À Baïnem, se situe le grand tribunal de Bab El Oued (cour d'Alger) qui semble-t-il, ne connaît pas de problèmes, notamment celui de l'accueil au guichet unique, là où des centaines de citoyens passent des moments encourageants pour tout le monde. Pourtant, l'exemple «d'en haut» ne semble pas honorer les chefs du tribunal de Bab El Oued et de la cour d'Alger, le ministère de la Justice et par ricochet, Belgacem Zeghmati, le ministre appelé pourtant à la rescousse, pour changer de fond en comble l'appareil judiciaire, dépecé par à-coups et donc décrédibilisé, désarçonné et envoyé paître ailleurs, avant l'arrivée du ministre qui portait en lui, un programme lent à déployer, mais efficace à moyen et long terme. La semaine dernière, Me Fayçal Djediat monte au premier étage, et se dirige droit au bureau du président du tribunal, dont on disait pourtant, beaucoup de bien, et demande à la secrétaire, à voir le chef du tribunal. La femme prend alors des airs de faiseuse de miracles, et pose la question qui aurait fâché le plus calme des défenseurs: «Vous voulez voir monsieur le président? c'est pourquoi, s'il vous plaît?» Alors là, mes amis, le jeune avocat perd de sa superbe, sa face change de couleur et il répond sans faire attention aux gens qui attendaient dans le couloir, leur tour pour entrer! «Madame, j'ai demandé à voir le président, en quoi vous regarde l'entrevue? Soyez gentille, transmettez seulement le message, le reste ne vous regarde pas mais alors pas du tout!» dit le jeune conseil, en maîtrisant sa (légitime) colère. La secrétaire entra, resta un bon moment, avant de ressortir, invitant l'avocat à entrer. Mais, ô rage, ô désespoir! avant même de refermer derrière lui la porte, le président s'écria à gorge déployée: «Restez là où vous êtes, maître!». Le sang de l'avocat ne fit qu'un tour. Il rétorqua du tac au tac face au président qui venait de franchir toutes les règles de bienséance: «Savez-vous que je suis un enfant du partenaire privilégié de la justice? Alors, considérez-moi comme tel, je ne suis encore moins un «khammès» à votre service... Et puis bon, je vous salue!» Et l'avocat de redescendre les marches comme quelqu'un qui aurait à ses trousses un carnassier! Arrivé en peine salle des «pas perdus», l'avocat fut félicité par un ancien collègue, lorsque tout à coup, le président du tribunal, blême, montra le bout du nez. Il accéléra le pas et arriva au niveau de Me Djediat qui écouta religieusement le mea culpa du responsable. L'avocat accepta volontiers les excuses du président et se dirigea quelques minutes plus tard, vers la sortie, le document en question en main.