvoir». Les juges ont même menacé de ne pas encadrer les élections.