Pour l'instant, le problème ne semble intéresser personne. Aucun service ni aucune autorité n'a l'air de prendre au sérieux ce phénomène qui prend pourtant des proportions alarmantes. L'on craint que cette chape de plomb qui entoure ce problème ne soit rompue qu'au prix des vies humaines. Pourtant, sur le terrain, il apparaît clairement qu'il y a urgence de prendre des mesures. Les rivières subissent le déversement de tous les réseaux d'assainissement des villages et villes de la wilaya. En plus de ce phénomène, ces dernières voient chaque saison se déverser d'énormes quantités de margine provenant des huileries. Le danger est grand car la pollution de ces cours d'eau est aujour-d'hui totale. Pis encore, ce danger est signalé depuis plus d'une décennie et pourtant, aucune partie ne semble prendre au sérieux les alertes. Il semblerait que les pouvoirs publics, comme les élus, sont dans une interminable fuite en avant. Reconnaître l'existence du danger c'est en effet reconnaître l'échec de toutes les politiques d'urbanisation de la wilaya. En effet, les réseaux d'assainissement des eaux usées de tous les villages et des centres urbains sont dirigés vers les rivières. Depuis plusieurs décennies, aucune autre solution n'est prise au sérieux. Sauf que l'on oublie ou on feint d'oublier que ces rivières sont les confluents qui alimentent les bassins d'où viennent les eaux potables consommées par les populations. Elles sont également la source d'irrigation de l'agriculture. Pis encore, ces dernières années, le phénomène prend de l'ampleur au point de polluer le plus grand barrage qui alimente plusieurs régions du pays. Le barrage de Taksebt reçoit les rejets ménagers de sept communes situées sur ses hauteurs. Par ailleurs, parallèlement à cette pollution des rivières et des barrages par les eaux usées, les pouvoirs publics et les élus observent sans réagir la pollution de ces mêmes eaux par la margine qui se déverse depuis les 450 huileries réparties à travers la wilaya. Pourtant, l'acquisition de ces machines à triturer l'olive est conditionnée par la nécessité de procéder à l'élaboration de bassins de décantation. Une clause qui ne semble pas être respectée par la grande majorité des propriétaires. Malgré les mises en demeure et les multiples appels de la direction de l'environnement, le problème persiste et devient de plus en plus général. Enfin, il convient de mettre en évidence le rôle quasi inexistant des élus locaux dans la protection des rivières. Non seulement ils n'interviennent jamais, mais ils continuent à réaliser des réseaux d'assainissement des villages en les déversant dans les rivières. Ce phénomène s'apparente à solutionner un problème dans l'immédiat en créant un autre plus dangereux pour les futures générations. Les conséquences de ces pratiques commencent déjà à apparaître et l'on observera leur recrudescence dans les années à venir.