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«Les mémoires sont inconciliables»
8 MAI 1945 YACEF SAÂDI À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 08 - 05 - 2006

Cet événement a eu un impact considérable sur l'état d'esprit des militants algériens.
L'Expression: Le 8 mai 1945, l'armée coloniale française a commis de véritables massacres dans plusieurs villes de l'Est algérien. Quelles ont été les réactions?
Yacef Saâdi: Des réactions, il n'y en a eu aucune. L'ampleur de la répression, la sauvagerie de la soldatesque coloniale, secondée par des colons déterminés à exterminer toute tentative de revendication des indigènes que nous étions, n'ont pas suscité une quelconque condamnation, que ce soit du côté des Américains, des Russes ou d'autres puissances. C'était le massacre à huis clos. Pour des faits similaires qui se seraient déroulés dans un autre pays, nul doute qu'on aurait vu une vague d'indignation internationale de grande ampleur. Mais pour le peuple algérien, il n' y eut qu'un silence assourdissant.
Il faut cependant relever que cet événement a eu un impact considérable sur l'état d'esprit des militants algériens qui ont compris, définitivement, que seule la lutte armée pouvait conduire au recouvrement de la dignité et de la souveraineté. Le 8-Mai, de ce point de vue, a joué un rôle positif de catalyseur puisque le recrutement des futurs combattants du FLN-ALN s'en est trouvé grandement facilité.
Que vous inspire le débat en France sur le rôle positif de la colonisation?
Tout d'abord, je veux souligner que le président Bouteflika a eu mille fois raison de parler du génocide de l'identité nationale. C'est là une stricte vérité. Ensuite, je vous dirais que depuis 1962 à ce jour, la France ne nous a fait aucun bien. De là à prétendre qu'elle nous en a fait avant 1962, durant la guerre et plus largement durant la période coloniale, c'est une galéjade. Les meilleures terres spoliées, le peuple réduit à la misère, au servage et à l'analphabétisme, notre identité niée et falsifiée. S'il y a eu des bienfaits de la colonisation, c'est pour les transfuges miséreux que l'armée coloniale a ramenés dans ses bagages et qui ont été dotés des terres et des biens des Algériens réduits au statut d'indigènes. Ils disent être venus pour nous civiliser ! Or, la terre algérienne embaumait le jasmin et les roses, il y avait une élite, une culture, un patrimoine, une très grande richesse, d'importantes réserves d'or. C'est la convoitise qui a guidé les pas de l'envahisseur français. A cette époque, l'océan appartenait à l'Angleterre et la France végétait dans une misère économique et sociale inquiétante. Il fallait trouver une terre et des richesses à conquérir pour, à la fois, s'enrichir et se débarrasser d'une partie de la population. L'Algérie était toute désignée et c'est de cette ambition qu'a découlé le prétexte du coup d'éventail. La France pensait qu'elle ne rencontrerait en Algérie qu'une faible résistance face à des Turcs secondés par des mercenaires. Mais elle a découvert la résistance de l'émir Abdelkader et de beaucoup d'autres jusqu'au 1er novembre 1954.
Les partisans de la glorification du colonialisme se référent aux écoles, aux routes, aux hôpitaux que la France a laissés.
Moi, je me réfère à d'autres vérités, autrement plus vérifiables. Le 20 juin 1957, quatre patriotes algériens, quatre martyrs de la guerre de Libération nationale, Mohand Bellamine, Hamida Radi, Boualem Rahal et Saïd Touati ont été guillotinés. Le 1er à 3h25, le second à 3h26, le troisième à 3h27 et le quatrième à 3h28. Je vous laisse imaginer la scène. A une minute d'intervalle, les combattants algériens étaient décapités. Ils n'ont pas été en effet les seuls, d'autres ont subi le même sort, dans les mêmes conditions barbares. C'est cela le bienfait de la colonisation, M.Douste-Blazy? Les militants qui se sont engagés dans la lutte armée pour l'indépendance savaient à quoi s'en tenir sur les risques encourus. Arrêtés, ils pouvaient être fusillés comme cela aurait été fait par toute force occupante, et comme l'ont fait les nazis, notamment à Oradour-sur-Glane. Mais cette barbarie...
Et les hauts faits d'un Aussaresses qui larguait de l'hélicoptère des prisonniers enchaînés à un bloc de pierre, crimes dont il se vante effrontément en 2002 . Etc, etc...
La page du passé n'est donc pas tournée. Mais il y a un Traité d'amitié qui doit être signé par les deux pays?
Nous avons tourné la page, depuis longtemps. Depuis 1962, en fait. Nous avons vaincu, grâce à Dieu. L'Algérie est souveraine et elle n'a rien à voir, aujourd'hui, avec le pays exsangue, libéré de la colonisation. Mais, de l'autre côté de la Méditerranée, il y a toujours des nostalgiques du colonialisme qui n'ont pas fait le deuil de la perte des colonies.
Parler dès lors d'un Traité d'amitié, c'est parler d'une fausse amitié. Ce traité, c'est un miroir aux alouettes. Si c'est pour obtenir une coopération plus franche et plus massive, faisons le bilan. En 50 ans, qu'est-ce qui a été réalisé par le partenariat algéro-français? Si la France avait été sincère, nous aurions une avance considérable en matière de développement. Ce n'est pas le cas.
Aussi, je pense qu'il faut consolider la coopération économique tout en se rappelant que les mémoires sont inconciliables. Il est de notre droit, et de notre devoir, d'écrire notre histoire telle qu'elle est, avec nos souffrances, nos épreuves, nos sacrifices, sans aucune concession.


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