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J'écris donc je suis!
«Terminus Babel» roman de Mustapha Benfodil
Publié dans L'Expression le 07 - 01 - 2024

C'est son cinquième roman publié aux éditions Barzakh. Après «Body wrinting, vie et mort de Karim Fatimi écrivain» (1986-2014), le voila qu'il récidive de plus belle, avec ce roman où l'auteur déverse tout son flot d'imagination féconde, entre fiction et réalité autobiographique.
Le narrateur de «Terminus Babel», le nouvel ouvrage de Mustapha Benfodil est... un livre «K'tab». Avec 3Oraison pour une étoile sauvage.» comme titre complet. K'tab Un être omniscient! «K'tab» a été abîmé par une lectrice maladroite, prénommée Aida. Au départ, il posait fièrement dans cette grande bibliothèque où l'on venait emprunter des livres, mais un jour, alors que souillé par du café et du jus, K'tab
(«livre» en arabe) est contraint de finir sa vie en se retrouvant condamné à être placé dans
« le magasin aveugle» mis au rebut, dans l'antichambre du pilon, avec ses compagnons d'infortune: le distingué Crapu (Critique de la Raison Pure, Emmanuel Kant), l'austère Traidez (Traité du désespoir, Sören Kierkegaard), mais aussi Cheqmenup (Chemins qui ne mènent nulle part, Heidegger), Totab (Totem et Tabou, Freud), Approuleche (À prendre ou à lécher, San-Antonio)... K'Tab sait tout sur l'écrivain qu'il a engendré, son géniteur, il connaît au moindre détail sa vie, ses problèmes, ses angoisses..Il est le témoin de sa vie intime partagée entre Hana sa femme et sa fille Lina, comme il connaît la vie de ce couple de personnages, principaux qui forme ce livre, à savoir Rachid et sa femme Nadia. Rachid aimait lui aussi écrire, en se confiant dans un journal intime mais il est frappé un jour par une voiture et meurt dans un accident...Kt'ab se morfond dans sa cellule «pilonesque».
Quand le livre se livre
Il soliloque, il dialogue avec ses semblables, les livres...Un jour, un artiste arrive et K'tab se voit rallonger sa sentence de vie de trois mois.
L'artiste en question aspire à concevoir un projet artistique des plus ambitieux, en développant une bibliothèque de Babel, «une créature alvéolaire»
dans laquelle seront disposés 960 livres. Les préparatifs de l'expo dureront trois mois, alors que l'expo, un mois, de quoi permettre à K'Tab et ses acolytes, de s éloigner pour un certain temps des atroces perspectives du pilon et de prolonger sa vie dans ce purgatoire introspectif.... K'tab va débattre avec ses frères voués comme lui au pilon, se remémorer les caresses de ses lecteurs et d'exhumer ainsi la mémoire de «L'Ecrivain», qui l'a mis au monde, et nous faire partager ses rêves les plus secrets, ses peurs les plus inavouées, ses malheureux souvenirs, ses stridentes appréhensions..bref! Son quotidien fait de stress et d'espoir, de désespoir et de bonheur éphémère....Au-delà de l'écriture sur le système industriel de la destruction des livres pour les recycler en nouveau papier, Mustapha Benfodil s'attelle surtout à nous parler de comment on arrive à épuiser la création littéraire, à l'étouffer et l'inspiration avec. De ces tentatives de musellement, l'écrivain et son miroir, l'artiste se régénèrent dans k'Tab par effet juxtaposé en dupliquant à l'infini cette passionnante envie d'écrire...
Les mots comme actes de survivance
D'ailleurs le maître mot de Mustapha Benfodil semble être la liberté dans tout ses états, liberté de dire, de transformer le langage, de le réinventer, le malaxer, le triturer l'incorporer dans un nouveau shéma artistique en faisant de la littérature une véritable prouesse de laboratoire d'expérimentation, de performance viatique qui lui permet paradoxalement de respirer, d'exister, lui qui semble courir comme un sprinter sur sa page blanche. En effet l'écriture de Mustapha Benfodil se veut fiévreuse, haletante, mystique, joueuse mais sérieuse, autant qu'elle est profondément poétique et protéiforme dans le sens, la création de néologisme, empruntant le sabir au langage commun..Mustapha Benfodil fait éclater les normes et le prêt à penser.
Les mots se dessinent avec art, se composent avec dextérité et les phrases crapahutent comme un feu d'artifice prêts à illuminer votre cerveau, à faire inonder d'étincelles votre esprit fatigué, tellement habitué aux romans linéaires.. Certes, cela peut paraître laborieux, perturbant la lecture mais au final, l' exercice n'en est plus qu jouissif si bien que Kt'ab est réincarné et ne meurt jamais alors que l'on pourrait se l'imaginer...Dépérir? S'épuiser? Non! Surtout lorsque l'écrivain se plait à jouer avec les lecteurs, à inventer des contraintes et créer du bruit autour du livre... Véritable célébration de l'écriture en ce qu'elle a de plus agressifet de féroce dans le sens noble du terme, Mustapha Benfodil rend tout aussi hommage à tous les grands auteurs qui furent assassinés et à toutes ces bibliothèques brûlées ou décimées sur l' autel de l'ignorance et de l'ignominie. à l'instar de la fameuse troisième langue du quatrième art, Mustapha Benfodil a trouvé sa langue spécifique, douée d'une couleur, d' un ton, d'une force inouïe et d'une sonorité, dont seul lui détient le secret.. «Terminus Babel» est une sorte de mise en abyme qui vous mènera à explorer les dédales de la singulière psyché de l'auteur, des plus paradoxales, autant qu'à savourer la splendeur épicée de son esthétisme langagier, éclaté, mais bien assumée. Notons que «Terminus Babel» est truffé de quelques extraits de livres chers à son auteur. Aussi, il explique dans la partie «remerciement» qu «une première version de ce roman a été écrite à Marseille sous le titre L'Antilivre, dans le cadre d'un « AEM», un atelier de l'Euro Méditerranée» qu'il a animé entre janvier et mai 2012 à l'occasion de l'événement Marseille Provence 2013-Capitale européenne de la culture.» Et d'ajouter: « Le projet, qui avait à la fois une dimension littéraire et plastique, avec une installation à la clé et des performances, s'est déroulé à l'espace Fernand-Pouillon, espace culturel de la bibliothèque Saint-Charles d'Aix-Marseille Université. «C'est la bibliothèque universitaire qui avait proposé de mettre à ma disposition ce matériau particulier appelé «pilon». Cela relevait d'un programme de résidences d'artistes intitulé «Les métamorphoses du livre» initié par le service commun de documentation (SCD) de l'université, et réalisé en collaboration avec «Marseille-Province 2013». Né en 1986 à Relizane, rappelons que Mustapha Benfodil est journaliste également. Il est l'auteur d'une oeuvre diverse: nouvelles, poemes et pièces de théâtre. Il a publié quatre précédents romans, tous parus aux éditions Barzakh: «Zarta!» (2000), Les Bavardages du seul (2004), Archéologie du chaos (amoureux) (2007) et Body writing. Vie et mort de Karim Fatimi, écrivain (1968-2014) (2018). Ses livres sont repris en France notamment par les éditions Macula.


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