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«L'Algérie a relevé tous ses challenges»
Ahmed Kateb, chercheur en sciences politiques et relations internationales, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 02 - 01 - 2023

L'Expression: Que retenez-vous de l'année 2022, en termes d'évènements saillants à l'échelle du pays?
Ahmed Kateb: Incontestablement la commémoration du 60e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale. Vous savez, 60 ans dans la vie d'une nation c'est très jeune, mais c'est la profondeur historique qui confère à toute commémoration son caractère spécial: la permanence de l'Etat algérien à travers l'Histoire depuis Massinissa dans le même espace géographique faisant face aux enjeux géopolitiques et les menaces venues du Nord (Romains, Vandales, Byzantins, Espagnols, Français) fait que le peuple algérien, la nation algérienne doit s'enorgueillir de son passé et tirer les leçons des différentes tragédies (invasions, colonisations, terrorisme).
Certes, 2022 fait écho à 1962, c'est important de se rappeler les sacrifices de nos aînés qui ont lutté pour la libération du pays mais aussi pour ceux qui ont contribué à l'édification de l'Etat national dans ses dimensions administrative, politique, économique, sociale et humaine.
C'est donc tout à fait normal et légitime que l'Algérie fête ce soixantième anniversaire avec le faste solennel qui sied à la circonstance. Le défilé militaire organisé le 5 juillet a été une occasion pour les Algériens de mesurer la puissance de l'Armée nationale populaire et son degré de préparation et ses équipements pour parer à toute menace. Et la présence d'une dizaine de chefs d'Etat et de personnalités étrangères venus célébrer, à l'invitation du président Abdelmadjid Tebboune, l'anniversaire de l'indépendance de l'Algérie est également un motif de fierté pour les Algériens car leur pays, une nouvelle fois, figure parmi les pays qui comptent.
Le deuxième grand événement de cette année, et il est également lié à une date historique, c'est l'organisation avec le succès qu'on a vu, du Sommet de la Ligue arabe à Alger les 1er et 2 novembre dernier. Pourquoi je retiens cette date? Tout simplement parce que de nombreuses parties ont misé sur un échec programmé de cette 31e édition du Sommet arabe. Le Maroc dans une logique belliqueuse a tenté de torpiller le Sommet et de faire de la participation de son monarque un curseur pour mesurer le degré d'échec. Les gesticulations de son représentant, le chef de sa diplomatie, ont été vaines. Depuis des décennies, aucun rendez-vous arabe n'a réussi à réunir dans une même salle les chefs d'Etat des pays de la Ligue. Mieux, le Sommet d'Alger ouvre la voie pour réformer en profondeur les instances et les mécanismes de la Ligue et la rendre plus efficace dans la prévention des conflits interarabes. Et c'est à Alger que les Arabes ont réaffirmé la centralité de la question palestinienne, longtemps mise en veilleuse C'est la réconciliation inter-palestinienne qui est le troisième événement de l'année qui s'achève. Jamais auparavant, les factions palestiniennes n'ont été réunies pour adopter une feuille de route claire afin d'unifier les rangs et bâtir des institutions communes qui mettront fin à la division. Le challenge du président Tebboune et de l'Algérie a été relevé avec brio, et c'est désormais aux Palestiniens d'être à la hauteur des enjeux et de leurs engagements vis-à-vis de leur peuple et vis-à-vis de l'Algérie et de son président.
Sur les faits que vous citez, peut-on s'arrêter sur la célébration du 60e anniversaire de l'indépendance qui a impacté la société dans son ensemble? Quelle lecture en faites-vous au triple plan sociétal, politique et historique?
En effet, la célébration du soixantième anniversaire de l'indépendance a été une occasion pour revenir sur le récit national et c'est très important, car chaque nation a besoin d'un récit national pour entretenir sa mémoire et son imaginaire social et politique. Après 60 ans, il est temps de regarder notre histoire dans sa profondeur temporelle, sociologique, psychique, économique, intellectuelle, architecturale. Bref, d'appréhender notre histoire dans sa complexité et sa richesse afin d'immuniser les générations futures et faire en sorte qu'ils soient fiers d'être des Algériens et d'appartenir à cette Nation. Evidemment, le politique doit suivre en mettant en place des politiques publiques efficaces et efficientes à même de consolider le récit national et surtout de rendre l'espoir en un avenir meilleur grâce à nos valeurs ancestrales au premier lieu desquelles le travail, et le travail bien fait. Sans cette exigence d'excellence, nous serons condamnés, en tant que nation et pays, à encaisser les coups de boutoirs de la mondialisation de plus en plus impitoyable.
L'Algérie s'est découverte à l'occasion des évènements sportifs internationaux, que sont les Jeux méditerranéens d'Oran et la Coupe du monde de football au Qatar, un soft power entièrement inspiré de sa propre population. L'Algérie a charmé le monde. Pensez-vous que ce soft power doit être accompagné par les autorités du pays? Si c'est oui, comment?
Il y a eu d'abord la consécration de l'Algérie qui a remporté la Coupe arabe en décembre 2021, une grande répétition du Mondial du Qatar. Même si pour cet événement, l'équipe algérienne était absente, mais les supporters algériens ont brillé par leur caractère festif et leur fair-play. Les Jeux Med d'Oran ont été une occasion pour rayonner sur le Bassin méditerranéen: Oran, grande métropole méditerranéenne, infrastructures de haut niveau et une hospitalité légendaire, autant dire que tous les ingrédients du soft power étaient là.
Comment accompagner et fructifier cet acquis? C'est en multipliant ce genre d'événements non seulement sur le plan sportif mais aussi sur les plans économiques, touristiques, culturels et même cultuels. L'Algérie mérite de s'insérer dans des dynamiques d'ouverture et d'échanges interculturels et symboliques pour un plus grand rayonnement régional et international. Et les Algériens gagneraient à s'ouvrir davantage sur d'autres cultures et s'insérer de plain pied dans la modernité en faisant valoir leur authenticité.
L'Algérie a réussi un retour en force sur les scènes arabe, africaine et internationale. Les Palestiniens et les Sahraouis en sont les principaux bénéficiaires. Pensez-vous que l'ordre des choses pourrait changer pour ces deux causes dans un avenir proche?
Il est incontestable que l'Algérie est revenue sur les scènes arabe, africaine et internationale et ce n'est qu'un retour juste à l'ordre des choses. C'est plus que normal que l'Algérie soit impliquée dans ces dynamiques internationales à multiple niveaux: notre pays dispose de cadres compétents, d'expertise et de normes adossées à des principes et à une pratique diplomatique issue de la guerre de Libération nationale. Le soutien indéfectible aux droits du peuple palestinien à disposer de son Etat viable et indépendant avec El-Qods pour capitale est une constante de la diplomatie algérienne. Idem pour le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Maintenant, pour que ces deux peuples puissent entrevoir le bout du tunnel, cela nécessite l'implication active de la communauté internationale qui doit préalablement faire respecter et appliquer les principes qu'elle a, elle-même, édictés dans la charte des Nations unies. L'Algérie agit à plusieurs niveaux afin d'accompagner le combat légitime de ces deux peuples, en prenant des initiatives comme ce fut le cas pour la réconciliation inter-palestinienne en octobre dernier, mais aussi dans des cadres multilatéraux: Ligue arabe, Union africaine et Nations unies. L'articulation entre l'unilatéral et le multilatéral sera sans doute plus importante et plus efficace à l'occasion de l'accession de l'Algérie au siège de membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU en 2024-2025.
À l'international, il va sans dire que la guerre en Ukraine est l'événement phare depuis le début du XXIe siècle. Quel regard portez-vous sur le conflit russo-ukrainien?
Le conflit russo-ukrainien est un conflit majeur en Europe, le plus important depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et du fait de la mondialisation, il a des répercussions universelles et à tous les niveaux, mais reste néanmoins dans une logique de guerre froide, celle de bloc contre bloc. Aujourd'hui, il s'agit pour l'Occident de maintenir son hégémonie face à la montée d'un nouvel acteur: le bloc eurasiatique. L'Ukraine, et c'est malheureux pour les Ukrainiens, n'est que le théâtre localisé de cet affrontement global.
Le nouvel ordre mondial que suscite cette guerre rebat les cartes. Selon vous, comment l'Algérie pourrait tirer profit du chamboulement géopolitique actuellement en cours?
Le changement de paradigme qui survient actuellement bénéficie grandement aux acteurs majeurs du Sud Global, et l'Algérie en fait partie. Le conflit en Ukraine a remis au goût du jour la philosophie du non-alignement, un principe phare de la diplomatie algérienne depuis Bandung en 1955. La multiplication des partenaires et l'action pour un ordre mondial plus équitable a toujours été un credo de notre diplomatie. Rappelez-vous du discours du président Boumediene à l'ONU en avril 1974.
Un mot sur l'adhésion de l'Algérie aux Brics...
C'est une chance historique pour l'Algérie de faire partie de ce groupe de pays et pas des moindres, c'est surtout une occasion à ne pas manquer afin d'accéder à l'émergence et de s'insérer dans une dynamique mondiale positive, compétitive et interdépendante. À nous, Algériens, de comprendre les enjeux, à mesurer les chances et à se mettre au travail.


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