Le président de la chambre correctionnelle demanda au prévenu détenu, s'il avait un conseil. Aussitôt, Me Benouadhah Lamouri, l'avocat de Dar El Beida(Alger) se leva, en ce septième jour de jeûne, la main gauche dans la poche de la robe noire, traversa prestement, toute une rangée de curieux, enjamba le petit portail qui séparait l'espace du public de la barre, s'avança prudemment du pupitre des magistrats et articula: -- «M. le président, est-ce que puis-je vous demander respectueusement de renvoyer les débats, le temps que le détenu retrouve ses esprits, car il a été pris ce matin, d'un sérieux malaise, que le médecin a trouvé bénin, mais que je peux qualifier de précaire, car mon client n'a apparemment pas, retrouvé toutes ses facultés mentales, pour répondre correctement, aux questions des membres de la composition correctionnelle. Nous ne pourrons pas dans ces conditions, aller vers un jugement serein. J'ai fait cette demande car nous sommes au quatrième report et.... -- C'est comme vous le voulez, Me, et nous décidons de reporter les débats au 21 du mois courant. Le prévenu Ménouar. Z. restera, cependant, à l'ombre! La cour ne prendra aucun, mais alors, aucun risque, pour ce qui est de la détention préventive et nous irons donc, vers une sereine audience calme et juste le jour ''J''»,dit le magistrat qui semble soulagé par cette demande laquelle tombe à pic, car le temps est franchement gâté dehors, avec en plus les coups durs du jeûne, il y a les aléas d'un temps, pas au beau fixe. Dans la foulée, Me Med Djediat, Me Habib Benhadj, Me Ouahiba Dehidah, Me Amine Benkraoua, Me Farida Djellal, et Me Kamel Mesbah, apprendront, à leur tour, le report du procès, car les blessures sont encore béantes entre les voisins, cousins et alliés... puisque la rixe était plutôt violente et sanglante, selon les certificats médicaux qui se trouvent au dossier. Les rixes, bagarres et disputes verbales allant parfois jusqu'au maniement d' armes blanches sont légion durant le mois sacré de Ramadhan, sale habitude héritée depuis des décennies sans que la société puisse trouver la parade. Hélas, trois fois hélas, car, dès qu'on évoque la religion, les interdits montrent le bout du nez, et bonjour, les dégâts! Et alors là, on n'y peut rien!