Le président Emmanuel Macron a pris acte, jeudi, de la démission de son Premier ministre au lendemain d'une censure historique, et menait des consultations avant de s'adresser dans la soirée aux Français. Cette allocution télévisée était attendue alors que la France se retrouve une nouvelle fois sans gouvernement, dans un contexte budgétaire alarmant et une atmosphère de crise politique. Michel Barnier, devenu, mercredi, le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République après avoir été censuré par une majorité de députés trois mois seulement après sa prise de fonctions, a été reçu pendant une heure à l'Elysée jeudi matin. Emmanuel Macron a «pris acte» de sa démission, a indiqué l'Elysée, précisant que Michel Barnier assurait avec son équipe «le traitement des affaires courantes jusqu'à la nomination d'un nouveau gouvernement». Quand sera nommé son successeur? Emmanuel Macron a déjeuné à l'Elysée avec le dirigeant du parti centriste Modem, François Bayrou, dont le nom circule pour prendre la succession de Barnier, a-t-on appris de source proche. L'entourage du Président ne fournit à ce stade aucun calendrier, mais plusieurs de ses familiers ont confié qu'il entendait cette fois agir vite, et peut-être annoncer un nouveau Premier ministre dès jeudi soir. Les marchés restaient en revanche calmes: la Bourse de Paris était en légère hausse et, loin de s'envoler, le taux auquel la France emprunte sur les marchés était même orienté à la baisse. Mais l'agence Moody's prévient que la chute du gouvernement «réduit la probabilité d'une consolidation» des finances publiques. C'est que l'équation de la formation d'un nouveau gouvernement s'annonce tout aussi complexe qu'elle l'a été pour nommer Michel Barnier. Si la chute de Michel Barnier était perçue comme une «mort annoncée», la presse française s'inquiète, jeudi, des «temps inconnus qui se profilent». Tout comme la presse européenne, qui souligne le «chaos» et l'«incertitude» dans lesquels s'enfonce la France. La situation laisse les Français partagés: 53% approuvent la décision des députés, mais 82% sont inquiets de ses conséquences, selon un sondage Toluna Harris Interactive pour RTL. La situation budgétaire de la deuxième économie de la zone euro requiert un Exécutif rapidement. Attendu à 6,1% du PIB en 2024, le déficit public ratera son objectif de 5% en l'absence de budget.