Ils sont venus sur la scène littéraire au moment où cette dernière souffrait d'un début de naufrage que l'on impute principalement au recul très important de la masse du lectorat insufflant ainsi du sang nouveau à la littérature algérienne. Parmi ces écrivains ayant brillé de mille feux ces dernières années, il y a bien sûr Djawad Rostom Touati, auteur primé, ayant fait ses preuves en si peu de temps. Il vient de publier un nouveau roman chez son éditeur Apic auquel il demeure fidèle pour une multitude de raisons. D'abord, son professionnalisme, sa rigueur professionnelle, la qualité technique de ses ouvrages, etc. Le roman porte pour titre: «Misère de la littérature» et il a été lancé le week-end dernier à l'occasion de la troisième édition du Salon du livre d'Ath Yanni en attendant d'être distribué dans les librairies. Clôture d'une trilogie Le personnage principal de cette fiction se prénomme Nadir. Poète engagé, ce dernier édite une satire mordante et drolatique sur ce qu'il appelle, à la suite de Michel Clouscard, les «culturo-mondains». De son côté, «Lina, étudiante en littérature et romancière en herbe, cherche encore sa vocation et hésite à la croisée des chemins: suivra-t-elle les sentiers battus des poncifs et des lieux communs, ou poursuivra-t-elle l'exploration du champ ouvert par Edward Saïd, Frantz et d'autres intellectuels qui façonnent l'horizon d'attente, au lieu de s'y conformer?», nous confie l'auteur. Amours des lettres, du pays, de l'amant et engagement viennent clore une trilogie qui n'a cessé, en filigrane, d'interroger le sens même de l'acte d'écrire, ajoute Djawad Rostom Touati. À propos du message que ce dernier voudrait transmettre à travers son nouveau roman, il souligne: «Une idéologie est dominante seulement, et seulement si elle n'est pas perçue comme telle, disait Frank Lepage en paraphrasant Marx. C'est-à-dire si elle connaît un tel niveau de diffusion qu'elle semble aller de soi, que les représentations qu'elle charrie paraissent l'évidence même. Raison pour laquelle le discours du mythe doit dissimuler aussi bien ses propres origines que celles de ce qu'il décrit». «Pour extirper les origines du mythe néocolonial, Nadir, le poète dilettante, s'engage à manier la rime en vers et contre tous les idéologues du défaitisme et de l'autodénigrement. Un auteur plusieurs fois primé Ce faisant, il trouvera en Lina, jeune universitaire et romancière prometteuse, un soutien aussi précieux qu'inattendu», résume l'écrivain. Ce dernier explique, par ailleurs, qu'en oeuvrant à transformer le monde, les jeunes auteurs se transforment eux-mêmes, ainsi que leurs rapports. Alors que Lina réalise que la liberté réside dans la transformation de ses propres déterminations, Nadir dépassera-t-il enfin les conduites d'échec qu'il a sublimées en idéal de liberté? C'est à cette question, entre autres que Djawad Rostom Touati tente d'apporter des réponses avec talent et érudition. Licencié en économie internationale et titulaire d'un master en management, Djawad Rostom Touati est aussi professeur de français. Ses oeuvres romanesques et ses nouvelles ont été primés. Ainsi, il a déjà remporté le Prix de la meilleure nouvelle au concours d'arts et culture en 2005, puis le concours du Feliv en 2015. En 2016, Djawad Rostom Touati a également reçu le prix Ali Maâchi pour son roman «Un empereur nommé désir» paru aux éditions Anep (Agence nationale d'édition et de publicité). Djawad Rostom Touati est l'auteur d'autres romans paru chez les éditions Apic. Il s'agit de «La civilisation de l'ersatz» et «La scène et l'histoire». Ce dernier a fait partie des cinq romans finalistes de la toute dernière édition du grand prix Assia Djebar du meilleur roman en langue française obtenu par son ami et confrère Mohamed Abdallah.