Mettre en service des unités mobiles d'intervention Le professeur Djamel Eddine Nibouche a justement pointé du doigt l'absence d'une stratégie efficiente en matière de prévention et de dépistage de la maladie coronarienne. Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité en Algérie. De plus en plus de jeunes de moins de 30 ans meurent d'un infarctus. En dépit de ce constat effrayant, leur prise en charge ne constitue toujours pas une priorité pour les autorités compétentes. Le chef de service de cardiologie de l'hôpital Nfissa-Hamoud (ex-Parnet) (Hussein Dey), Djamel Eddine Nibouche a justement pointé du doigt hier, en marge de son intervention à la Radio nationale, l'absence d'une stratégie efficiente en matière de prévention et de dépistage de la maladie coronarienne. «Nous sommes arrivés à un stade où il faut prendre des mesures urgentes et opérantes», a-t-il soutenu, soulignant que le taux de mortalité est en augmentation constante. Il signale que la raison principale de cette recrudescence revient au fait qu'il n'y a jamais eu d'études épidémiologiques vraiment sérieuses en Algérie pour illustrer en chiffres, la teneur des maladies cardiaques. Dans ce sens, l'intervenant a indiqué que d'après une étude restreinte ayant été menée au service de cardiologie de l'hôpital Nefissa-Hamoud, ex-Parnet, une moyenne de 600.000 cas de syndrome coronarien aigu ont été enregistrés au niveau national. Concernant le phénomène des jeunes de moins de 30 ans qui meurent de crise cardiaque, le praticien a expliqué qu'aujourd'hui, le danger se situe dans le temps d'exposition aux facteurs de risques. Ainsi, plusieurs facteurs entrent en jeu. Le bouleversement du mode de consommationen particulier et de vie en général, a induit la propagation de ces maladies sur le long terme. «Cela commence dès l'enfance», dit-il en précisant que la consommation précoce de sucre y est pour beaucoup, à côté du tabac avec aujourd'hui l'utilisation de la chicha jusque dans les foyers. Il relève aussi la surconsommation de graisse alimentaire qui, en plus, est de très mauvaise qualité, le tout accompagné de boissons gazeuses non contrôlées. Selon lui, il est par conséquent inévitable qu'à 30 ans, ils se retrouvent avec des complications cardiaques. Le professeur Nibouche a, par ailleurs indiqué que l'application d'une stratégie nationale de prise en charge des maladies cardiovasculaires exige «des moyens financiers colossaux». Il fait savoir que pour intervenir à temps, il faut déjà commencer par la mise en place d'un système d'intervention rapide. «Il serait judicieux de mettre en service des unités mobiles d'intervention», a-t-il préconisé. Ces unités, poursuit-il, doivent être bien organisées et mises en relation directe et permanente avec les centres d'angioplastie. Mais ce travail, dit-il reste très complexe et ce n'est pas évident d'arriver à réaliser ceci. La stratégie s'annonce, donc, des plus délicates. Selon lui, il faudrait procéder par étapes. «La première serait de faire un état des lieux des maladies cardiovasculaires dans tout le pays», a-t-il expliqué, et ce, afin de trouver les moyens adéquats pour la prise en charge des patients. C'est seulement en engageant des études sérieuses que nous pourrons actualiser les chiffres, afin de passer à autre chose.