Des codes du service militaire et des personnels de la réserve sont en préparation. L'ordonnance n°06-02 relative au statut général des personnels militaires prévoit une limitation d'âge de 64 ans aux généraux de corps de l'armée, de 60 aux généraux majors, de 56 aux généraux, de 53 aux colonels, de 48 ans aux lieutenants-colonels, de 45 ans aux commandants, de 38 aux capitaines, de 33 aux lieutenants, de 30 aux sous-lieutenants, de 48 aux adjudants-chefs et de 44 ans aux adjudants. Le texte qui est entré en vigueur, depuis sa promulgation le 28 février dernier, vient rétablir l'ordre dans l'institution militaire dans le sens d'une meilleure professionnalisation. Il fixe les modalités de recrutement, de nomination et d'avancement des officiers et sous-officiers de carrière. «Les officiers sont recrutés exclusivement sur concours par la voie des écoles militaires d'élèves officiers» (art 110), pour les officiers. «Le recrutement des sous-officiers de carrière s'effectue exclusivement sur concours, après étude des dossiers, parmi les sous-officiers contractuels en activité de service»(113) pour les sous-officiers. Le sous-officier contractuel recruté «par reconversion du service national est astreint à une formation complémentaire». La nouveauté concerne l'introduction de contrats de courte durée renouvelables, selon le voeu de l'intéressé ou des besoins du corps d'armée auquel il appartient. Outre les dispositions relatives à la discipline, l'avancement , les obligations, la protection sociale, l'activité, l'ordonnance spécifie la formation qui est «un droit et une obligation» et qui peut avoir lieu en cours de carrière. «Elle est prise en compte dans le calcul d'ancienneté et dans le grade au niveau de l'avancement». Selon le général Ghédiri, directeur des personnels du MDN,cité par la revue El Djeïch, «ce nouveau statut procède également de la nécessité d'harmoniser les dispositions législatives qui régissent la situation statutaire des militaires avec la loi fondamentale du pays». Il annonce la préparation d'un code du service national ainsi qu'un autre relatif aux personnels de la réserve. Il est également question de création d'un conseil supérieur de la fonction militaire, «avec tout ce que ce conseil sous-tend comme consécration du droit au sein de notre armée», explique-t-il. Le nouveau texte a établi des dispositions spécifiques aux femmes qui deviennent désormais partie prenante de l'ossature de l'ANP. Il obéit enfin au souci de professionnalisation de l'armée qui n'est pas une chimère. Selon le général Ghédiri, ce texte est le fruit de débats, de séminaires et de réflexion au sein de l'institution. Rappelons qu'un pays comme la France qui dispose de l'arme nucléaire (arme dissuasive) avait élaboré un texte similaire pour plus de professionnalisation de ses troupes. L'objectif était de parvenir à constituer une armée d'élite dotée d'une haute technologie, en la délestant des troupes budgétivores. Le constat est fait. Les troupes sans formation et aptitudes techniques performantes ne servaient à rien. La guerre menée par les Américains, lors de l'invasion de l'Irak, a prouvé que la suprématie de l'aviation a un mot à dire sur le déroulement des opérations. Il va sans dire que, sans le concours d'une marine forte, les troupes ne sont que chair à canon. L'armée algérienne est animée par les mêmes soucis d'adaptation aux nouvelles technologies militaires et à la professionnalisation. Il est loin le temps des deux millions d'hommes de troupes irakiens -claironnés sur les toits avant la première guerre du Golfe - et qui ont été montrés sur les écrans de télévision du monde entier, déguenillés lors de la débâcle sous les tirs croisés des chasseurs et des porte-avions.L'ANP fait sa mutation comme toutes les armées du monde. A l'ère de l'Internet et des frappes chirurgicales, aucune armée ne peut tenir si elle ne dispose de hautes technologies et de professionnels aguerris. Finie la guerre des tranchées de Borodino. La professionnalisation de l'armée est une question vitale pour l'Algérie. Autant s'y mettre tout de suite.
