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Les fruits «pourris» du printemps arabe
La rébellion a fait tomber El-Assad
Publié dans L'Expression le 10 - 12 - 2024

De toutes les révolutions qui ont marqué le printemps arabe depuis 2011, celle de la Syrie est, certes, la plus déroutante. Souvenons-nous quand Benali avait quitté Tunis, le 14 janvier, après l'immolation du jeune marchand ambulant au sud de la Tunisie qui a mis le feu aux poudres. Souvenons-nous comment le monde arabe s'était enflammé, de Tunisie à Bahreïn, en quelques jours. Souvenons-nous des massacres de Place Tahrir par les baltaguia puis la chute de Moubarak au Caire. Souvenons-nous de février de la même année, quand le feu a pris à Tripoli et comment Kadhafi fut frappé dans le dos par les siens pour céder la place au chaos. Souvenons-nous, enfin, des scènes des Chabihas de Damas, ces bêtes cruelles qui agissaient comme des sionistes en vous mettant le canon du pistolet dans la bouche avant d'appuyer sur la gâchette ou quand ils tiraient à bout portant sur les manifestants ou quand il violaient les filles... ou au Yémen quand ils ont chassé Salah ou, enfin, au Bahreïn quand le prince de Manama fut sauvé par les chars d'Arabie saoudite.
Celle de la Syrie fut la plus déroutante parce qu'elle a duré treize longues années, pendant lesquelles le peuple s'était totalement éloigné du régime de Damas. Mais, pendant l'accalmie de 2016 à 2024, le pouvoir qui avait le loisir de se rapprocher de son peuple pour le rassurer ne l'a pas fait. Cette faille a ouvert la brèche à une révolte dirigée, cette fois-ci, par un mouvement qui est sorti des entrailles des extrémistes pour en donner une révolte soft, aux apparences démocratiques. L'animosité du peuple envers ses autorités a beaucoup aidé Al-Jolani qui a su exploiter cette faille en prenant à son compte leurs revendications pour réussir son coup. D'où un tas de questions qui restent sans réponses. Le prix de cette révolte n'a pas été coûteux: 910 morts dont 138 civils, du 27 novembre au 8 décembre. Cela équivaut aux tueries israéliennes de trois jours seulement à Ghaza. Mais le résultat est immense: Bachar el-Assad a pris la fuite avec les siens vers Moscou, les statues de son père Hafedh el-Assad ont été déboulonnées, les femmes et leurs enfants emprisonnés ont été libérées. Les bâtiments des Chabihas et police ont été brûlés et les gens ont dansé dans les rues jusqu'à la tombée de la nuit, jusqu'à ce que les «révolutionnaires» instaurent l'état de siège et le couvre-feu.
Certes, ces derniers ont pris sur leur compte les revendications du peuple qui se résument à une seule: faire tomber El-Assad. C'est désormais fait. De quoi sera fait l'avenir? Quelle couleur va prendre le nouveau régime? Qui est ce nouveau pouvoir? Un tas de questions se posent. Qui est la tête pensante du mouvement? Qui est derrière? Où a-t-il trouvé les armes pour faire une révolution de cette ampleur, etc.
Ahmed Hussein Echar'a, alias Abou Mohamed al-Joulani, chef de Harakat Tahrir Sham (HTS), est né dans une famille aisée à Damas en 1982 mais originaire du Golan, d'où son attachement à ses origines, en se choisissant un pseudo du terroir. Son père fut chassé du Golan après son invasion par Israël en 1967. Mais depuis qu'il a tenu son premier discours à la mosquée Oumawi, dimanche, à Damas, son physique est connu: haut de taille, un peu maigrichon, les yeux perçants, barbe noire hirsute; il n'a pas encore renoué avec les discours politiques classiques. Il tient un langage simple, en insistant sur son attachement au peuple et à son salut, sans connotation politique. Après l'invasion de l'Irak en 2003 par Bush junior, il partit combattre aux côtés de Zarkaoui d'Al Qaida, avant d'être pris et emprisonné pendant cinq ans. Il revient à Damas en 2011 et crée le Front Nosra qui deviendra HTS. En rupture de ban avec El Baghdadi, chef suprême de Daech, il rejoint Al Zawahiri (l'Egyptien Al Qaida). En rupture encore une fois avec Al Qaida en 2016, il s'oriente vers plus de modération. En 2017, il fait fusion du HTS où l'on trouve un peu de tout. Depuis, il essaie de montrer un visage de tolérant envers les chrétiens à Idlib. Il a dû comprendre que la voie de la radicalité ne mènera nulle part.
Et voilà, depuis 24 heures, on assiste à une prise du Palais présidentiel de Damas, comme un remake de ce qui s'est fait au début du mandat de Biden par les Talibans à Kaboul. D'où la question de ce quoi sera fait demain en Syrie. Revenons aux faits, depuis le 27 novembre, quand les choses se sont mises à bouger, dans les villes des deux grands poètes de tous les temps, Abou Temmam et Bouhtouri, les yeux se sont braqués sur HTS, ce mouvement qui sort du néant. Surarmé, avec des soldats barbus, en tenues militaires, excités mais avec de la retenue, parce qu'ils savent que le peuple syrien est prêt pour le changement, quitte à trinquer avec le diable; ils sont entrés dans son jeu. Les Etats-Unis, eux, disent ne pas entrer dans ce jeu parce que ce pays n'a jamais figuré parmi leurs alliés. Mais ils ont une base militaire en Syrie. La Russie et l'Iran, par contre, en sont de véritables alliés et ne veulent en aucune manière perdre Damas.
La Turquie, qui a une partie de la population kurde en Syrie, ne veut à aucun prix les voir retourner pour lui causer de nouvelles intrigues. Qu'en est-il d'Israël dont le souci majeur est de casser l'Iran et ses alliés et empêcher les armes de passer au Hizbollah par la Syrie. Pendant la semaine de révolte de HTS, des sources autorisées israéliennes ont dit: «Nous avons des actions connues en Syrie et d'autres secrètes.» Cela voudrait-il dire que Tel-Aviv aurait bougé pour donner le coup de pouce pour remplacer le régime honni par un autre plus soumis? Rien ne le prouve. Les actions d'Israël aux frontières et les tentatives d'intimider le nouveau pouvoir sont visibles à l'oeil nu, en attendant la suite.
De manière générale, les grands bénéficiaires de ce changement sont les Etats-Unis et Israël qui veulent détruire à la fois un allié de Moscou et de Téhéran. Le chef d'état-major Halevy a dit, tout bêtement, qu'Israël a ouvert un quatrième front en Syrie. Il est très vite rappelé à l'ordre par ses chefs politiques parce qu'il s'est visiblement gouré. Israël ne veut pas, et ne peut pas, ouvrir un nouveau front. En jouant dans le restreint du restreint, en fermant la porte aux généraux, Netanyahu les a mis dans le brouillard, au point où ces derniers semblent avoir perdu le sens de l'orientation, en perdant la partie sur tous les fronts. Mais l'autre énigme concerne les deux alliés du régime de Damas qui n'ont rien fait pour le sauver, à savoir l'Iran et la Russie. Ont-ils été affaiblis à ce point par les guéguerres d'Israël et Ukraine pour ne pas pouvoir rien faire pour sauver ce qu'ils pouvaient sauver?
La «révolution» du HTS n'est qu'à son début. Prendra-t-elle le chemin de la Libye ou de la Tunisie? Rien ne permet de pronostiquer sur son orientation, tant que ses animateurs n'ont pas encore montré les indicateurs de leur politique. Ils seront soumis à une forte pression, interne et externe, parce que le peuple attend un bol d'air qui sera suivi par un nouveau départ pour ériger une nation forte, riche et influente dans une région très convoitée. Pour l'heure, il y a eu deux actes majeurs: la chute de l'ancien régime et la libération des femmes des geôles implantées dans les sous-sols.


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