La rentrée sociale s'annonce chargée en événements, le gouvernement, à sa tête, M.Abdelaziz Belkhadem, aura du pain sur la planche. Sur le plan politique, l'Alliance présidentielle, qui a failli voler en éclats et que l'on a donnée pour moribonde, a refait son union sacrée autour de l'application de la Charte pour la paix et de la réconciliation nationale et du projet de prévision de la Constitution. Cette dernière constitue un des dossiers prioritaires qui devrait secouer une classe politique en léthargie. La machine chargée de son organisation et de sa tenue qui devrait, selon toute vraisemblance, avoir lieu avant la fin de l'année, sera mise en branle dès le mois de septembre. L'intervention décisive du chef de l'Etat en faveur d'une révision de la Constitution ainsi que de l'augmentation des salaires a mis fin aux dissensions et aux divergences qui ont animé, autour de ces questions, ce pôle politique créé pour soutenir son action durant son nouveau mandat. C'est sur un front quelque peu apaisé, que se déroulera la prochaine rentrée sociale. L'importante enveloppe financière dégagée (98 milliards de dinars) pour satisfaire les revendications salariales n'a laissé pour compte pratiquement aucun secteur de la vie économique. L'arrêt de la grève des enseignants du supérieur, après d'âpres négociations avec leur ministère de tutelle, est annonciateur d'une rentrée universitaire qui devrait avoir lieu sous de bons auspices après avoir failli la compromettre. Le bras de fer, qui oppose certaines fédérations affiliées à l'Ugta au patronat, telles que les fédérations de la mécanique, du textile ou du tourisme, devrait connaître un dénouement lors de la prochaine tripartite qui réunira l'Ugta, le patronat et le gouvernement. C'est sur la Centrale syndicale qu'il va certainement falloir compter pour dissiper les craintes des secteurs qui risquent des pertes d'emplois qui pourraient être engendrées par les privatisations. L'Algérie, qui a intégré et qui n'a lésiné sur aucun effort dans ce domaine en vue d'attirer les investisseurs et les capitaux étrangers en mettant en valeur l'attractivité de son marché, garanti par un matelas en devises conséquent qui devrait avoisiner les 70 milliards de dollars, sera tout de même affaiblie par un système bancaire défaillant. La récente visite du président de la République au Royaume-Uni et son discours prononcé au coeur même de la City de Londres ne sont certainement pas fortuits. Les Anglais réputés pour leur savoir-faire en matière de système bancaire et de finances, constitueront, à ne pas en douter, un partenaire de choix pour le secteur bancaire algérien. Identifiées comme le chaînon manquant du financement des entreprises, les sociétés de capital-investissement pourraient dès lors se montrer plus intéressées par un marché qui ne manque pourtant pas de potentialités, mais qui est cependant handicapé par l'absence de lisibilité en matière d'investissement. Comme tous les pays en transition, résolument engagés vers l'économie de marché, l'Algérie, considérée à juste titre comme pays mono-exportateur dont la vie économique repose sur l'importation qui est soumise aux contrôles des changes, a fixé sa monnaie, le dinar, selon un régime de flottement «dirigé» et ses réformes économiques s'orientent vers l'émergence d'une économie productive hors hydrocarbures en instaurant une stratégie qui tend à encourager autant les investisseurs nationaux qu'étrangers. Ce qui ne pourra se concrétiser sans la modernisation de la pratique de son financement bancaire et de son système de contrôle du change. Même si l'heure des bilans n'a pas encore sonné, pour l'équipe gouvernementale actuelle, les projets de réformes économiques entamés au pas de charge depuis l'arrivée de M.Belkhadem au poste de Premier ministre, sonnent comme un tournant décisif à négocier. L'Algérie, qui doit tirer les conclusions de l'évolution «asymétrique» de son économie, et les réformes qu'elle vient d'engager dans tous les secteurs et qui ont touché les banques, le foncier, l'industrie, la justice, les impôts...et peut-être aussi celui de la régionalisation, se lance un défi qui, en principe ne doit pas laisser souffler les responsables chargés de leur application.