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«L'Algérie a tout à gagner dans les Brics»
Abdelghani Ben Amara, expert dans le transport et le yachting international, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 06 - 08 - 2022

L'Expression: L'Algérie ambitionne d'intégrer les Brics. Qu'est-ce que ça va impliquer en termes d'avantages et dividendes, sur le plan de la géopolitique et de l'économie?
Abdelghani Ben Amara: À mon avis, il faudrait approfondir, en premier lieu, les enjeux de la création de l'organisation «Brics»... et comment l'Algérie peut-elle s'intégrer dans ce processus? En effet, depuis 2011, l'objectif premier des pays membres des Brics est d'affirmer leur suprématie économique et politique, en particulier face aux USA et à l'Union européenne. L'année 2022 a été bénéfique pour ce groupe à travers le poids économique de ses membres. Il faut retenir aussi, que ces pays avaient déjà occupé une place majeure sur la scène internationale par le passé. La Chine a été prospère jusqu'au milieu du XVIIIème siècle avec une agriculture et un commerce développés. Une croissance extensive. L'Inde possédait également une industrie textile importante qui exportait dans les pays arabes et en Europe. L'Inde et la Chine représentaient en 2020 la moitié du PIB mondial, notamment grâce à leur poids démographique. Les Brics sont une puissance économiqueet commerciale incontournable. Il faut savoir que le poids des Brics dans la croissance mondiale sera de 40% en 2025. Le PIB total des Brics devrait égaler en 2040 celui du G6 (les Etats-Unis, l'Allemagne, le Japon, la France, le Royaume-Uni et l'Italie). Il convient de rappeler qu'en 2014, les Brics affichaient un PIB nominal cumulé de plus de 14000 milliards, soit pratiquement autant que celui des 28 pays de l'Union européenne réunis (18 874) et proche de celui des Etats-Unis (17 528).Une partie costitue 40% de la population mondiale (grâce à la Chine et l'Inde) et possède logiquement les atouts qui en découlent: Des ressources naturelles et humaines importantes (grand marché intérieur, économies d'échelle, arbitrage entre ouverture et marché intérieur). Les Brics ce sont aussi des similitudes qui font cette union, à savoir le contrôle de l'Etat sur les prix des biens, services, et facteurs de production; Les restrictions drastiques sur les entrées et sorties de capitaux; les interventions publiques dans la production et le crédit et la protection de l'industrie nationale. Ces politiques créent des déséquilibres, mais jettent les bases de l'industrialisation et de la modernisation économique.
Cela avantage plus l'adhésion de l'Algérie?
Oui, c'est clair. On peut relever certaines similitudes avec l'Algérie. En revanche, ce qui est important pour l'Algérie, c'est le bénéfice qu'elle peut tirer de son éventuelle adhésion à ce conglomérat. La croissance des Brics s'accompagne d'importants changements structurels, assez rapides. On entend par là, d'abord, le renforcement de son indépendance face aux institutions financières occidentales moniales (propre banque des Brics). En 2014 donc, lors du sommet de Fortaleza, au Brésil, les Brics mettaient en place, outre cette banque de développement, un fonds de réserve, le Contingent Reserve Arrangement (CRA), afin de disposer de provisions et de liquidités pour répondre à d'éventuels déséquilibres des balances des paiements. Ce qui induira la maîtrise des finances publiques, à travers une réduction de la dette publique, un plan de relance et des réformes du système bancaire, comme c'est l'exemple au Brésil, où le système bancaire a été discipliné, assaini et internationalisé. La réussite des politiques commerciales et industrielles des Brics sont un fait tangible. En matière de l'offre et de la demande internationales, les Brics ont doublé en dix ans (10 ans) leur part dans le commerce mondial de biens et services. Leur offre et leur demande bouleversent l'équilibre mondial, et ils sont en particulier des débouchés importants pour les pays développés.
Qu'en est-il sur le plan de la géopolitique mondiale?
En fait, c'est le triomphe du pragmatisme. Les Brics ont amorcé un bon positionnement géopolitique face au bloc opposé (Bloc occidental, USA, Uk, Europe...). Les Brics concurrencent, incontestablement, les grandes institutions internationales occidentales. L'expérience des Brics illustre le rôle crucial des institutions, où l'importance du rôle de l'Etat dans les stratégies globales, remet en question le modèle capitaliste et la foi en un marché autorégulateur. Avec tous ces avantages, l'Algérie pourrait renforcer son positionnement sur l'échiquier mondial et amorcer sa mue avec le Brain drain (le cas de la diaspora algérienne). Sur le plan de l'innovation et de la technologie, l'Inde et la Chine ont su tirer parti des nouvelles technologies, ce qu'on appelle les ´´avantages des retardataires´´:: ils ont eu une marge d'innovation importante et ont court-circuité les étapes du développement en adoptant des technologies récentes. Nous retrouvons aussi les nouvelles technologies dans les transferts de technologie qui sont en partie responsables du succès de la Chine. L'Algérie doit intensifier sa politique de développement du numérique et des nouvelles technologies... les compétences sont là! Sur un autre plan, au Brésil et en Russie, la libéralisation commerciale (tarifaires, mais aussi quotas et licences) a permis de baisser les prix et stimuler la concurrence. En Chine, elle a permis de faciliter l'importation d'équipements et de technologies étrangères. L'Algérie doit corriger sa politique des importations...tous azimuts. Si on compare les ratios exportations/PIB ou importations/PIB, la Russie, l'Inde et la Chine sont plus ouverts que les USA et le Japon. Ils sont vulnérables aux fluctuations de la demande internationale. Les Brics ont également su évoluer vers des exportations de produits plus intensifs en travail qualifié, 40% des exportations de la Chine sont des produits de haute technologie. L'Algérie, par un encouragement volontaire à une main-d'oeuvre qualifiée, peut créer des opportunités, notamment avec sa proximité avec l'Europe. Il y a aussi l'essor des échanges intra-Brics, qui sont très importants où la Chine joue un rôle majeur. Elle assure les trois quarts des échanges du groupe, et stimule grandement les exportations du Brésil, de la Russie et de l'Inde, en leur achetant des matières premières agricoles, de l'énergie, des produits semi-finis, et leur vend des biens de consommation et des équipements. L'Algérie pourra intégrer ces marchés dans la perspective d'une formidable opportunité d'intégration économique mondiale. À l'image des pays Brics, où les échanges intra-zones restent extrêmement présents, l'Algérie pourra renforcer sa place en tant qu'acteur majeur africain, en jouant un rôle majeur dans les échanges de sa région. Sur le plan des investissements internationaux IDE, les Brics sont devenus des pays d'accueil de ces capitaux, mais sont également devenus plus récemment des investisseurs internationaux. Prenons le cas des multinationales émergentes «Brics». L'essor des IDE réalisés par les Brics est plus récent, mais plus impressionnant que celui des IDE qu'ils ont reçus, puisque leur poids a doublé en cinq ans. Parmi les cinq cents plus grandes entreprises mondiales (par chiffre d'affaires), 69 sont chinoises, huit indiennes, huit brésiliennes, et sept russes. Aujourd'hui, les multinationales émergentes (MNE) investissent à l'étranger. Elles veulent acquérir rapidement une position de leader dans des secteurs qui paraissent mûrs. L'Algérie doit racheter des entreprises à l'étranger et agir pour une amélioration de ses positions financières extérieures. La dette extérieure des Brics est aujourd'hui relativement faible et ils détiennent, à eux quatre, un tiers des réserves mondiales de devises. C'est le cas de L'Algérie! En conclusion, les avantages d'une éventuelle future adhésion de l'Algérie dans l'organisation «Brics» sont considérables. Mais le chemin est encore long...Ils sont nombreux ces pays (Mexique, l'Afrique du Sud, Corée du Sud ou encore la Turquie), à forte croissance économique, à se bousculer au portillon des Brics. Cependant, l'Algérie dispose d'un atout majeur: sa puissance énergétique... et son statut de partenaire privilégié pour l'équilibre géopolitique régional et européen.
L'Algérie joue un rôle de fournisseur énergétique important de l'Europe. Son adhésion aux Brics pourrait-elle nuire à cette stature?
Absolument pas, l'Algérie comme partenaire privilégié énergétique avec l'Europe ne pourra que renforcer son rôle géostratégique et économique en étant membre des Brics. Pour ce qui est de la crise de fourniture du gaz à l'Europe, l'Algérie et la Russie ont déjà réglé cette question. Il n'existe aucun conflit, quel qu'il soit.
L'intégration des Brics peut-elle être perçue comme un positionnement en faveur d'un nouvel ordre mondial multipolaire?
Effectivement, l'intégration es Brics est perçue comme un positionnement en faveur d'un nouvel ordre mondial multipolaire, qui s'inscrit pleinement dans la nouvelle alliance sino-russe. Un nouvel ordre mondial multipolaire, juste et démocratique. C'est aussi 57% de la richesse mondiale en 2030. C'est un grand basculement qui s'opère dans l'équilibre du monde et représente, pour l'humanité, l'espoir de sortir progressivement de la pauvreté. Les pays émergents (Brics, grâce à leurs exportations et aux déficits commerciaux des pays développés bénéficient d'excédents commerciaux importants. Plus de 3 000 milliards de dollars de réserves de change pour la seule Chine. Ces excédents sont utilisés pour investir dans les pays développés, racheter des entreprises en difficulté, acheter des technologies, difficiles à acquérir par eux-mêmes, ce qui accélère leur développement. L'émergence a aussi une dimension politique. Les grands pays, tels la Chine, l'Inde, le Brésil ou l'Afrique du Sud, veulent peser davantage dans les relations internationales. Inde, Brésil et Afrique du Sud revendiquent ainsi le statut de membre permanent (avec droit de veto) au Conseil de sécurité de l'ONU. Plus qu'une simple alliance économique (union économique), Effectivement, les Brics sont bel et bien un «regroupement politique» réel et puissant. Les enjeux de demain au cours des 40 prochaines années, feront que les rapports de force dans l'économie mondiale seront profondément bouleversés au profit des Brics. Pour ne s'en tenir qu'à 2025, la Chine deviendrait la première économie du en 2025 avec? du PIB mondial, et les Brics pèseraient pour environ un tiers dans le PIB mondial, autant que l'UE et les USA réunis. Ils représentent un marché colossal pour les produits algériens si nous nous mettons sérieusement à l'export hors hydrocarbures. Sur un autre plan, les BricsC vont peser de plus en plus lourd dans la demande mondiale d'énergie et de matières premières. L'Agence internationale de l'énergie prévoit que la Chine devrait contribuer à hauteur de 35% à l'augmentation de la demande mondiale d'énergie au cours de prochaines décennies, et l'Inde 17%. Les Brics représenteraient, en 2035, 38% de la demande globale d'énergie.


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