À défaut d'occuper le poste de Premier ministre, comme il n'avait pas de le revendiquer tout au long du cessé scrutin des législatives anticipées, le chef du parti français d'extrême droite Rassemblement national (RN) Jordan Bardella présidera le nouveau groupe nationaliste «Patriotes pour l'Europe» initié par le Hongrois Viktor Orban au Parlement européen, où il sera la troisième force politique, ont affirmé hier des eurodéputés français et italiens. Ils se sont exprimés avant le début d'une réunion à Bruxelles consacrée à l'officialisation de ce nouveau groupe dans lequel vont figurer plusieurs partis de l'extrême droite européenne et qui devrait compter quelque 80 députés dont 30 issus du RN. Le président français Emmanuel Macron a écarté hier la démission du gouvernement Attal, chargé d'expédier les affaires courantes dans un contexte d'absence de majorité absolue au lendemain des législatives remportées par l'alliance de la gauche suivie du camp macroniste alors que l'extrême droite, largement distancée, est en troisième position. Le gouvernement Attal doit assurer « la stabilité du pays » surtout que la France va organiser dans moins de trois semaines les Jeux olympiques. Les tractations pour constituer une majorité et parvenir à la formation d'un gouvernement d'union entre le Nouveau Front populaire (NFP, gauche), le camp macroniste et une partie des Républicains hostiles à l'extrême droite ont déjà débuté mais il est certain que la principale difficulté va consister non pas dans le choix du programme, déjà tracé par le NFP en tant que force dominante, mais bien dans celui d'une personnalité capable de rassembler et de piloter un gouvernement issu de cette coalition disparate. Aucune des formations en présence, que ce soit le Nouveau Front populaire (NFP, gauche, autour de 190 sièges), le camp présidentiel (autour de 160 sièges), le RN et ses alliés (extrême droite, plus de 140 sièges) ne peuvent atteindre, seuls, la majorité absolue (289 députés). D'où l'impératif d'une coalition pour un pays qui redoute par-dessus tout l'aggravation de la situation économique et un déclin fatidique aussi bien pour la France que pour l'Union européenne dont elle demeure une locomotive essentielle, avec le partenaire allemand. En ce sens, a gauche a déjà enclenché les grandes manœuvres, selon Olivier Faure, chef de file du Parti socialiste. « Il faut que, dans la semaine, nous puissions être en mesure de présenter une candidature» pour Matignon, a-t-il exhorté, appelant ses alliés à un consensus ou un vote pour y parvenir. Du côté des écologistes, Marine Tondelier presse Emmanuel Macron d' « appeler aujourd'hui » le NFP à lui proposer un nom pour le poste de Premier ministre mais le chef de l'Etat a tout intérêt à jouer la montre, sachant que les forces engagées dans le NFP, depuis la gauche radicale de La France Insoumise aux écologistes, en passant par les socialistes et les communistes, il y a de nombreux désaccords toujours en suspens. En outre, le chef charismatique de LFI, Jean-Luc Mélenchon, a été si violemment diabolisé par le lobby et les médias sionistes pour son soutien exemplaire au peuple palestinien martyr que ses « alliés » du NFP partagent volontiers le « ni LFI ni le RN » d'Emmanuel Macron et de son camp, bien avant les deux tours des législatives. Du coup, LFI et Clémentine Autain ont appelé à proposer un Premier ministre qui ne sera ni François Hollande ni Jean-Luc Mélenchon. Les paris sont ouverts.