Blocus et raids permanents contre Ghaza Le branle-bas de combat ainsi lancé s'explique aisément par le contexte électoral de l'Etat hébreu et par la situation étriquée que connaît Benjamin Netanyahu, confronté à de sévères critiques de ses concurrents qui lui reprochent plusieurs affaires de corruption. La mise en scène est par trop hollywoodienne pour ne pas faire l'objet d'un doute. Prétextant un nouveau tir de roquette qui a «causé six blessés», l'armée israélienne a annoncé hier l'envoi de renforts dans le sud et le Premier ministre Benjamin Netanyahu a décidé d' «écourter» sa visite à Washington, où il devait parader au conclave de la principale organisation sioniste américaine Aipac, après un entretien avec son allié Donald Trump. Il a annoncé, sur le chemin du retour, une «riposte vigoureuse» à l'encontre de Ghaza, en proie depuis plus de dix ans à un blocus extrême. Le branle-bas de combat ainsi lancé s'explique aisément par le contexte électoral de l'Etat hébreu et par la situation étriquée que connaît Benjamin Netanyahu, confronté à de sévères critiques de ses concurrents qui lui reprochent plusieurs affaires de corruption alors même que les enquêtes n'ont pas encore abouti à sa comparution devant les tribunaux. Le seul argument que brandit sans cesse le chef du Likoud, devenu aussi extrémiste que les partis religieux grâce auxquels il forme une majorité très relative et un gouvernement miraculé concerne sa volonté de mener la colonisation effrénée des territoires palestiniens et une politique de la tension, pour un profit politique. Pour justifier ces manoeuvres, il suffit donc d'un tir de roquette et qu'importe si le Hamas tente par tous les moyens de clamer son innocence. Le reste suit tout naturellement car Benjamin Netanyahu qui «s'apprêtait à recevoir Donald Trump» avant de passer en vedette à la fête de l'Aipac a été contraint de rentrer «plus tôt que prévu», en Israël. Pour bien enfoncer le clou, l'armée israélienne qui accuse mordicus le Hamas d'être l'auteur de ce tir de roquette faisant six blessés à Tel Aviv livre abondamment les détails sur l'engin «qui a parcouru 120 km depuis une position du Hamas, dans le sud de Ghaza». Et c'est à partir de Washington que le Premier ministre israélien pointe «une attaque criminelle contre Israël», tout en promettant d'y «répondre avec force». Tandis que le Hamas continue de clamer son innocence, le Jihad, deuxième force armée à Ghaza, prévient qu'il ne restera pas les bras croisés en cas d'agression israélienne. Propos qui font trembler les capitales occidentales, craignant un terrible «engrenage». C'est faire abstraction de la période «hautement sensible» que représente l'actuelle campagne électorale israélienne et de l'enjeu crucial des législatives du 9 avril. En cas de défaite de Benjamin Netanyahu, c'est en effet toute la stratégie de la droite radicale, alliée de l'extrême droite religieuse et autre, qui risque de s'effondrer, à l'heure où, dans le monde, de plus en plus de voix s'élèvent au sein même des communautés hébraïques pour critiquer le va-t-en guerre permanent de Netanyahu qui affecte la quiétude des juifs un peu partout dans le monde et même aux Etats-Unis. Sans attendre le retour de Netanyahu, Israël a déjà procédé à la fermeture des points de passage reliant son territoire à l'enclave palestinienne, gravement éprouvée par les guerres successives, la misère organisée et les blocus israélien et égyptien, comme aussi il a bouclé les routes tout autour de Ghaza et interdit les activités agricoles. Autant de préludes à des centaines de frappes aériennes, comme celles de la semaine dernière, et à des bombardements pour lesquels l'armée israélienne a dépêché deux brigades en renfort et rappelé de nombreux réservistes.