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«Il ne faut pas avoir peur de blasphémer les aînés...»
Rencontre avec l'auteur Elgas au Sila
Publié dans L'Expression le 06 - 11 - 2023

Il s'est distingué récemment en modérant, mais aussi, en prenant part avec brio aux rencontres culturelles de l'espace Afrique, durant la tenue du Sila qui vient de s'achever. El Hadj Souleymane Gassama, dit Elgas, est journaliste, écrivain et docteur en sociologie. Il est né à Saint-Louis, a grandi à Ziguinchor au Sénégal, et vit depuis une quinzaine d'années en France. Ses recherches portent sur le don, la dette et les transferts d'argent. Il s'intéresse particulièrement aux questions d'identité, de démographie et de démocratie sur le continent africain, et à ses rapports avec la France. Il a publié un carnet de voyage, «Un Dieu et des moeur»s (Présence africaine, 2015), une biographie, «Fadilou Diop, un Juste» (Vives Voix, 2021), un roman, «Mâle noir» (Ovadia, 2021) et un recueil de chroniques, «Inventaire des idoles» (Ovadia/ Sédar, 2022). ELgas était l'invité de l'institut français d'Alger où il est venu présenter son essai intitulé «Les Bons ressentiments, Essai sur le malaise post-colonial». Du journalisme en passant par la sociologie, il n y a qu'un pas, pour arriver à la littérature que notre auteur a su franchir allègrement afin de développer largement ses idées déjà analysées dans ses reportages. Celui qui bénéficiera d'une bourse d'étude en France, suite à ses bonnes notes à l'école, en Sénégal, est aujourd'hui, un homme accompli, qui vit en France. L'électron libre, qu'il est, refuse, pour autant, la facilité de la bien-pensante sphère intellectuelle des écrivains et dit aimer déstabiliser les esprits.
De la suspicion en question
«C'est une personne qui est bien informée sur ce qui se passe dans le monde» dira de lui Sofiane Hadjadj des éditions Barzakh, qui présentera le livre et l'auteur, tout en interagissant avec lui, pour nous dévoiler à la fois, le personnage et le message véhiculé à travers son livre des plus pertinents. «Léopold Sédar Senghor, Yambo Ouologuem ou Mohamed Mbougar Sarr, le prix Goncourt 2021, sont-ils des aliénés? Méritent-ils cet opprobre originel jeté sur certains intellectuels africains conduisant à leur disqualification? Dans le contexte actuel de promotion des pensées décoloniales et postcoloniale, entre querelles fratricides et surenchère identitaire, un long malaise persiste dans les relations entre les écrivains et artistes africains et l'ancienne puissance coloniale, notamment française. À rebours des thèses les plus établies, l'auteur balaye depuis plus d'un demi-siècle d'histoire des idées et de textes fondateurs en Afrique, pointant les excommunications, dénonçant la confiscation de tout débat pluriel et le dévoiement du processus de décolonisation» est le résumé de cet essai. Un postulat qui pourrait largement faire écho à la situation des écrivains algériens installés en France. Mieux! À nos chèrs cinéastes de la diaspora, souvent stigmatisés, en raison de leurs films qui, parfois donnent une mauvaise image de l'Algérie et sont taxés au final de «hizb frança». Un parallèle est vite établi, en effet,qui témoigne de ce sentiment de suspicion envers les écrivains et artistes en général, qui évoluent en France. Sans remettre en cause sa légitimité, El Gas évoquera l'écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, qui s'est fait un nom en France, en recevant le prestigieux prix littéraire, le Goncourt en 2021, alors que le public sénégalais ne le connaissais même pas, avant..Et de reconnaître: «Il faut parfois prendre de la distance et faire confiance au lecteur. Le lecteur est le seul juge. Nous ne sommes pas des prédicateurs prenant la main du lecteur pour lui dire ce qu'il doit penser. Cette liberté de conscience et de penser me parait essentielle. Cette lucidité sur l'histoire coloniale de la France a été assez documentée et je pense qu'elle n'est pas tout a fait encore. Des livres vont continuer à apparaître et c'est tant mieux. Toute aventure coloniale est une aventure d'expropriation, de domination et de violence. L'injustice que cela crée, produit des conditions légitimes du ressentiment. Mais le ressentiment d'un état passager à une condition générale fini par anesthésier toute ressource créatrice, justement chez le dominé. J'ai fait tout un chapitre sur l'origine du sentiment de contestation d'une politique française en Afrique et parfois dans le monde et qui est parfaitement contestable. Il se trouve que la colonisation française est une colonisation de domination, de peuplement, de subversion. Les indépendances sont arrivées mais les modes de domination sont restés. On ne va pas tourner autour du pot dans une question taboue, il y a la question de la langue dans laquelle on s'exprime aujourd'hui, qui est aussi le véhicule à la fois de cette hégémonie et cette domination. Je n'esquive pas ces sujets, mais il me semble qu'il est important de pouvoir les regarder en face.» Dira Elgas.
Interroger l'héritage des aînés
Et de poursuivre: «Pourquoi j'étudie l'histoire littéraire? Quand vous regardez dans le continent africain, tous les grands auteurs qui ont eu une grande notoriété, un succès international ou sont établis comme des classiques, tous ont été édités, en France. Ont été lu, d'abord en France.» Et de souligner: «Je suis ravi de voir, ici, des éditions locales qui essayent de recentrer la géographie éditoriales du monde. C'est quelque chose de parfaitement salutaire, mais depuis les années 40 à nos jours, il y a ce phénomène. Ceci crée cette condition de suspicion qui est jetée sur les auteurs. Certains disent: les auteurs n'écrivent pas pour nous, mais pour l'Occident parce que l'Occident est leur horizon qui les légitiment, ainsi de suite. On crée une déconnexion totale, entre le centre de production des oeuvres, le destinataire des oeuvres et son réseau éditorial. Ça crée des situations d'inconfort pour les auteurs, parce que, si on regarde, beaucoup d'auteurs, oui, ils ne sont pas très connus chez eux, mais sont connus à l'étranger. Ça crée des conditions de malaise sur lesquelles je reviens abondement dans le livre.». Et de préciser: «Je dis seulement qu'un auteur ne peut pas être assigné à résidence, on ne peut pas faire des commandes à un auteur, en lui demandant d'écrire sur ceci et cela pour plaire à....Cette quête de liberté est tout à fait fondamentale pour créer sans être dupe de tous les mécanismes de domination qui peuvent exister.»Et d'indiquer: «j'ai toujours été opposé à une forme d'épicerie morale, de se dire, on va se tenir dans une certaine forme de posture telle pour ne choquer personne. moi je veux qu'on choque tout le monde, pas qu'on ne choque personne, mais qu'on puisse dire aux gens de ce côté là, vous dites des bêtises, vous utilisez cette histoire coloniale à des fins personnels d'une certaine manière, comme une rente, un mémoriel et puis, d'un autre côté, il ne faut pas tolérer tous les travestissements des discours lénifiants, ambigus sur la colonisation en disant que ça a disparu.Non! Il y a encore, des formes qui perdurent. Il faut pouvoir réutiliser ces forces là, pas seulement dans une logique accusatoire, mais dans une logique créatrice et cette logique créatrice, il me semble, qu'on l'a délaissé pour les commodités et un discours qui est parfois panafricain afro-centriste, anticolonial, tout ce que l'on veut, et quand on regarde de près exactement, ce genre de discours produit un impact parfaitement insignifiant dans les débats. Il faut dire, mais autrement, avec son instrument, la langue, le style et la pensée. Il ne faut jamais abdiquer à ses projets contestataires. Il ne faut jamais avoir peur de la minorité, c'est important. Elle permet, souvent, sans être dans la posture, de pouvoir épouvanter qui on veut. L'idée, c'est de découcher, c'est de pouvoir, comme le dit Salman Rushdie: «L'homme n'a pas de racines, il a des pieds et quand on a des pieds, on a la vocation à bouger». L'éloge du mouvement, c'est ce qui forme une communauté littéraire, entre toutes les langues.». Et de confier avec le sourire: «J'aime bien désarçonner, quand on m'attend ici, je sors par là. L'idée, par rapport aux pères, c'est d'être à la fois fidèle à cet héritage et d'interroger ce même héritage. Car, nous ne sommes pas juste des héritiers passifs qui consommons, de manière passive, de la matière intellectuelle. Celle-ci, il faut la travailler, la pétrir, la discuter, ainsi de suite. La tradition intellectuelle, c'est aussi la tradition du blasphème contre les aînés, d'une certaine manière. Car, il faut se maintenir constamment éveillés!»


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