Quelle belle image! Nous ne sommes pas face à un coup d'Etat où des sergents prendraient le pouvoir de force, ni devant une population qui se révolterait avec des machettes, mais devant une réponse d'une Armée nationale populaire à un appel de son peuple. «Djeich, chaâb, khawa, khawa!». Cette belle phrase lancée lors des manifestations antisystème Bouteflika a pris tout ce sens hier, à partir du poumon de l'Algérie qu'est Ouargla. En effet, l'Armée nationale populaire (ANP) a répondu aux doléances de la rue en jouant son rôle de garante de la Constitution. Le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP) a demandé l'application de l'article 102 de la constitution pour répondre aux revendications du peuple algérien et garantir ainsi la sécurité et la souveraineté de l'Etat. En prenant ses responsabilités, l'ANP va permettre une issue à cette révolution qui a ébahi le monde. Il faut dire que les millions d'Algériens qui sont sortis dans la rue depuis le 22 février dernier ont été un exemple de pacifisme et de civisme. Jamais dans l'histoire de l'humanité, une révolution ne s'est déroulée dans un tel esprit de fraternité et de solidarité. N'est-ce pas en Algérie où l'on a vu des hommes et des femmes de tout âge et toutes catégories confondues se rassembler comme un seul homme pour réclamer le départ du système? Mieux encore, les forces de l'ordre les ont même rejoints pour fêter ensemble le changement! En fait, le pays de la révolution du un million et demi de martyrs entre encore une fois dans l'Histoire avec cette révolution populaire. Car, en lançant cet appel, l'ANP ne fait que répondre à la volonté des dizaines de millions d'Algériens qui manifestent depuis plus d'un mois, d'abord contre le cinquième mandat, ensuite contre la prolongation du 4e. «La li tadjdid, la li tamdid» (non à un nouveau mandat, non à la prolongation du mandat actuel) est l'un des slogans phares de ces six semaines de révolution. Pour dire que nous ne sommes pas face à un coup d'Etat où des sergents prendraient le pouvoir de force, ni devant une population qui se révolterait avec des machettes. Le peuple a dit son mot et a choisi la voie de la non-violence. Il y a eu des tentatives de manipulation de la part de certains cercles «occultes» tels que les appels à brûler les drapeaux étrangers ou ceux relatifs à la désobéissance civile, toutefois, ils sont restés lettre morte! Les Algériens étaient déterminés à changer les choses dans la joie et la bonne humeur. Même les «bombes» qu'étaient les lettres attribuées au Président sortant annonçant sa candidature à un cinquième mandat ou celle du report des élections et le prolongement du 4e mandat n'ont pu toucher au caractère pacifique de ces marches. Cela alors que les apprentis sorciers n'attendaient qu'une petite occasion pour mettre le feu aux poudres. Mais à leur grand malheur, les Algériens ont décidé de régler cette affaire de famille en... famille! Toutefois, la multiplication des fake news, des manipulations ajoutées au facteur temps risquaient de jouer sur les nerfs des manifestans et de leur faire perdre patience. Une véritable bombe à retardement! Surtout qu'après la démonstration de force de vendredi dernier, où ils avaient bravé la pluie, la neige et le froid, aucune réponse concrète n'a été donnée par le nouveau- ancien gouvernement.