Entamant avant-hier une visite officielle en Algérie, le ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Al- Meqdad a fait part de ce que son pays attend de l'Algérie en vue de la réintégration par Damas de la Ligue des Etats arabes. Le Président Tebboune a reçu hier le diplomate syrien qu'il lui a remis une lettre de son homologue Bachar Al-Assad. Afin d'infléchir les résistances de certains pays arabes opposés au retour de la Syrie au sein de cette organisation, Damas fonde de grands espoirs sur l'Algérie. D'abord en sa qualité de présidente de l'Organisation panarabe. Ensuite, au vu de l'influence de l'Algérie au niveau des pays de la région. Il s'agit en vérité, pour Damas de voir l'Algérie intervenir et user de son poids auprès des pays qui ne sont pas favorables au retour de la Syrie sous le giron de la Ligue des Etats arabes. D'autant plus que les échos émanant de la réunion des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) tenue vendredi dernier à Djeddah ne sont pas favorables à la cause syrienne. L'hostilité envers tout retour de la Syrie à la Ligue arabe semble toujours de mise en dépit de quelques signes annonçant une réconciliation entre Damas et des pays membres de la CCG.Ont pris part à la réunion de Djeddah, le Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie saoudite et Emirats arabes unis, tous membres de la CCG ainsi que l'Egypte, l'Irak et la Jordanie. La réunion n'a pas donc débouché sur les résultats escomptés par les Syriens et les pays qui sont favorables à son retour au sein de la Ligue arabe d'où le pays est exclu depuis2012. Pourtant le réchauffement des relations diplomatiques enregistré récemment entre Damas et Riyadh augurait une issue positive. C'est ce que suggéraient également la visite du ministre syrien des Affaires étrangères à Riyadh où il a été reçu par son homologue saoudien. Surtout que les deux diplomates ont clairement affiché l'objectif de leur rencontre. C'est celui de travailler à «ramener la Syrie dans le giron arabe» et permettre au pays de Bachar Al Assad de retrouver sa place dans la Ligue arabe. À un mois du Sommet qu'abritera Riyadh le 19 mai prochain, les choses ne semblent pas se présenter sous de bons auspices. Et c'est dans ce contexte qu'interviendrait la diplomatie algérienne dont la présence à Djeddah n'a pas été, selon toute vraisemblance, souhaitée par les membres de la CCG. Ces derniers ou du moins une partie parmi eux, ne semblent pas chauds à l'idée de signer leur accord à une réhabilitation de la Syrie en sa qualité de membres de l'Organisation. Dans ce registre, c'est le Qatar qui est désigné, selon des observateurs, comme la voix opposée au scénario du retour de Damas dans le giron arabe. Des analystes estiment que la réhabilitation de la Syrie passe inévitablement par l'accord du Qatar. Ce qui n'est pas acquis pour le moment. À moins que l'Algérie arrive à renverser la donne et à faire changer la position des pays du CCG et notamment celle du Qatar. C'est visiblement l'attente principale des Syriens. Fayçal Al- Meqdad, attendu aujourd'hui à Tunis, n'a pas caché de dire ce que son pays attend de l'Algérie sur cette question qui agite les capitales arabes. L'Algérie représente une symbolique particulière pour le peuple syrien et pour tous les peuples du monde, a affirmé le ministre syrien, considérant que les relations algéro-syriennes se poursuivront toujours. Il a relevé également que sa visite en Algérie se veut la reconnaissance de la Syrie pour le soutien traditionnel de l'Algérie notamment dans le cadre des évènements récents où l'Algérie était le premier pays à dépêcher une équipe professionnelle qui a su faire face aux effets catastrophiques du séisme qui a frappé une région de la Syrie. Il a souligné que les concertations entre les deux parties sur les développements dans la région et dans le monde ne se sont jamais interrompues. «Quoi que nous disions, nous ne saurons qualifier le rôle majeur de l'Algérie à différents niveaux», a-t-il affirmé, mettant en avant le rôle essentiel des deux pays pour «faire face aux défis dans la région».