C'est pourquoi nous veillons sur elles comme à la prunelle de nos yeux. Hélas, elles ont beau être si précieuses pour nous, elles ne continuent pas moins à être exposées au risque d'extinction qui les guette. Ce risque vient de trois menaces réelles: les feux -souvent d'origine criminelle-si fréquents pendant la saison estivale, la déforestation, qui est souvent le fait de l'homme, et les maladies et le vieillissement, car comme toute espèce vivante, nos bois y sont assujettis. C'est pour que nos forêts se développent en harmonie avec les écosystèmes qu'elles abritent, eux-mêmes menacés d'extinction, que la Conservation des forêts met en oeuvre des programmes ambitieux pour qu'elles restent en bonne santé, la sienne conditionnant celle des autres espèces qu'elles renferment, et la nôtre par voie de conséquence. Est-il besoin de le répéter ici. Nos forêts sont constituéeS essentiellement de pins, de chênes, de chênes-lièges et, comme dans le parc du Djurdjura, de cèdre. Nous n'avons pas de bois précieux, comme l'acajou ou le teck. Mais qu'est-ce qui n'est pas précieux pour lutter contre le désert qui avance vers nous par bonds successifs et prodigieux, encouragé par la dégradation de ce milieu naturel? Un immense patrimoine à préserver La wilaya de Bouira peut s'enorgueillir de posséder un patrimoine aussi riche et aussi vaste. Nous avons à l'est les forêts de Tikdjda, au Sud, celles de Bordj Khreis, à l'Ouest, celles de Dirah et au Nord, les monts de Zbar Bar si boisés. Parmi les nombreux projets lancés dans le cadre de la protection de ce patrimoine, on retiendra en priorité le programme de plantation forestière et pastorale de 1 000 ha. S'étendant sur une période allant de 2022 à 2024 pour un montant estimé à 199 999,919 DA, il est à un taux d'achèvement fort avancé puisque sur la superficie totale de ce vaste programme de reboisement, ce sont 811,26 ha qui ont été réalisés. Le but de cette opération étant de «Reconstituer des terres dégradées et la mise en terre des espèces forestières à forte valeur économique» selon le service concerné. Venant immédiatement dans l'agenda du responsable du secteur, ou, peut être, pouvant être placé ex aequo avec le premier programme, c'est la relance du Barrage vert dont il n'était plus question depuis des années, laissant croire qu'il était définitivement enterré. Le voilà donc réhabilité et mis devant les feux de la rampe. Cette large ceinture verte qui barre la route à la désertification en marche à partir de Dirah est visible dès que nous quittons Sour El Ghozlane en direction de Sidi Aïssa, et s'étend sur 95807 ha. L'opération de réhabilitation en cours va couvrir 6 706 ha, soit 7% du total de sa superficie. Elle englobe sept communes, en d'autres termes, Dirah, Maâmoura, Ridane, El Hakimia, Sour El Ghozlane, par le sud et Hadjr Zerga. Sont impliquées pour la réalisation de ce programme qui, lancé en 2022, prendra fin en 2026, la Conservation des forêts, comme de juste, le secteur agricole et le Haut Commissariat du développement de la steppe. Le montage financier est donc le résultat d'une contribution supportée équitablement par les trois secteurs concernés par cette opération de réhabilitation. Avec un montant de 175125000 DA, la Conservation des forêts a pu effectuer, dans le cadre de ce même programme, des plantations de brise-vent sur 75 km, des plantations forestières sur 85 ha et des plantations pastorales, et procédé, entre- temps, à la correction torrentielle pour un volume estimé à 1500m3,ainsi qu'à la fixation des berges sur une superficie de 15 ha. Pour sa part, et pour un montant de l'ordre de 65084250 DA (inférieur donc à celui des forêts), la DSA a réalisé la plantation forestière de 70,5 ha, et ouvert 15 km de pistes agricoles. Bien plus modeste encore est l'enveloppe allouée par le Haut Commissariat au développement de la steppe estimée à 15200000DA et tout aussi modestes ses réalisations consistant en la plantation de brise-vent de type cyprès et casuarina sur 10 km et en la fixation des berges sur 5 ha, au moyen d'arbres de type eucalyptus et peupliers. Ce programme lie, en outre, à sa réalisation, 13 wilayas, dont Bouira, naturellement. Après, pourrait venir (peut-être) en appoint de ce programme la réalisation d'une retenue collinaire d'une capacité de 200240 m3. Son implantation à Dirah, l'une des communes les plus exposées à l'aléa climatique avec Hadjar Zerga, et son lancement en 2018 pour un montant de 88390224 DA, obéissent au souci de soulager une zone souffrant cruellement d'un déficit pluviométrique sévère. Il permet, selon nos sources d'irriguer une superficie estimée à 18,7 ha. La retenue collinaire en question porte le nom de Lalouah. Des pistes en forêts Dans le cadre du développement rural, ce sont 16 bassins d'accumulation de 50m3 au profit de 16 agriculteurs et des corrections torrentielles d'une capacité de 2800m3 qui ont été réalisées. Ces dernières, sur le bassin versant de Dirah et leur mise en service profite à 43 localités implantées dans 24 communes. Ailleurs, et pour une période allant de 2017 à 2022, les efforts de la Conservation des forêts se sont traduits en une série de travaux sylvicoles s'étendant sur une superficie de 720 ha. En 2023, selon les prévisions de nos sources, puisque cela fait partie des projets à réaliser, on compte planter 807 ha. Si vous effectuez une randonnée dans la forêt d'Errich, un lieu si préservé avec, à sa lisière, au Nord, la ville de Bouira, vous ne manquerez pas de pousser un cri d'effroi motivé par ce que vous verrez au détour d'une piste: une large trouée dans le bois qui vous environne. Ce qui vous a semblé a priori un vrai massacre d'arbres se révélera vite un pare-feu. Sans pare-feux, la forêt pourrait paraître si vulnérable et partirait en fumée en peu de temps. Ils sont là dans le but de couper d'éventuels départs d'incendie. Quant aux pistes elles-mêmes, si on est un bon observateur, on constate vite l'intérêt qu'elles représentent dans des zones enclavées, qu'il est difficile voire impossible d'atteindre sans ce moyen. Or, selon le service chargé de la gestion du patrimoine forestier et de l'étude des projets, le programme d'ouverture des pistes prévoit la réalisation de 18,7 km pour l'année 2023. Pour le reste, il s'agit d'aménagement des pistes déjà existantes. Et le programme, pour la période allant de 2017 à 2022 a permis de réaliser des travaux sur 210 km, dont 45 km exclusivement au profit de six communes appartenant aux zones dites «d'ombre», c'est-à-dire enclavées. Pour l'année en cours, le programme ne comporte que 60,5 km d'aménagement de pistes. Au total, le programme de développement rural pour la période 2020-2022 qui a recensé 29 zones d'ombre a permis à 1483 foyers d'en bénéficier. Le programme dit Pnud (Projet des Nations unies pour le développement) en collaboration avec la direction générale des forêts constitue la clé de voûte des autres programmes. Il a pour mission de reconstituer les superficies forestières détruites et de les remplacer par les mêmes espèces. Ce programme porté par les Nations unies, en partenariat avec les Forêts et les associations y afférentes a été une bénédiction pour les agriculteurs qui ont vu, l'année dernière, une partie de leur vergers détruits par les incendies. De façon plus concrète, il a permis par le biais du financement à la mise en terre de 2800 plants forestiers, et de 11 210 plants fruitiers pour un total de 14010 plants forestiers et fruitiers et un montant estimé à 2 millions de dinars. Nous avons évoqué brièvement ce sujet dans un précédent article à propos des indemnisations des vergers ravagés par les incendies. Cette mission du Pnud et de la direction générale des forêts ne se limite pas aux seules indemnisations des exploitations sinistrées. Elle va plus loin encore. Dans le second volet de son financement, comptant pour la même période citée plus haut, nous découvrons qu'elle a permis de réaliser au lieudit Lalouah, dans la commune de Dirah, un projet de correction torrentielle d'une capacité de 2190m3 pour un montant de 17270 DA. Cette correction a pour objectif de protéger la retenue collinaire contre l'envasement et l'érosion de ses berges. Par ailleurs, le Pnud finance à hauteur de 13447000 DA, la création d'une pépinière sur 2000 hectares dans la forêt Errich au profit de la Conservation des forêts. L'ambition affichée par cette dernière est de produire suffisamment de plants forestiers résistants et performants pour satisfaire tous les besoins de la wilaya lors de la prochaine campagne de reboisement. Exploitations sinistrées Dans ce sillage vient s'inscrire le dernier programme issu de la convention signée le 01/03/23 entre ATM Mobilis et la direction générale des forêts. Faisant la part belle à l'arboriculture fruitière, il s'énonce comme le prolongement de la campagne de reboisement volontaire démarrée en 2021 pour reconstituer les aires forestières incendiées. On ignore l'enveloppe qu'il a dégagée pour sa concrétisation, mais on sait qu'il consiste en dons de plants (39295 oliviers) au profit de 1096 agriculteurs à travers 37 communes. Ces chiffres commentés sèchement peuvent évidemment paraître indigestes, cependant, ils sont indispensables pour montrer l'intérêt particulier qui s'attache à ce patrimoine vert de la wilaya et à la volonté de le préserver à tout prix des actions de dégradation qu'il subit continuellement soit par la faute de la nature elle-même comme le vieillissement ou les maladies cryptogamiques, ou encore les incendies provoqués par la foudre, soit par la faute de l'homme pour élargir son domaine par la déforestation ou par pyromanie. Cette dégradation naturelle ou dirigée par un mobile plus ou moins avouable se fait malheureusement sur des espèces végétales assez rares et dont le repeuplement est difficile, comme le pin noir ou le cèdre et animales, comme l'hyène rayée, la chacal dorée, le singe Magot qu'on ne trouve généralement qu'au Parc national du Djurdjura.