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«Nous manquons de formation...»
Salim Ddada secrétaire d'état charge de la production culturelle
Publié dans L'Expression le 09 - 06 - 2020

Organisée par le secrétariat d'Etat chargé de la Production culturelle, en partenariat avec l'Unesco, à travers le mouvement culturel mondial «ResiliArt», la troisième et dernière visioconférence toujours placée sous le thème «L'artiste entre créativité et résilience» a eu lieu samedi 30 mai, à quelques jours de la tenue de la célébration de la journée de l'artiste qui correspond au 8 juin. Rappelons que cette «consultation internationale multipartite sur la situation de l'artiste face aux crises» se veut rassembler un maximum de données entre échanges et partages avec de nombreux artistes algériens en vue d'établir et peaufiner les réglementations de la loi de l'artiste qui est censée être promulguée prochainement. En préambule et comme d'habitude, le mot d'ouverture a été donné par Salim Dada secrétaire d'Etat chargé de la production culturelle, musicien, compositeur, musicologue et chef d'orchestre fondateur de l'Orchestre des jeunes d'Algérie. Ce dernier mettra l'accent sur la jeunesse en vue de connaître leur parcours, mais aussi leurs entraves qui les empêchent de passer du stade d'amateur à celui de professionnel en Algérie, arguant que «l'art est une profession» tout en reconnaissant le manque de formation en ce sens en Algérie. Modérée par Rachid Briki et Abdelmoumen Haoua du cabinet du secrétaire d'Etat chargé de la Production culturelle, cette rencontre a été étrennée par l'intervention de Yahia Mouzahem, réalisateur et producteur de cinéma et audiovisuel. Evoquant son parcours, il soulignera être autodidacte et avoir appris le cinéma sur le terrain en passant par plusieurs étapes comme comédien, régisseur, assistant réalisateur, puis travaillant dans la pub, la télé, la production etc. «J'adore l'image. J'ai fait beaucoup de stages en scénario, des master class. Il faut étudier. On apprend continuellement» et d'estimer être «déçu» aujourd'hui vu la situation du secteur de l'audiovisuel qui prévaut en Algérie et d'estimer «on avait de grands rêves. Je ne suis pas encore arrivé là où je voulais. Je travaille selon mes moyens.».
Entre tâtonnement et désir d'élévation
Et de faire remarquer: « Je souhaite l'ouverture des salles de cinéma et laisser le public juger nos oeuvres. Nos films doivent être vus par le public algérien d'abord». Néanmoins, a-t-il ajouté: « Il ne faut pas désespérer, mais travailler sans s'arrêter.» Pour Ahmed Khemis, danseur chorégraphe, fondateur du Ballet de la danse contemporaine de la wilaya d'Alger «l'artiste doit se battre pour exister! C'est toujours un combat pour avoir un contrat par exemple.»Apres avoir fait le tour de son riche parcours, Ahmed Khamis plaidera pour la prise en charge de ses danseurs dont la plupart viennent de régions différentes du pays et se retrouvent face à la crise du Covid-19, abandonnés, du jour au lendemain. «Les danseurs recevaient un salaire. La plupart d'entre eux louent et se retrouvent dans des situations précaires. Il faut sauver ces élèves. Ce sont les prochains danseurs et chorégraphes de demain. Aussi, il faut ouvrir les lieux pour la formation et multiplier les représentations car travailler toute l'année pour donner une seule représentation d'un spectacle ou deux ça ne suffit pas», a-t-il regretté. Quasiment même son de cloche de la part de Nadjib Gamoura, musicien, preneur de son mixeur et technicien de mastering à propos de la formation et le manque de visibilité professionnelle sur un agenda à l'année, excepté le mois de Ramadhan ou l'été où c'est superchargé. Nadjib Gamoura proposera de laisser les musiciens jouer en organisant eux-mêmes des concerts de proximité. Il appellera aussi à la création d'un système déjà existant en France, à savoir l'intermittence du spectacle qui assure un minimum de revenus à l'artiste au-delà des acquis de la carte de l'artiste. « En matière de formation, on est bien en retard par rapport à ce qui se fait dans le monde. Il faut se frotter à des musiciens professionnels, faire des stages en dehors du cursus académique, avoir accès à des espaces de répétition, notamment profiter des espaces vides pendant les vacances, avoir accès à des espaces d'expression libres, des espaces de rencontre et d'apprentissage etc.
L'art et la manière
Leila Touchi, comédienne et enseignante de théâtre, présidente de la coopérative culturelle «MassArt», abondera dans le même sens à propos de la formation, arguant que cette dernière est très importante, tout en déplorant l'absence des stages qui se faisaient au niveau du TNA à chaque festival et ce, par manque de budget. Elle plaidera quant à elle, pour le théâtre de rue qui s'avère être très pédagogique et bénéfique lorsqu'il y a échange spontané et direct avec le public. Aussi, elle se demandera pourquoi n'a-t-elle pas le droit de monter un café théâtre comme cela se fait ailleurs. Et de dénoncer le manque de salles de cinéma et de bibliothèques dans les quartiers et de finir son intervention par cette phrase assez pertinente: «Jusqu'à quand cette peur vis-à-vis de l'art?»Amine Soufari, pianiste, compositeur, chef de choeur et d'orchestre, détenteur d'un master en musicologie «recherche et création» fera le tour de son parcours qui l'a mené de Laghouat, en passant d'Alger puis Marseille et ce grâce au soutien et conseils de Salim Dada. «J'ai eu une bourse d'études et je suis parti faire une licence en musicologie en France. Je voulais être chef d'orchestre et diriger des ensembles... Je réalise aujourd'hui à Marseille des choses que je voulais réaliser en Algérie. Là je suis très épanoui. Je continue à faire des stages et à composer de la musique. Il faut sensibiliser les gens à l'importance de la formation. Il faut penser aussi à former un musicien polyvalent et autonome dans sa relation à la musique, dans le choix de ses goûts...» Kenza Mebarki, journaliste, poétesse, auteure théâtrale, enseignante en journalisme à l'Itfc a, quant à elle, insisté pour qu'on mette en place «une loi qui protège la dignité de l'artiste afin de gagner davantage de respect de la part du public. La loi parfois ne suffit pas...» Abdelhalim Bedrane, écrivain, bloggeur et activiste social évoquera son expérience en tant qu'écrivain interactif qui pratique des lectures de ses écrits en langue arabe sur YouTube tout en évoquant le piratage dont il a été victime de la part de son propre éditeur et de relever le manque de solidarité qui existe, y compris dans le milieu artistique. Mouna Bennamani, artiste plasticienne a, à son actif, plusieurs expositions en Algérie et à l'international, fondatrice de l'agence Mood & Moob, pointera du doigt plusieurs points des plus intéressants et qui font défaut dans le secteur culturel et artistique en Algérie. En premier lieu...la formation aux métiers qui gravitent autour de l'artiste, à savoir le médiateur artistique, le managment culturel,le curator etc. Relevant le fait qu'elle a fait le choix d'être une artiste plasticienne indépendante, elle relèvera la méconnaissance du cadre juridique qui pose vraiment un problème et cela chez beaucoup d'artistes qui se font souvent avoir... «Il y a des artistes qui sont exploités et par le privé et par le secteur étatique ce qui est encore plus grave», a-t-elle souligné.
Des stages et des espaces pour les artistes
Et d'ajouter: « On parle des droits d'auteurs et droits voisins, mais est-ce que tous les artistes sont sensibilisés à ça?» et d'expliquer avoir monté une entreprise avec son mari, ce qui «est plus facile à faire qu'une association» afin de pouvoir « donner un cadre légal et administratif à tous les projets que nous menons et ce, avec beaucoup de difficultés à monter en tant qu'artiste indépendante.» Elle citera la résidence artistique Maaen qui a démarré en juillet dernier à Dar Abdelatif «après trois ans de lutte continuelle». Et de dénoncer le manque de soutien de la part des sponsors privés ou l'aide de la société civile qui se doit d'être connectée avec l'artiste en travaillant justement dans des lieux d'art de proximité, en citant l'exemple des Ateliers sauvages de Wassila Tamzali.
«La dynamique doit venir selon moi, du bas vers le haut et non pas le contraire. Les instituions étatiques doivent jouer le rôle de facilitatuer, d'encadreur, mais surtout pas de producteur.» Et de citer un autre point important,: «L'école des beaux-arts forme des artistes, mais ne leur apprend pas à monter un projet artistique ficelé, à le budgétiser...Nous souffrons d'amateurisme dans le secteur culturel». Et de renchérir: « Les artistes sont formés à leurs métiers, mais pas à monnayer leur carrière ou défendre leurs projets. La question de la formation est fondamentale. Il faut créer ces métiers. C'est une nécessité. Il faut aussi un espace de travail, des lieux de création alternatifs, réhabiliter des vieux marchés par exemple, des usines, des friches et monter des villages artistiques dédiés à des stages par exemple, des lieux de production comme les voutes qui sont fermées. Ainsi, on peut créer des emplois et de la richesse. Les artistes seront connectés avec la population continuellement». Abondant dans le même sens, Amal Mihoub, artiste plasticienne, enseignante d'histoire d'art et géographie du tourisme, fondatrice de la galerie d'art «Le Paon» à Alger, insistera sur le rôle de la communication qui se doit de promouvoir les artistes, notamment par les galeristes, mais aussi à instruire et éduquer les enfants à l'art dès l'école. Hamza Al Djazairi, scénariste et assistant-réalisateur critiquera pour sa part, le manque de déontologie dont font preuve les chaînes de télés en remettant en cause la qualité de leur programmation et leur dépassement en invitant les responsables à punir ces chaines qui donnent à voir, selon lui, des choses de bas niveau. Evoquant pour sa part le lynchage que des jeunes artistes algériens ont subi sur les réseaux, suite au vandalisme d'une fresque appartenant au bien public, à Alger, par des ignorants incultes, Nesroun Bouhil, organisateur d'événements culturels et chargé de la communication au sein de l'Ogebc, dira qu'il faudrait trouver les mécanismes pour sauver et combattre ces pratiques. «Il y a un combat à mener pour réveiller les esprits» dira-t-il. Et d'ajouter que l'Ogebc est ouverte à tous les artistes en prenant par exemple le film La dernière Reine dont le tournage se fera en partie dans des ruines historiques, un patrimoine protégé et sauvegardé par le ministère de la Culture, auquel appartient ce même organisme étatique (l'Ogebc). Enfin, Florisse Hendschel, représentante de l'Unesco et de la Convention de 2005 pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles dira avoir entendu toutes les propositions des artistes algériens, avec attention en prenant acte de tout ce qui a été dit. « J'ai appris énormément». a-t-elle fait savoir.


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