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Les trémolos de Sellal et le visage figé de Ouyahia
Le verdict de l'affaire des ex-hauts cadres de l'état et hommes d'affaires connu aujourd'hui
Publié dans L'Expression le 10 - 12 - 2019

C'est tard dans la soirée de dimanche dernier que le juge du tribunal correctionnel de Sidi M'hamed, Lakhdar Achachia, traitant de l'affaire des ex-hauts-cadres de l'Etat et hommes d'affaires poursuivis dans le dossier du montage automobile et financement occulte de la campagne électorale de l'ex-président Bouteflika, a suspendu la séance, pour mettre en délibéré le jugement qui sera rendu aujourd'hui à 10h.
Le juge avait suivi, durant plus de 10 heures, les plaidoiries d'une dizaine d'avocats de la défense avant de donner la parole aux accusés pour un dernier mot.
Emouvants ont été ces moments où défilaient devant la barre les prévenus pour crier leur innocence et affirmer leur entière confiance en la justice algérienne. Mais le moment le plus poignant a été, sans conteste, le passage de l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Ce dernier avait, quelques heures auparavant, et juste après l'annonce de la peine d'une vingtaine d'années requise à son encontre par le procureur de la République, fait un malaise. Il avait dû, d'ailleurs, quitter la salle d'audience pour quelques minutes avant de reprendre sa place au box des accusés.
Le premier à se lever pour s'exprimer est Ahmed Ouyahia. Malgré son air fatigué et le coup de vieux qu'il a pris, l'homme reste droit et impassible. Avec un visage inexpressif, l'ex-Premier ministre et ex-secrétaire général du RND, va respecter le sens propre de «dernier mot» et du box, il se lève pour lâcher à deux reprises «je suis innocent».
La voix «larmoyante» de Sellal
Sans plus. Abdelmalek Sellal, lui, prendra quelques minutes pour implorer le juge de lui rendre «sa dignité». D'une voix tremblante et «larmoyante», l'ex-Premier ministre a commencé son intervention en suppliant le juge «je vous supplie, je vous supplie, je suis innocent! Je ne suis pas un corrompu. J'ai été conseiller au cabinet du ministère de l'Education, j'ai grandi aux côtés de Mehri et j'ai travaillé pendant 46 ans au service de l'Etat» dira l'ex-directeur de campagne du président déchu Abdelaziz Bouteflika. Il s'arrête un moment avant de reprendre de plus belle «c'est impossible, je ne suis pas un corrompu. Je jure devant Dieu n'avoir pas trahi la patrie». Il ajoute qu'il ne lui restait pas grand-chose dans cette vie insistant sur le fait qu'il est innocent «le président (Bouteflika, Ndlr) était malade et j'ai travaillé dans des conditions difficiles. Dites ce que vous voulez, mais pas que je suis quelqu'un de corrompu. Je préfère mourir plutôt que l'on dise de moi que je suis une personne malhonnête ou un voleur. Je ne suis pas un bandit monsieur le président», a encore réitéré Sellal. Rappelant l'attentat terroriste de Tiguentourine à In Amenas (Illizi) en 2013, Sellal va dire toute sa fierté de l'Armée nationale et son commandement «j'étais fier de mon armée et de son commandement. J'avais rencontré les présidents les plus importants du monde, alors, monsieur le président comment accepterai-je aujourd'hui qu'on m'accuse de corruption? Je n'ai jamais pensé que je pouvais me retrouver un jour devant vous. Je suis heureux d'être un homme simple et modeste, mais je ne suis pas malsain. Je vous en supplie rendez-moi ma considération», a-t-il encore plaidé. L'ex-ministre de l'Industrie va, à son tour, plaider son innocence en déclarant que «tout au long de la vie, j'ai servi le pays avec fidélité, transparence et probité». Dans le même sillage, Mahdjoub Bedda a rappelé que «dans ma carrière professionnelle, j'ai cumulé deux mois et demi comme ministre de l'Industrie. Je n'ai changé ni de cadre réglementaire ni d'opérateurs. Je jure devant Dieu que je n'ai jamais demandé un pot-de-vin à quiconque». Il a ajouté «je suis innocent, je demande justice car je suis une victime». Abdelghani Zalène, l'ex-directeur de campagne du 5ème mandat et ex-ministre des Travaux publics et des Transports, a remis un dossier au juge avant de dire: «Puisque vous parlez d'un procès historique, je déclare pour l'Histoire et devant Dieu que je suis innocent d'avoir participé au financement occulte de la campagne électorale. «Celui qui prouve que j'ai reçu de l'argent je suis prêt à payer. Tout au long de ma carrière professionnelle au poste de wali, j'ai porté la cause algérienne dans mon coeur, j'ai été consciencieux dans mon travail et même dans ma vie privée, j'ai toujours évité les situations compromettantes, en me privant même d'assister aux mariages et aux cérémonies de circoncision. Je demande justice», a dit Zalène ajoutant à la fin «autant j'accepte cette dure épreuve de Dieu autant j'ai confiance en la justice de mon pays».
«Quelle est donc mon erreur?»
L'ex-wali de Boumerdès, Nouria Zerhouni, qui encourt une peine de 10 ans de prison ferme requise par le procureur de la République, avait déjà montré son émoi au prononcé du réquisitoire. Face au juge qui lui demandera son dernier mot, l'ex-wali qui, remettra un dossier au président de la chambre, a commencé par dire: «J'ai juste signé un changement d'activité pour une parcelle dont j'ignorais totalement qu'elle était agricole. Je ne pouvais pas le savoir. C'est l'administration qui devait informer que le terrain était classé par le ministère de l'Agriculture», dit l'accusée avant de demander «pourquoi avoir demandé une peine de 10 ans de prison ferme à mon encontre? J'ai travaillé pendant plus de 30 ans dans l'administration avec une grande loyauté. Notre mission était de construire l'Algérie. Le travail que j'ai effectué à Boumerdès fait partie des tâches autorisées par la loi. Je demande l'acquittement et justice. J'ai pleine confiance.»
Les trois hommes d'affaires vont également demander justice et acquittement. Mohamed Baïri, le patron de l'usine Ival affirme avoir «30 ans d'expérience dans le domaine de l'importation, et je n'ai jamais eu de problème avec l'Etat, les impôts, les banques ou les douanes. J'ai investi mon argent sans faire de prêt. Je me retrouve en prison depuis 5 mois, soit plus de 4.000 heures. Quelle est donc mon erreur?», s'est-il demandé, rappelant n'avoir pas d'antécédents judiciaires ni de problèmes avec l'Etat. Ahmed Mazouz, le patron du groupe éponyme, s'est contenté, quant à lui, de dire qu'il a confiance en la justice algérienne en réclamant son innocence. Le patron de KIA, Hassane Larbaoui a insisté sur les entraves qu'il a rencontrés depuis le lancement de son usine, avant de dire: «J'ai bossé et sué pendant 20 ans. C'est grâce à mon travail que je suis arrivé à me faire un nom, je ne fais pas dans le trafic, encore moins dans le pillage». Tentant de convaincre, Larbaoui va lâcher: «Je n'ai pas vu mes enfants grandir car je travaillais» et demandera à la fin son acquittement car il n'a jamais trahi le pays. L'intervention de Ali Haddad ne sera pas longue. L'ex-chef du Forum des chefs d'entreprise, patron de l'Etrhb a juste demandé l'acquittement car «j'ai servi mon pays toute ma vie». Farès Sellal, fils du Premier ministre Abdelmalek Sellal, les trois frères Semaï: Karim, Mustapha et Sofiane, ainsi que les fonctionnaires du ministère de l'Industrie et des Mines et le reste des accusés ont tous demandé leur acquittement, plaidant leur innocence des accusations qui leur sont portées.
«J'ai servi mon pays toute ma vie»
Pour rappel, dans un long réquisitoire prononcé dans la matinée du 4ème jour du procès, le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed avait requis, des peines allant de 7 à 20 ans de prison ferme à l'encontre des accusés. Il avait alors réclamé 20 ans de prison ferme assortie d'une amende d'un million de dinars contre les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal.
La même peine a été requise par contumace à l'encontre de l'ancien ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, en fuite à l'étranger, avec émission d'un mandat d'arrêt international.
Le procureur de la République avait également requis 15 ans de prison ferme et une amende d'un million de dinars contre les deux anciens ministres de l'Industrie, Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda, Pour Mme Zerhouni, l'ex-wali de Boumerdès et Abdelghani Zalène, le représentant du ministère public a demandé 10 ans de prison ferme. La même peine a été requise à l'encontre des trois opérateurs Baïri, Mazouz et Larbaoui, ainsi qu'à l'encontre de Achour Aboud et Abdelkader Nemroud. Toutes ces peines requises sont assorties d'une amende d'un million de dinars pour chacun des accusés. La même peine de 10 ans de prison ferme a été réclamée pour Ali Haddad, son directeur de cabinet Saïd Hadj Malek, et Ahmed Ferrat, assortie d'une amende de 3 millions de dinars pour chacun. à l'encontre des trois frères Semaï, des associés de l'opérateur Mazouz, ainsi que Farès, le fils de Abdelmalek Sellal, 8 ans de prison ferme ont été réclamés, assortis d'une amende de 3 millions de dinars. Pour les six cadres du Conseil national de l'investissement et de l'Andi, le procureur a demandé également 8 ans de prison ferme. A l'encontre de quatre prévenus en fuite, une peine de 7 ans de prison a été requise, assortie d'une amende égale à quatre fois le montant des produits du crime. Le procureur a réclamé 5 millions de dinars pour chacune des personnes morales poursuivies dans cette affaire et enfin, la confiscation des biens des accusés et la privation de leurs droits civiques. Ces lourdes peines requises par le représentant du ministère public se justifient, faut-il le souligner, par les sommes astronomiques avancées par l'accusation qui parle d'un préjudice de 11 000 milliards de centimes dans uniquement le volet du financement occulte de la campagne électorale. Le procureur a donné d'autres montants, tout aussi hallucinants, en centaines de milliards, représentant les pertes causées par les agissements d'ex-responsables et hommes d'affaires.


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