En décidant de se déplacer, hier, chez Ahmed Taleb Ibrahimi, le président Tebboune cherche à démontrer la sincérité de son action d'aller vers un dialogue inclusif. Il aspire, à travers ce geste, appuyer la démarche entamée depuis l'annonce de la révision de la Constitution. En effet, Abdelmadjid Tebboune en mettant en place un Comité d'experts, présidé par Mohamed Laraba, pour revoir en profondeur le texte fondamental du pays, a ouvert les portes du palais d'El Mouradia à plusieurs personnalités politiques. Il a reçu, en premier, l'ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour mais aussi l'ancien diplomate Abdelaziz Rahabi. Hier, le président a accordé un tête-à-tête à Mouloud Hamrouche, l'ancien chef du gouvernement et père des réformes menées après les événements d'Octobre 88 avant de se rendre, en fin de journée, chez Ahmed Taleb Ibrahimi, ancien militant de la cause nationale et ministre de l'Education, de la Culture et des Affaires étrangères sous les défunts Houari Boumediene et Chadli Bendjedid. Le président a consulté toutes ces personnalités sur l'édification d'une nouvelle République répondant aux aspirations du peuple et demander leurs points de vue sur la meilleure façon de procéder à une réforme globale de l'Etat à même de consacrer la démocratie dans le cadre d'un Etat de droit préservant les droits et les libertés des citoyens. Il s'agit là de personnalités qui n'ont pas seulement soutenu le Mouvement populaire, mais qui ont également affiché leur rejet de l'élection présidentielle. Ce qui laisse penser donc que Abdelmadjid Tebboune tient fortement à associer tout le monde pour réussir le challenge de l'édification d'une nouvelle République. Il ouvre grand la porte à toutes les personnalités et figures qui ont émergé lors du Hirak et qui ont été proposées même pour diriger une période de transition, avant l'élection du 12 décembre dernier. Il s'agit là de personnalités nationales dont les portraits ont d'ailleurs été brandis durant les marches du vendredi. Les manifestants considèrent que ces personnalités sont crédibles et indépendantes étant sans affiliation partisane et sans ambition électorale pour certaines. De ce fait, si ces personnalités venaient à intégrer la démarche du Président Tebboune et du fait de leur autorité morale ou de leur légitimité historique, politique, cela va donner plus de crédit au processus du dialogue que cherche à lancer le chef de l'Etat. Faut-il rappeler qu' Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et Rachid Benyelles avaient déjà lancé un appel pour «nouer un dialogue franc et direct avec des figures représentatives du Hirak» ? Un appel qui avait été rejeté à l'époque. Ahmed Taleb Ibrahimi avec plusieurs autres personnalités ont toujours été pour une solution politique, c'est-à-dire une phase de transition où le dialogue sera mené. Mais aujourd'hui la donne politique a évolué. Va-t-il s'y adapter ?
