La macroniste Yaël Braun-Pivet a été réélue présidente de l'Assemblée nationale, la gauche, pourtant le principal groupe à la chambre basse française, voyant ses perspectives d'accéder au pouvoir s'éloigner à cause de profondes divisions. Le camp du président français Emmanuel Macron a perdu la majorité relative à l'Assemblée après sa décision de dissolution surprise à l'approche des JO, suivie de législatives qui ont divisé la chambre basse en trois blocs, tous loin de la majorité absolue. Il a fallu trois tours à la présidente sortante pour retrouver son fauteuil, grâce à une alliance scellée entre les députés du centre droit favorables au président Emmanuel Macron et ceux de la droite conservatrice qui a retiré son candidat Philippe Juvin. Après quasiment six heures de suspense, Mme Braun-Pivet est finalement créditée de 220 voix, contre 207 pour le communiste André Chassaigne, le candidat du Nouveau front populaire (gauche), et 141 pour Sébastien Chenu, qui représentait l'extrême droite. M. Chassaigne a dénoncé avec virulence un vote «volé» par une «alliance contre nature» entre la macronie et la droite, alors que la gauche est arrivée en tête au second tour des législatives. Sébastien Chenu dénonçant lui une «victoire des combines» entre Les Républicains (droite) et le camp Macron. La présidente des députés de gauche radicale (La France insoumise, LFI) Mathilde Panot s'était par avance indignée d'»un coup de force antidémocratique», puisque son camp s'était adjugé le plus grand nombre de députés aux législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet dernier, décidées par le président Macron. Un «statu quo» avec Yaël Braun-Pivet serait «irresponsable», avait abondé la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain. Mais un accord entre la droite traditionnelle, qui a retiré son candidat à la présidence de l'Assemblée, et la macronie a mis un terme aux espérances de la gauche. Le président Emmanuel Macron a félicité Yaël Braun-Pivet pour sa réélection, saluant sa «responsabilité républicaine». Tous ceux qui vous connaissent savent que vous veillerez au respect de la pluralité des opinions et à l'expression de la diversité des sensibilités», a déclaré sur X le chef de l'Etat. Le Nouveau Front populaire, une alliance des partis socialiste, communiste, écologiste et de LFI mise en place juste avant les législatives pour contrer une victoire annoncée de l'extrême droite, n'avait depuis dix jours cessé de faire étalage de ses divisions, au grand désespoir de ses soutiens. Si les quatre formations se sont mises d'accord sur un nom pour le perchoir, ils n'ont pas réussi pour l'heure à s'entendre sur l'identité d'un éventuel futur Premier ministre. Et l'alliance entre les macronistes et la droite pour la présidence de l'Assemblée pourrait sembler indiquer que leurs perspectives de gouverner s'éloignent. Jeudi, le Nouveau front populaire s'est trouvé aux prises d'un «tout sauf la gauche», a estimé une source macroniste. Mardi, M. Macron a accepté la démission du gouvernement du Premier ministre Gabriel Attal, alors que la France aborde la période sensible de l'accueil des Jeux Olympiques qui démarrent le 26 juillet, puis des Paralympiques. Ce gouvernement démissionnaire reste cependant «en charge des affaires courantes», avec un rôle politique limité, vraisemblablement pendant plusieurs semaines, jusqu'à la nomination d'un nouveau gouvernement. Au-delà de la présidence de l'Assemblée, c'est l'ensemble du paysage politique qui peine à se décanter dix jours après les législatives. Les députés s'attaquaient hier à la répartition des autres postes-clés. Avec des visions divergentes qui laissent augurer de vives tensions autour des places laissées au RN. Les présidents des groupes parlementaires avaient rendez-vous hier pour tenter de s'accorder sur une répartition des postes de six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires, qui forment avec la présidente de l'Assemblée le Bureau de la chambre basse, sa plus haute instance exécutive.