Il a tout de même réussi à amener la Fifa sur un terrain que celle-ci évitait jusqu'ici de fréquenter. La Fédération internationale de football a décidé de renvoyer dos à dos Zineddine Zidane et Marco Materazzi. Les deux joueurs ont été soumis à une sanction presque similaire pour clore un épisode qui a dominé l'actualité, ces derniers temps, malgré le véritable drame que vivait et vit toujours le Liban. Du reste, l'affaire du coup de tête de Zidane suivi de son exclusion de la finale de la Coupe du monde, le 9 juillet dernier, a complètement éclipsé la victoire de l'Italie dans cette compétition. S'il est vrai que dans la péninsule, on en a mis plein les manchettes de journaux en cette occasion, nul ne contestera le fait que dans toutes les autres parties de la terre, on a beaucoup plus parlé du «coup de boule» de Zineddine que du succès de Canavarro et de ses camarades, notamment durant les jours qui ont suivi cette finale. Il n'y avait guère à attendre de clémence totale de la part des juges de la Fifa en ce qui concerne Zidane. Il a été l'auteur d'un coup interdit dans le football et dans le sport en général, un coup que la planète entière a vu par le biais du petit écran, il fallait prévoir une sanction à son encontre. La nouveauté a été que, pour la première fois, la Fifa a décidé de sévir à l'encontre de celui qui a été à l'origine de l'incident uniquement pour avoir usé d'injures. Marco Materazzi a été celui par qui le scandale est arrivé parce qu'il a une langue particulièrement acérée. Ce joueur était bien près de s'en sortir sans aucune conséquence puisque dans ce genre d'incident, l'arbitre du match ne se contente de relater dans son rapport que les agressions physiques sans tenir compte de ce qui s'est dit avant. Il est vrai que toute insulte dans un match est interdite, mais allez demander à un arbitre uruguayen, qui ne maîtrise que l'espagnol et l'anglais, de comprendre ce que disait un Italien à un autre joueur qui comprenait sa langue. En outre, l'arbitre en question n'a même pas vu ce qui s'était passé puisqu'il a eu recours au témoignage du 4e arbitre pour tirer le carton rouge à Zidane. Ce sont les déclarations de ce dernier, à la télévision française, quelques jours après la finale, qui ont amené la Fifa à ouvrir une enquête disciplinaire à l'encontre du joueur italien. Cela démontre que M.Elizondo, l'arbitre de cette finale, n'avait rien noté sur Materazzi. Des sanctions attendues Celui-ci a été le premier à passer devant les membres de la commission de discipline de la Fifa, le vendredi 14 juillet. Zidane l'a suivi ce jeudi et on peut croire qu'il leur a tenu les mêmes propos que ceux qu'il avait dits à la télévision. Accompagné du président de la Fédération française de football (FFF), Jean-Pierre Escalettes, et du directeur général adjoint de la FFF chargé des affaires juridiques, Jean Lapeyre, il est arrivé au siège de la Fifa, à Zurich, à 10h18 locales et n'en est ressorti qu'à 12h06. C'est Andreas Herren, le porte-parole de la Fifa qui, dans l'après-midi de jeudi, est venu donner le verdict des membres de la commission de discipline, verdict du même degré à peu près, à savoir trois matches de suspension pour Zidane assortis d'une amende de 7500 francs suisses (4800 euros) et deux matches de suspension pour Materazzi qui aura 5000 francs suisses (3200 euros) d'amende à payer. «La Fifa a estimé qu'il n'y a eu aucune injure de nature raciste, mais reconnaît qu'il y a bien eu atteinte à l'honneur», dira Andreas Herren aux journalistes présents. Cette sanction semble tout à fait symbolique pour un Zidane qui ne rechaussera plus les crampons à titre officiel. Pourtant, le Franco-Algérien s'est dit disposé à apporter son aide à la Fifa dans la forme que celle-ci désire. «Sachant que Zidane met un terme à sa carrière, la commission a pris note que Zineddine Zidane s'engageait, au-delà des sanctions prononcées à son encontre, à se rendre disponible auprès de la Fifa pour des activités humanitaires menées par l'instance dirigeante du football mondial en faveur des enfants et des adolescents», a déclaré le porte-parole de la Fifa. Ce qui démontre la grandeur d'âme de l'ex-capitaine de l'équipe de France. Pour ce qui est de Materazzi, sanctionné pour «provocation répétée», le verdict de la commission de discipline aura plus d'incidence sur sa carrière puisqu'il ne jouera pas ses deux prochains matches internationaux dont la revanche de la finale du Mondial France-Italie qui aura lieu le 6 septembre prochain au stade de France de Saint Denis dans le cadre des éliminatoires de l'Euro-2008. Ce verdict est définitif c'est-à-dire que le joueur italien ne pourra pas faire appel. A ce titre, le commissaire extraordinaire de la Fédération italienne de football, M.Guido Rossi a déclaré: «Le verdict de la commission disciplinaire de la Fifa est définitif et donc nous le respectons.» Il reste le meilleur Si Zidane a été sanctionné, il a, par contre, réussi à amener la Fifa sur un terrain que celle-ci évitait jusqu'ici de fréquenter, à savoir juger et condamner un joueur qui touche à l'honneur d'un autre joueur uniquement par la parole. En outre, il a remporté un autre succès puisque la commission de discipline n'a pas jugé utile de le déchoir de son titre de meilleur joueur du Mondial-2006. On sait que M.Joseph Blatter, le président de la Fifa, dans une interview accordée il y a quelques jours à un quotidien italien, avait déclaré que ce titre pourrait être retiré à Zidane après qu'il ait été entendu par la commission de discipline. «Cette question n'a pas été évoquée par la commission», a expliqué M.Herren en soulignant que la distinction de Zidane faisait suite à un vote des journalistes «sur la base de ses performances exceptionnelles» durant le tournoi. Il a aussi été question d'arbitrage vidéo, puisqu'il a été fait état de l'intervention du 4e arbitre justement parce qu'il aurait eu le privilège de voir ce qui s'est passé en se référant à un écran de contrôle. Cela a, de nouveau, été réfuté par la Fifa. «Les faits avaient été signalés dans l'oreillette à l'arbitre et ses assistants par le quatrième officiel (...), qui avait vu l'incident depuis sa position au bord du terrain (sans l'intervention de la vidéo)», a indiqué M.Herren. en lisant un communiqué. Commentant ce verdict, les responsables du football français ont fait état de leur satisfaction. Pour le président de la Ligue de football professionnel (LFP), M.Frédéric Thiriez, «le provocateur (Materazzi) a été puni» et «lourdement sanctionné». Quant au président de la Fédération française de football (FFF), M.Jean-Pierre Escalettes, a estimé que cette condamnation «fera jurisprudence» et «servira à nous tous, dans les ligues, dans les districts, à la Fédération française de football» pour lutter contre les comportements antisportifs.
