Des milliers de familles palestiniennes ont quitté, mardi, plusieurs secteurs du sud de la bande de Ghaza, poussées sur les routes après un nouvel ordre d'évacuation de l'armée sioniste qui fait craindre une nouvelle opération militaire d'envergure contre la population civile. Environ 250 000 personnes, selon l'ONU, sont appelées à évacuer depuis, lundi, des secteurs de l'est de Rafah et de Khan Younès, contraintes de repartir en quête d'eau, de nourriture et d'abris à travers le territoire dévasté par près de neuf mois d'une agression barbare sioniste ciblant en priorité les femmes et les enfants. Mardi, par des températures avoisinant les 30 degrés, des familles déplacées partaient à pied, ou entassées dans des voitures et des remorques surchargées, au milieu des ruines poussiéreuses de Khan Younès, la plus grande ville du sud de la bande de Ghaza. Certains avaient dormi dehors, ne sachant où aller. Cet appel est «le plus important depuis octobre, quand les habitants du nord de Ghaza avaient reçu l'ordre d'évacuer» aux premiers jours de la guerre, a souligné le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), ajoutant que l'ordre émis, lundi, concernait un territoire de 117 km2, soit un tiers de la superficie de la bande de Ghaza. «Une évacuation à une échelle aussi massive ne fera qu'accroître les souffrances des civils et les besoins humanitaires», a averti l'Ocha. Des frappes aériennes, selon des témoins, ont visé Khan Younès, d'où l'armée sioniste s'était retirée, début avril, après une bataille de plusieurs mois. Des sources médicales ont fait état d'au moins 8 morts et une trentaine de blessées dans ce secteur. «Nous ne savions pas où aller et nous n'avons pas assez d'argent pour acheter une nouvelle tente», a témoigné Ahmed Al-Najjar, un homme de 26 ans habitant Bani Suheila, une des localités concernées. «Nous avons dû passer la nuit dans la rue et cela a augmenté notre stress. Ce matin, nous avons décidé de retourner à la maison», a-t-il ajouté. Israël n'a pas indiqué s'il y aurait une nouvelle opération d'envergure dans le sud de Ghaza mais ses ordres d'évacuation sont généralement un préambule à d'intenses combats. Au total, 1,9 million d'habitants de la bande de Ghaza sont à présent déplacés, soit 80% de la population, a déclaré, mardi, la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour le territoire, Sigrid Kaag, qui s'est dit «vivement préoccupée» par le nouvel ordre d'évacuation. Cet ordre a fait suite à des tirs de roquettes, lundi, vers Israël, revendiqués par le Jihad islamique, un groupe de résistance palestinien allié du Hamas. Après avoir agressé, depuis le nord la bande de Ghaza, l'armée sioniste a lancé, le 7 mai, une opération terrestre à Rafah, une ville frontalière avec l'Egypte. Mais ces dernières semaines, les combats ont repris avec intensité dans plusieurs régions que l'armée avait prétendu contrôler, notamment dans le nord. L'armée sioniste poursuit ses agressions à Choujaïya, dans le nord, dans le centre de la bande de Ghaza ainsi qu'à Rafah. L'agression barbare sioniste a fait jusqu'à présent 37 925 martyrs, en majorité des femmes et des enfants, selon des données du ministère de la Santé de Ghaza. Benjamin Netanyahu a réaffirmé, mardi, que la guerre se terminerait une fois tous les objectifs «atteints», «dont la destruction du Hamas et la libération de tous les otages». Réagissant à des déclarations anonymes reprises, selon lui, dans le journal américain New York Times, indiquant qu'Israël serait prêt à mettre un terme à la guerre sans avoir atteint ses objectifs, Netanyahu a assuré que cela «n'arriverait pas». «Nous ne succomberons pas aux sirènes du défaitisme», a-t-il dit, selon son bureau. Le chef d'état-major sioniste, le général Herzi Halevi, a reconnu qu'il s'agissait «d'une campagne longue», à laquelle «beaucoup de volonté, de patience et de persévérance permettraient d'apporter des résultats». La guerre criminelle a provoqué un désastre humanitaire dans le petit territoire assiégé, où l'eau et la nourriture manquent, où l'aide arrive en quantité insuffisante. «Les civils palestiniens de Ghaza sont plongés dans un abîme de souffrance. Leur vie est brisée», a déclaré, mardi, Sigrid Kaag. «La guerre n'a pas uniquement créé la plus profonde des crises humanitaires. Elle a déclenché un maelström de misère humaine», a ajouté la responsable de l'ONU.