L'immigration clandestine était mardi au coeur d'un entretien entre le président tunisien Kaïs Saïed et le chef de la diplomatie italienne, Luigi Di Maio, qui effectuait sa première visite à Tunis depuis le coup de force présidentiel de juillet. Lors de cet entretien au palais de Carthage, le ministre italien a exprimé le «soulagement» de son pays pour le travail effectué par la Tunisie dans la lutte contre l'immigration clandestine, selon un communiqué de la présidence tunisienne. Le président Saïed a souligné de son côté, «les limites des politiques traditionnelles dans la gestion du phénomène de l'immigration» clandestine, appelant à une vision commune susceptible d'encourager «l'immigration régulière selon des mécanismes respectant le droit des migrants». En mai, la ministre italienne de l'Intérieur Luciana Lamorgese avait annoncé lors d'une visite à Tunis un accord prévoyant des aides économiques à la Tunisie en échange d'efforts accrus de sa part pour empêcher les migrants d'arriver en Europe. A l'occasion de la visite de M. Di Maio, plusieurs ONG tunisiennes ont organisé mardi une conférence de presse pour réclamer la vérité sur la mort d'un migrant tunisien de 26 ans, Wissem Ben Abdellatif, arrivé en Sicile début octobre et décédé à l'hôpital San Camillo de Rome en novembre, après avoir été retenu dans un centre de rapatriement italien. «Les conditions d'hébergements dans les centres de migrants ne respectent ni la dignité des personnes ni les conditions sanitaires en particulier en ces temps de pandémie», a déploré Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). Selon lui, la Tunisie «s'est transformée en gardien de la mer», empêchant en 2021 plus de 26.000 migrants d'atteindre les côtes italiennes.