À l'aune des tractations et des négociations qui se trament autour du nouveau gouvernement issu des législatives anticipées du 12 juin de l'année en cours, la classe politique accorde ses violons au rythme de cette nouvelle situation. Le gouvernement Djerad va céder la place à un gouvernement qui reflètera la réalité de l'urne. La composition dudit gouvernement sera peaufinée sur la base des compromis et des concertations avec les partis et les indépendants pour trouver la forme et la formule idoines pour mettre en place un Exécutif qui tiendra compte des équilibres politiques en cours. L'appellation importe peu étant donné que le processus électoral a annoncé son «oracle». Mais l'enjeu sera déterminé par la force politique qui détient le sésame qui va permettre à ce gouvernement de se constituer en bonne et due forme et loin de tous les tiraillements et des pressions visant à monnayer la position de ladite force en contrepartie d'une rente politique. Le cas du Mouvement de la société pour la paix (MSP) est édifiant en la matière, il est en position de faiseur de «rois» quant à la formation d'un gouvernement où ce dernier pourrait imposer ses desiderata et ses conditions au préalable. Ce mouvement, qui a connu ce genre de situation dans le passé, est maintenant prêt à reproduire les mêmes procédures et démarches lui permettant de se projeter comme force «participative» dans un gouvernement dont l'appellation importe peu. Qu'il soit un gouvernement d'unité nationale ou celui de coalition, le MSP vise surtout l'emplacement et le repositionnement à nouveau sur l'échiquier politique d'une manière effective en glanant des portefeuilles au sein du futur gouvernement. L'expérience a montré que le MSP joue sur plusieurs cordes, il ne rate pas l'occasion de profiter des jeux du pouvoir pour se positionner en tant que force présente au sein des rouages des institutions de l'Etat en étant toujours sur le qui-vive avec sa politique de l'entrisme. Depuis 1997 à nos jours, le MSP n'a fait que reproduire la même rengaine consistant à changer de discours, formellement, sans pour autant que le fond de son mode opératoire connaisse un changement notable. C'est dire que le jeu de la duplicité et de la versatilité cher au MSP n'est pas nouveau, il date depuis l'époque du règne de fondateur, Mahfoud Nahnah en passant par la période de Aboudjerra Soltani et arriver à l'ère de Abderrazak Makri. Cette stratégie de l'entrisme a servi comme alibi au MSP pour justifier sa présence au sein d'un gouvernement sans pour autant développer un discours réaliste en reconnaissant qu'il fait partie intégrante au sein du pouvoir à travers son «participationnisme». Le MSP a participé dans tous les gouvernements post-crise institutionnelle lors de l'arrêt du processus électoral du 12 janvier 1992. Depuis, le MSP n'a pas cessé de développer des alliances avec les partis majoritaires au point que celles-ci ont pris un caractère officiel estampillé par le sceau de la présidence de la République au nom de l'Alliance présidentielle. C'est dire que le MSP trouve toujours des explications fantaisistes à ses prises de position dont l'implication au sein des institutions de l'Etat à travers l'Exécutif est avérée et tangible. La formation du futur gouvernement sera caractérisée par cette expérience d'une alliance présidentielle élargie et renforcée par d'autres invités «surprises» qui ont été poussés par l'urne lors des élections législatives anticipées du 12 juin dernier. Le Mouvement de la société pour la paix fera en sorte de jouer le jeu de manoeuvre dans l'objectif de convaincre le pouvoir réel de sa volonté d'être une partie prenante d'une démarche politique dans un gouvernement où sa part sera renforcée et consolidée, une manière de rompre avec ses précédentes expériences dans le cadre d'une alliance présidentielle.