Paradoxe. Le marché ne répond pourtant pas à une logique économique indéniable: Plus une ressource est abondante, moins elle est chère. Le prix de la viande atteint des sommets malgré cette conjoncture qui aurait dû jouer logiquement en faveur de coûts moins élevés ou enregistrer pour le moins un recul sensible de son niveau inaccessible, actuellement pour les petites bourses. Les ménages à revenus modestes ayant vu leur pouvoir d'achat se détériorer avec une flambée des prix aussi exceptionnelle qu'inattendue qui a élevé les produits de large consommation au rang de produits de luxe. Celui de la sardine étant édifiant à plus d'un titre. Il faut souligner à ce propos que son prix a même dépassé à un certain moment celui de la viande. Une singularité qui caractérise nos marchés en général, dominés par les spéculateurs et des barons en tout genre qui ont la mainmise sur certaines filières dont ils ont fait leur pré carré au grand dam des pouvoirs publics impuissants. Le cheptel ovin qui a connu une augmentation significative n'échappe pas à ce phénomène. À combien de têtes se chiffre-t-il? «Le nombre du cheptel ovin en Algérie s'est accru en dépassant 29 millions de têtes l'année écoulée, contre 28 millions environ durant les dernières années», a indiqué Leila Toumi, sous-directrice chargée du développement des filières animales au ministère. Quelles en sont les raisons? «Il y a eu beaucoup moins d'abattage durant l'année précédente par rapport aux années d'avant du fait de la conjoncture sanitaire», a-t-elle expliqué dans une déclaration à l'APS. La fermeture des marchés de bétail, l'interdiction des fêtes de mariage, l'évitement des cérémonies de funérailles et la fermeture des restaurants sont autant de facteurs qui ont contribué à l'accroissement du cheptel ovin, selon cette responsable. «Le marché du bétail a beaucoup souffert des conséquences de la pandémie du Covid-19, et les méventes cumulées tout au long du confinement sanitaire ont fait que l'effectif du cheptel augmente» a indiqué de son côté le président de la Fédération nationale des éleveurs (FNE). Djilali Azaoui. Des facteurs qui n'ont cependant pas contribué à faire baisser les prix malgré une offre pléthorique avec des prédispositions à l'exportation. «La production nationale en viande ovine a toujours été importante par rapport à la demande et il y aurait même, selon lui, un excédent à exporter si les moyens logistiques avaient été disponibles.» reconnaît le patron de la FNE. Une situation kafkaïenne! Comment expliquer,en effet, dans ce cas les prix exorbitants atteints par les prix des viandes ovines? Cette hausse serait due aux spéculateurs et aux vendeurs occasionnels qui se convertissent en marchands de bétail, notamment à l'approche des grandes occasions. Le président de la Fédération nationale des éleveurs jure ses grands dieux: «Ce ne sont sûrement pas les éleveurs ni même les maquignons, qui sont derrière cette hausse des prix», affirme-t-il tout en assurant que les maquignons ont toujours été les partenaires des éleveurs en les aidant à placer leur bétail sur le marché avec des marges bénéficiaires «raisonnables». Le marché est incontestablement gangrené par plusieurs intervenants. Chaque groupe tire les ficelles vers lui. Ce qui laisse comprendre que l'on n'est pas sorti de l'auberge. Avec de surcroît l'aliment de bétail qui a dépassé les 4 000 dinars le quintal, les pertes induites par 8 mois de confinement, il ne faut probablement pas s'attendre à un prix du mouton de l'Aïd bon marché.