La bataille pour l'indépendance maritime se joue sur plusieurs fronts, avec une volonté claire de réduire la dépendance des armateurs étrangers et de renforcer l'autonomie du pays dans le secteur du transport maritime. La « guerre » marquera une nouvelle étape, avec l'acquisition prochaine de trois nouveaux navires de grande taille par le Groupe algérien de transport maritime (Gatma). Le Groupe entend renforcer sa position dans ce domaine, en enrichissant sa flotte, par l'acquisition de deux gros navires vraquiers d'une capacités de 50 000 à 65 000 tonnes, tandis que le troisième bateau est un porte-containers. Ce dernier est doté d'une capacité de transporter jusqu'à 2000 unités. « L'échéance de la finalisation de l'opération d'acquisition de ces trois navires a été fixée avant la fin de l'année 2025, selon le P-DG de Gatma. « Ils permettront de répondre à la stratégie d'exportation hors hydrocarbures, notamment pour assurer des dessertes sur les lignes maritimes de l'Afrique de l'Ouest », a souligné le même responsable. Le Groupe maritime envisage aussi de finaliser l'opération de réhabilitation et de remise à niveau de six anciens navires de sa flotte composée actuellement de 12 bâtiments. L'opération est en phase de finalisation, et le premier navire réhabilité entamera aussitôt la navigation maritime dans le cadre d'un voyage technique pour effectuer sa dernière révision de conformité aux nouvelles normes internationales environnementales. Cela en plus de la mise en service des cinq autres navires concernés par la restauration. « Le Groupe les mettra en exploitation le 30 juin prochain », a précisé le P-DG. Le Groupe disposera de 21 navires au lieu de 12. Un objectif ambitieux qui répond à la stratégie nationale d'exportation hors hydrocarbures, tout en optimisant les coûts de transport et réduisant la dépendance des armateurs étrangers. Ces acquisitions vont également permettre de faciliter l'intégration de l'Algérie dans les chaînes logistiques mondiales, tout en assurant une meilleure compétitivité aux exportations algériennes. Il faut savoir, en effet, que les entreprises étrangères dominent largement le marché du transport maritime de marchandises en Algérie, avec une part dépassant 95 %. La cherté de la rémunération maritime est l'une des causes de l'inflation. À titre d'exemple, le français CMA CGM impose des coûts deux fois plus élevés à l'Algérie, par rapport à la Tunisie et au Maroc. Des écarts considérables en défaveur des clients algériens sont appliqués, relativement aux opérateurs du voisinage. L'extension de la flotte algérienne vise à réduire les coûts de transport et à rendre les exportations algériennes plus compétitives sur le marché mondial. Cette surtaxation est entrée en vigueur le 1 er décembre dernier. Les tarifs du transport d'un conteneur complet (roll, full) entre la France et l'Algérie ont atteint 1 102 euros, contre 596 et 462 pour le Maroc et la Tunisie. Le coût élevé du fret maritime est le cancer qui ronge nos devises, et cela ne date pas d'hier. L'arrivée de la pandémie de Covid-19 avait ajouté « un stress supplémentaire » aux chaînes logistiques mondiales et à celles du pays, exacerbant encore plus les déséquilibres économiques liés au transport maritime. La hausse des prix du fret maritime freine également la compétitivité des exportations algériennes et l'efficacité des échanges commerciaux. Par l'acquisition des nouveau navires, le pays espère ainsi exercer sa souveraineté maritime et réduire progressivement sa dépendance vis-à-vis des armateurs étrangers, dans le cadre d'une stratégie nationale visant à augmenter les exportations non pétrolières et à stimuler la croissance économique. Nos exportations hors hydrocarbures, notamment dans des secteurs tels que l'agriculture et les industries manufacturières, bénéficieront directement de cette évolution. Avec des coûts de transport plus compétitifs, les produits algériens seront mieux positionnés sur les marchés mondiaux, contribuant ainsi à une augmentation des recettes en devises et à un développement durable du secteur. Ce combat pour l'indépendance maritime n'est pas seulement une question de renforcement de la flotte. Le renforcement des capacités logistiques apparaît, en premier lieu, dans le Plan d'action 2024 –2029 du gouvernement qui travaille selon les instructions du Président pour porter les exportations hors hydrocarbures, à l'horizon 2030, à plus de 30 milliards de dollars. L'accroissement touche le domaine maritime et portuaire, ainsi que la création de grands ports de transbordement, afin de permettre à l'Algérie de devenir la principale façade commerciale du sud de la Méditerranée et la porte d'entrée incontournable du marché africain. C'est dans cette optique que s'inscrivent les projets d'extension des ports de Djen Djen et d'Annaba.