Au lendemain de la mort de Yahia Sinouar, tous ses ennemis se sont mis à se frotter les mains, en répétant à l'envi que «maintenant, l'accord sur les prisonniers sionistes est devenu possible». Américains, Israéliens et alliés ont tous dit, en choeur, que le principal handicap de l'accord venait de sauter tout en sachant, sans le prononcer, qui empêchait les accords d'être finalisés pendant une longue année de génocide. Depuis deux jours, il y a eu un retour de manivelle qui a mis sens dessus-dessous les services de renseignements et politiques dans une anarchie totale. La raison serait la divulgation de «dossiers secrets touchant à la sûreté de l'Etat». Cette gaffe est suivie aussitôt d'arrestations de personnel du cabinet de Netanyahu. Les médias locaux parlent d'intervention d'agents voilés dans les maisons des suspects, avant de les mettre en état d'arrestation. Parmi les quatre suspects, il y a Itaï Tchin, un proche collaborateur de Netanyahu, qui travaillait étroitement avec lui depuis un an et demi, qui avait le feu vert de se prononcer en son nom quand Netanyahu divulguait des informations orientées, tout en gardant l'anonymat. Les trois autres seraient des agents des services des renseignements. Mais le plus impressionnant dans l'affaire est que les deux services de renseignement, Mossad et Shabak, plus armée, sont intervenus très vite, en arrêtant les suspects, sans prendre de précautions. Le même jour, ils lui ont interdit de se rendre Matalla, au sud Liban, où il y aurait eu une explosion 20 minutes seulement après son retour. Les familles des détenus sionistes ont aussitôt réagi, en disant: «L'acte de Netanyahu touche la sécurité de l'Etat et des prisonniers.» Mais mieux: «Il s'agit de la plus grande manipulation d'Etat.» Ils accusent Netanyahu d'agir ainsi pour ses propres intérêts. Il y a quelque temps, il disait que le Hamas travaillait pour faire sortir les prisonniers sionistes par les tunnels de Philadelphie. Puis il a pris position sur cette bande, sous contrôle égyptien, pour en faire sa chasse gardée, sans se soucier de la réaction du voisin qui n'a pas réagi comme il le fallait. De quoi s'agit-il au fait? Depuis deux ou trois jours, les médias israéliens ont fait état de divulgation de dossiers secrets. Aussitôt dit, des remous extraordinaires ont eu lieu dans les milieux militaires, politiques et des services de renseignement suivis d'arrestations et de déclarations tonitruantes des familles des victimes, d'anciens responsables et de l'opposition. Deux figures de l'opposition, Lapid et Ganetz, ont tenu une conférence commune et dit: «Il s'agit d'affaire juteuse avec les secrets d'Etat.» Ils ont accusé en premier lieu Netanyahu parce que le principal accusé travaille étroitement avec lui et il lui arrivait de faire des déclarations en son nom. Cette fois-ci, il aurait dit: «Sinouar était entouré de 20 prisonniers à Ghaza, qu'il voulait déplacer avec lui hors de Ghaza, par Philadelphie, pour que les accords ne se réalisent jamais avec Israël.» Il s'agit bien sûr d'une grosse manipulation qui permettrait à Netanyahu de laver son linge sale dans le sang d'une personne morte en martyr. Car tout le monde sait que Netanyahu a toujours travaillé pour casser toute proposition d'accord, depuis le premier jour du conflit à Ghaza puis, plus tard, au Liban. Les familles des otages qui connaissent mieux que quiconque les dessous du dossier ont rappelé que même sa femme leur avait dit que le dossier des prisonniers sionistes «comptait peu», dans cette guerre. Puis Netanyahu avait sorti son film sur Sinouar et demandé à ses collaborateurs de faire le reste. Mais tous savent que Netanyahu tenait au prolongement de la guerre pour rester au pouvoir, en reportant à chaque fois ses procès pour dilapidation de deniers publics. Sa femme est autant accusée d'utilisation de fonds publics pour son compte personnel. Il sait qu'une fois l'état d'urgence levé en raison de la guerre, il y aura des élections anticipées puis le début de sa fin, quand commencera son procès et celui des siens. Maintenant, il a une autre guerre avec le Liban, qui lui permettrait de rester puis une autre avec l'Iran et, pourquoi, pas avec le diable. Ses protecteurs, quel que soit le candidat qui sera élu dans peu de jours aux Etats-Unis, ils sont, et seront, complices même s'ils n'apprécient pas son comportement. Le rôle que joue, par exemple, un Mark Zuckenberg dans le financement de Trump ne diffère en rien de ceux de sa concurrente Harris; ils obéissent tous aux mêmes principes: sécurité d'Israël prime sur tout.