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Un coup de maître!
74e Festival de Cannes
Publié dans L'Expression le 10 - 07 - 2021

On avait considéré à la sortie de «Platoon» (1986) que l'Amérique tenait enfin son film sur la guerre du Vietnam. Oliver Stone montrait pour la première fois comment les USA s'acheminaient vers la défaite face aux résistants vietcongs, en décrivant avec maints détails, la descente aux enfers des soldats américains, infernale et irréversible. Certes il y a eu bien après «Apocalypse Now» de F.F. Coppola, une adaptation libre (et très réussie) du «Coeur des ténèbres» de Joseph Conrad. Du coup, l'adjectif conradien est devenu une étiquette accolée avec plus ou moins d'à propos à cet exercice d'introspection qu'imposait ce genre de guerre mené contre un ennemi aussi invisible que dévastateur. Et c'est dans cette direction aussi qu'il faudra aller chercher les clés pour comprendre le cheminement mental de l'officier Onoda, jeune et brillante recrue de l'armée impériale de Hiro Hito, l'empereur au pouvoir divin pour la nation japonaise dans sa globalité. D'abord il faut savoir que Onoda a bel et bien existé et que sa célébrité il ne la tient par ses faits d'armes (peu nombreux) sur une petite île des Philippines d'où l'armée du général Mac Arthur et le Pentagone voulaient les déloger. Ce jeune Japonais formé par un service parallèle en marge de l'armée régulière est entré dans la légende victime de sa propre croyance (proche du fanatisme) en la puissance de son empereur et de la grandeur supposée de son pays, qui s'était distinguée jusque-là par un violent comportement impérialiste dont firent les frais les pays voisins, comme la Corée, par exemple... Et c'est là que se situe le mérite du jeune cinéaste français Arthur Hariri, qui fit montre ici d'un sens aigu de l'analyse «comportementale» afin de cerner au plus proche, l'état d'esprit de son personnage principal, Onoda. Et c'est sans doute dans ces interstices aussi que se trouvent les rais de lumière qui ont guidé notre perception du film, sans éprouver la moindre envie de décrocher, malgré les 169 minutes d'images et de sons. C'est Gilles Deleuze qui est alors convoqué pour mieux saisir cette image-temps qu'il a si bien cernée: «L'image-temps ne supprime pas l'image mouvement, elle renverse le rapport de subordination.»
Une frontière fluctuante
«Mon obsession - avec mon frère chef opérateur - était d'attraper quelque chose du réel; dans le film, il y a deux espaces-temps qui cohabitent: d'un côté celui des villageois, ouvert sur l'extérieur et pris dans une chronologie dont les dates scandent les étapes; de l'autre celui d'Onoda, fermé par le contour de l'île, dans lequel le temps est cyclique et constitue une stase qui évolue très lentement. Entre les deux, s'établit une frontière qu'Onoda frôle régulièrement pour se ravitailler, mais qu'il refuse de franchir totalement. Enormément de scènes du film sont construites sur ce principe d'un champ-contre-champ presque irréconciliable», confie Arthur Hariri comme en résonance du propos du philosophe Deleuze.
Onoda et son groupe, réduit à quatre soldats en guenilles, vont être nos cobayes pour cheminer à travers la jungle qui occupe l'île, par pans entiers. Hariri avec la bienveillance d'un chirurgien dissèquera les situations en mettant constamment à nu leur schéma mental pour montrer ce qui était possible de voir, mais sans, apparemment, aucune envie de démontrer quoi que ce soit. Dans la démonstration il y a souvent propension à la raison. Et la maturité dont fait preuve le cinéaste français maintient à une intelligente distance, des rives du jugement. Rien (ou presque) n'est expliqué, ici on montre sans rien démontrer. La cinéaste prouve aussi au passage qu'il est aussi un homme d'images qui en maîtrise suffisamment le sens. Dans «Onoda» c'est le décor fait de jungle et de trombes d'eau, nous sommes dans une zone abonnée aux moussons qui vont décider, en très grande partie, de la chronologie des évènements et de leur dureté. Se retrouvant au final seul, Onoda sentira encore plus la trace de ces entraves que la nature et le climat qui en seraient son corps et son âme.
Hiro Hito dans la jungle
Il avait débarqué, en février 1945 sur cette île avec une consigne, ne pas mourir. Et il aurait pu penser qu'il avait atteint cet étrange et paradoxal but, puisque la guerre, deux bombes nucléaires après (Hiroshima puis Nagasaki), s'est terminée en septembre 1945. Mais Hiro Hito n'en sortira de cette jungle et donc de «sa» guerre, qu'en mars 1974. Quarante ans de lutte contre un ennemi potentiel et bien réel et un autre plus intime et donc plus coriace, car il se niche en lui! Avec son deuxième film, Arthur Harari vient d'occuper une place à part dans le cinéma français en particulier et le cinéma en général. C'est tout un cheminement de cinéphile qui émaille cette narration dont le traitement cinématographique semble surtout fortement inspiré par John Ford, la réussite de ce cadrage fordien signé par Tom Harari, son frère l'atteste fort bien. Ozu est également présent dans ce choix de se passer du contre-champ ou plutôt d'avoir l'intelligence de s'en éloigner. Pour le chercheur japonais Nakao Seriu: «Pour beaucoup, Onoda incarnait des valeurs comme la bravoure, la sobriété, la fierté ou encore la fidélité à la mission. Partout, il a pris des bains de foule, reçu des lettres d'admirateurs, est passé à la télévision. Ses mémoires, Ma guerre de Trente ans à l'île de Lubang, parues en août 1974 sont un best-seller, traduit et publié en anglais aussi». Ceci pour ce qui est de la version japonaise écrite par un pays défait et encore peu enclin à l'introspection.
D'autres voix plus critiques s'étaient élevées pour dénoncer l'absence de toute critique de la politique de l'empereur du Japon à l'occasion du débat né du retour de Onoda, qui reste pour l'écrivain Noboru Tsuda, un «soldat de l'illusion».


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