Le chef de l'Etat avait estimé que la Constitution de 1996 a été élaborée dans une conjoncture particulière. Outre son volet social ayant trait aux indemnisations des familles victimes du terrorisme et des mesures de grâce décrétées en faveur des éléments armés, non impliqués dans les assassinats d'Algériens, la Charte pour la paix et la réconciliation nationale n'a pas encore livré tous ses secrets. Le volet politique du document est pratiquement «étouffé» par les aspects d'ordre matériel et financier. Ce qui n'a pas manqué de provoquer des grincements de dents auprès des responsables de l'ex-Fis, qui conditionnaient leur soutien à la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, par la condition de donner à leurs militants la possibilité de faire de la politique. C'est d'ailleurs, l'un des préalables posés, à maintes reprises, par l'ex-émir de l'Ais Madani Mezrag et Abdelhak Layada, ainsi que par les dirigeants de l'ex-FIS, en Algérie et à l'étranger. Une revendication qui sera aussitôt rejetée par les autorités, qui rappellent que le dossier de l'ex-Fis est clos et qu'il n'est plus question de rééditer les erreurs de la dernière décennie. Cependant, du moment que les personnes graciées ont recouvré leurs droits civiques, ne vont-ils pas se baser sur cette «brèche» pour demander le retour sur la scène politique. Ce qui est pratiquement impossible pour au moins deux raisons: primo, la Constitution et la loi sur les partis politiques interdisent toute utilisation de l'islam à des fins de propagande partisane ; secundo, d'après les autorités politiques, il n'est plus question d'agréer des partis dans la conjoncture actuelle, tant que la stabilité n'est pas totalement rétablie. Il convient de rappeler qu'en 1997, plusieurs partis politiques étaient contraints d'adapter leurs statuts à la nouvelle législation, qui interdit tout parti politique basé sur la religion, la région ou la langue. Toutefois, la prochaine révision de la Constitution pourrait réserver pas mal de surprises, puisque d'après les premiers éléments, largement répercutés par la presse, la plus grande partie de cette révision concernera les chapitres inhérents aux libertés et à la promotion des droits de l'homme. Intervenant le 4 juillet dernier, devant les officiers supérieurs de l'ANP, le chef de l'Etat avait clairement déclaré que la Constitution de 1996 a été élaborée dans une conjoncture particulière. Une Constitution, a-t-il affirmé, «élaborée sous la pression de l'épreuve difficile que le pays avait traversée». Peut-on comprendre à travers les propos du président de la République que la prochaine révision constitutionnelle prévoit de nouvelles mesures en faveur d'une ouverture politique plus large. Ce qui ne veut pas dire que la nouvelle Constitution sera élaborée de sorte à permettre à des membres d'un ancien mouvement insurrectionnel de rééditer leur «projet», celui de l'édification d'un Etat islamiste, et non musulman, comme cela est stipulé dans l'article III de la Constitution. Par ailleurs, la qualité dans la prestation des partis politiques et du mouvement associatif sont au centre même de la nouvelle mouture de la loi fondamentale. Il convient de rappeler que le chef de l'Etat n'a pas manqué de critiquer le rôle des partis politiques au sein de la société ; ces derniers ne se manifestant qu'à l'occasion des échéances électorales. Il avait même parlé d'une éventuelle reconfiguration de la scène politique, en faveur de l'émergence de formations politiques actives et constamment en symbiose avec les pulsations de la société.