Après l'Algérie, le Mali, c'est au tour de la Turquie d'exprimer sa colère contre la France. Les tensions entre Paris et Ankara viennent de grimper d'un cran. Réagissant aux propos du président français qualifiant le règne ottoman sur l'Algérie de colonisation, la Turquie a fustigé, jeudi, les propos d'Emmanuel Macron, accusé de verser dans le «populisme». Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuþoðlu, s'en est pris ouvertement au président français. « Nous avons vu dans le passé et nous voyons maintenant que ces approches bon marché n'apportent aucun avantage aux élections», a affirmé le chef de la diplomatie turque. Ces déclarations «populistes» sont «mauvaises au plus haut point», a estimé le chef de la diplomatie turque, invitant le chef d'Etat français à régler son «contentieux» directement avec la Turquie. «C'est tellement mal pour lui d'entraîner la Turquie qui n'a aucune tache comme la colonisation ou le génocide», a déclaré Çavuþoðlu, ajoutant que ceux qui ont quelque chose à dire sur la Turquie «devraient le dire directement en face, pas dans notre dos tout comme ce que fait notre président Recep Tayyip Erdoðan». Une invitation diplomatique à une maîtrise du franc-parler. Ce contentieux vient s'ajouter à une longue liste de désaccords entre Paris et Ankara que de nombreux dossiers opposent. Ankara considère les propos d'Emmanuel Macron comme la provocation de trop. Au début de l'année en cours, dans un contexte marqué par les débats suscités par le rapport Stora sur la colonisation et le refus de la France de se repentir ou de présenter des excuses à l'Algérie, le président turc n'a pas manqué de rappeler à Emmanuel Macron le passé colonial de son pays, notamment en Algérie. «Vos ancêtres ont tué un million d'Algériens. Donnez des comptes sur cela. Quant à la Turquie, il n'y a rien de tel dans son passé et il n'y en aura jamais. Nos mains ne sont pas tachées de sang, les vôtres le sont», a asséné Erdogan. En 2020, le ton est particulièrement monté entre Emmanuel Macron et le président turc Recep Tayyip Erdoðan, le deuxième allant même jusqu'à mettre en cause «la santé mentale» du premier. «Tout ce qu'on peut dire d'un chef d'Etat qui traite des millions de membres de communautés religieuses différentes de cette manière, c'est: allez d'abord faire des examens de santé mentale», avait déclaré le président turc, dans un discours télévisé, avant de réaffirmer, deux semaines plus tard, que «c'est un cas, et en conséquence, il a vraiment besoin de subir des examens». La question mémorielle a toujours été un sujet de tensions entre Paris et Ankara. En 2011, alors qu'il occupait le poste de Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan avait accusé l'armée française d'avoir commis un génocide en Algérie, pays avec lequel la Turquie entretient des relations profondes. «L'Algérie et la Turquie ont entretenu de tout temps, des relations historiques profondes et des liens solides», a souligné le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra, à l'agence de presse turque Anadolu, en marge de la 3e réunion Afrique-Italie tenue à Rome. L'Algérie soutient l'établissement de relations de partenariat qualitatif avec la Turquie englobant tous les domaines, a-t-il soutenu, se disant optimiste à ce propos.
